34. Alain. Un exemple de rémission
spontanée de sida
“Quelles que soient les galères
que l’on vive, des choses magiques en naissent. ” Alain.
Développez votre détermination à vous
réaliser.
Je connais Alain depuis une vingtaine d'années.
Au fil du temps, il est devenu un ami et un guide dans le domaine
qui me passionne. Son histoire en dit long sur son caractère
peu commun. Meurtri par un climat familial pénible, alors
qu’il vient d’avoir vingt-deux ans, Alain pense de
plus en plus au suicide. Cette pensée tenace ne se sépare
plus de lui.
Un seul espoir le maintient en vie : il veut
découvrir le monde par ses propres moyens. Sur un coup
de tête, il saisit quelques cartes, prépare un balluchon
d'affaires, enfourche son vélo et quitte son village natal
de Haute Savoie. Armé de sa ténacité et
de son courage, il avance sur le chemin de l'aventure de sa vie.
Il parcourt les montagnes, avec un objectif
fou et sublime qu'il ne pourra réaliser que grâce à une
extraordinaire détermination. Le col du Simplon qui surplombe
l'Italie est la proie d'une tempête de neige. La progression
devient éreintante, prélude à une dangereuse
descente sur les routes verglacées. L'Italie accueille
Alain frigorifié, trempé et exténué.
Les quelques mille francs qu'il emporte pour son voyage y seront
dépensés en hôtel et en nourriture.
Chaque jour, il pédale au moins cinq
heures. Des habitants l’accueillent, lui offrent l'hospitalité,
un quignon de pain, un fruit. Certains prennent le temps de faire
sa connaissance, l'hébergent plusieurs jours, reculant
le moment de son départ.
Mais toujours, Alain reprend son chemin, affronte
la solitude et la faim. Il dort dans sa petite tente et se nourrit
la plupart du temps de pain, de fruits et de sucre. Ce régime
alimentaire allié aux efforts du cycliste l’amaigrissent
considérablement, l'endurcissent aussi dans sa volonté de
réussir. La carence nutritionnelle et cet exercice quotidien
font apparaître des plaies sur son corps. Des plaies qui
ne cicatrisent pas.
La mer Adriatique paraît. Avec elle les
poissons qu'Alain pêche et qui rajoutent un élément
essentiel à son ordinaire. Sa santé s'améliore.
Il longe le bord de mer, traverse la Yougoslavie jusqu'à Dubrovnik
en se nourrissant du produit de sa pêche. À l'époque,
le camping sauvage était fortement déconseillé en
Yougoslavie.
Les montagnes du Monténégro l'attendent,
préludes à de sombres moments. Dans les premiers
villages, les enfants lui jettent des pierres. Personne ne souhaite
qu'il s'y attarde. On le chasse de partout. Le doute et le découragement
l'assaillent mais il concentre son énergie sur son objectif
et poursuit sa route, inlassablement.
La Macédoine, enfin, lui réserve
un meilleur accueil. On lui offre des melons, des pastèques,
une grange pour passer la nuit. Un grand-père, croisé à la
frontière grecque, l’invite chez son petit-fils.
Il s'y lie d’amitié éphémère
et son chemin se poursuit jusqu'à Thessalonique, poussé par
un vent bienveillant. Un vieil homme lui offre l'hospitalité.
Celui-ci ne parle ni français, ni anglais mais un contact
d'une rare qualité s'instaure et donne naissance à une
grande amitié spontanée. La route pourtant est
longue encore et avec elle l'hiver qui s'achemine. La mort dans
l'âme, Alain affronte la montagne et les intempéries,
toujours plus seul dans la tempête.
Les épreuves endurées donnent
plus de force encore à l'énergie qui le pousse
en avant. La traversée de la Turquie est épuisante
et il parvient à Istanbul complètement carencé.
Les produits de sa pêche l'aideront à survivre grâce
au troc contre d'autres aliments. En quelques occasions, le matériel
de peinture qu'il a emporté lui permet de réaliser
la devanture d'un magasin, en échange d'un peu d'argent
ou de nourriture.
Près du Bosphore, il se lie d'une amitié intense,
s'initie à la culture turque, puis repart encore. Meilleurs
sont les moments et plus les séparations deviennent douloureuses.
Malgré tout, Alain avance, presque désemparé parfois, à la
découverte du destin qui l'attend sur son chemin. Parfois,
les pires insultes incompréhensibles se mêlent aux
jets de pierres qui le blessent. Proche du renoncement, meurtri,
carencé par trop peu de nourriture et d'amour, Alain dépérit,
souvent songe avec doute à ce projet fou qui risque de
lui coûter la vie. Il se demande pourquoi il n'est pas
resté en France, à mener une vie confortable avec
un emploi ordinaire, un appartement, des amis fidèles.
Son périple doit pourtant se poursuivre.
Il le veut, de toutes ses forces. Au milieu des steppes, des
villages iraniens se montrent hospitaliers, curieux de le connaître,
d'échanger. D'autres s'avèrent agressifs et dangereux
et il croise la mort au détour de plus d'une rue. Sa flûte
en osier est saisie par un colosse insultant. Elle vole en éclats
entre ses mains, sur son genou. Le village fait cercle autour
de la victime, l'empêchant de s'échapper. Le colosse
le défie en combat singulier. Plongeant au pied de la
foule, Alain parvient in extremis à s’enfuir sur
son vélo.
Chaque souffrance physique mais aussi psychologique
se grave en lui comme chaque moment d'espoir ou d'amitié.
Les premières l'affaiblissent, lui donnent envie de baisser
les bras, de tout abandonner, les seconds ressuscitent en lui
le désir de vivre et de partager. De poursuivre sa route
toujours plus loin. Découvrir de nouveaux paysages et
de nouveaux visages, de l'aube au crépuscule.
A Téhéran c'est un nouvel hiver.
La révolution fait rage. Les balles sifflent. Des rafales
de mitraillettes ponctuent de trop longs silences. De ces silences
percés par les pleurs. A l'ambassade de France où vient
se réfugier un opposant, les balles déchirent les
vitres et s'écrasent sur le mur. Il ne fait pas bon s'attarder
en ce pays troublé.
Un choix s'impose alors pour accéder
enfin à l'objectif si convoité. Deux possibilités
: traverser l’Afghanistan où règne une tension
qui va se métamorphoser en invasion soviétique.
Ou passer par le Pakistan dans lequel la situation politique,
religieuse et ethnique est explosive. Alain opte pour le Pakistan
bien que le sachant secoué par la violence. Dans ce pays
blessé, on tente de l'agresser, le voler, le violer. A
chaque fois, il esquive, se dérobe, avec le minimum de
violence comme un sage guerrier.
Il poursuit son voyage, tenace, accroché à son
rêve qui apparaît au loin. L'Inde qu'il convoitait
se dresse devant lui au terme d'un périple de trois ans.
Il retrouve ce pays qui l'a fasciné lors de deux précédents
voyages. Son pari est gagné lorsqu'il arrive en vélo à New
Delhi. Vous l'aurez compris, Alain est une personne peu ordinaire.
Sa détermination est à l'image de son exploit et
c'est à mon sens cette essentielle qualité qui
lui a permis de vaincre toutes les autres difficultés
qui ont semé son destin à venir.
De retour à Paris en 1990, à l’âge
de trente-trois ans, après avoir voyagé et profité de
la vie, parfois avec excès, toujours avec intensité,
Alain vit tout un ensemble de symptômes inquiétants
s'abattre sur son corps en hordes barbares et incontrôlées,
jour après jour plus terribles.
Il souffrit d'étourdissements, de vertiges
dont les paroxysmes lui faisaient perdre connaissance. En quelques
semaines, il perdit l'appétit et un poids important ;
vit sa peau se couvrir de rougeurs puis de plaques purulentes
dont la démangeaison insupportable lui arrachait des cris
de douleurs. Son cœur battait parfois la chamade, sa tension
augmentait ou baissait sans raison. A cela s'ajoutaient des troubles
intestinaux sévères, des douleurs diverses et inexpliquées
ainsi qu'une forte fièvre.
Certains jours une faiblesse extrême
le maintenait alité, d'autres nuits le sommeil se refusait à lui.
Les examens médicaux qu'il réalisa montrèrent
qu'il était atteint d’hépatite C et de sida à un
stade déjà fort avancé.
Le virus d'immunodéficience humaine
(VIH) s'installe au coeur des défenses immunitaires dans
certains globules blancs ; précisément dans le
lymphocyte T4, où il se reproduit puis extermine son hôte.
Ainsi dans la phase de sida que connaissait Alain, cette population était
passée de 1000 à 214 au mm3. Il fut aussitôt
hospitalisé et son médecin utilisa les traitements
les plus incisifs pour remédier à son mal.
Malgré ces tentatives, de nouveaux symptômes
apparaissaient chaque jour. Sa santé se détériora
progressivement. Alain m'apprit son diagnostic quelques mois
après. La conviction qu'il avait de mourir très
prochainement lui donnait une certaine sérénité.
Autour de lui beaucoup d'amis étaient morts depuis longtemps
et il s'acheminait presque tranquillement, comme résolu,
sur le chemin de son dernier voyage.
Lorsqu'il me dépeignit cette perspective,
je lui offris une séance d'hypnothérapie afin de le soulager
de ses souffrances. Il déclina poliment mon offre. Il
voulait s'en sortir seul, comme toujours. Son état continuait
d'empirer. J’insistais. "On verra plus tard" me
dit-il. Il se laissait ronger impuissant par son mal.
Toutefois, au mois de juin 92, alors au seuil
de la mort, comprenant que la médecine était tout
aussi impuissante que lui, il finit par accepter ma proposition.
Nous parlâmes longuement de la cohorte impressionnante
de symptômes qu'il endurait chaque jour. Il me dit son
désir de baisser les bras et de s'éteindre rapidement
sans trop de souffrance. Il me parla de sa mauvaise relation
avec son médecin qui le considérait comme un numéro,
un cobaye sans âme tout juste bon à tester tel médicament
ou tel autre traitement. Aucun ne s'était montré efficace
et il sentait que le spécialiste n'avait plus aucun espoir,
qu'il se détournait de lui.
Je lui recommandai vivement d'en changer et
lui dit à quel point une bonne relation avec le soignant
est déterminante. Je lui parlai aussi de la recherche
sur l'hypnose et le cancer, de l'espoir quelle suscitait et qui
pouvait se transformer en rémissions spontanées.
Son visage s'éclaira d'une lueur d’intérêt.
Je passai en revue les personnes condamnées par les médecins
mais dont la façon de considérer la maladie et
la vie s'était soudain modifiée et avait entraîné une
guérison inexplicable. Oscillant entre le scepticisme
et la curiosité, Alain accepta de faire l'apprentissage
de l'auto-hypnose. J’enregistrais la séance comme à mon
habitude et nous partîmes ensemble dans un voyage au cœur
des ressources de son inconscient.
A notre retour, Alain me dit avec un sourire à quel
point cette technique était proche des séances
de méditation qu'il pratiquait régulièrement à une époque
lointaine. Il se sentait étrangement mieux, bien détendu
et comme rasséréné d'avoir retrouvé des
souvenirs oubliés de son enfance ; notamment le plaisir
enfantin de jouer et de s'amuser des petits riens de l'existence.
J'invitai Alain à pratiquer régulièrement
cette technique ; à chercher dans sa mémoire les
souvenirs heureux de sa vie, s'emplir des émotions positives
qu'ils contenaient.
Nous nous retrouvâmes une semaine après
pour une deuxième séance. Alain se sentait beaucoup
mieux. Son visage s'était éclairé d'une
vitalité nouvelle. Il m'apprit qu'il avait congédié son
médecin avec un immense plaisir. Il avait également
arrêté tous ses traitements. J’insistais sur
la nécessité de trouver un nouveau médecin
et de poursuivre ses traitements de façon à utiliser
toutes les chances qui lui étaient offertes d'améliorer
sa situation. Alain, sans me le promettre, me dit qu'il y réfléchirait.
Il évoqua ses séances qui lui faisaient le plus
grand bien.
Un souvenir en particulier s'est avéré précieux.
Lors de l'un de ses voyages dans la jungle indienne, au détour
d'un chemin, il découvre un magnifique temple hindouiste
en ruine que la végétation luxuriante avait presque
entièrement dévoré. La splendeur de l'architecture
et des monumentaux bas-reliefs est rehaussée par l'étonnante
vivacité de la nature qui s'agrippe et s'unit au bâtiment
dans une profonde étreinte. Une étreinte qui évoque
l’enlacement intime de la vie avec la mort, la mort avec
la vie ; unis, inséparables et complémentaires,
dans la spirale de l'évolution. Il s'assied sur une pierre
et contemple la progression de la végétation que
rien ne semble pouvoir arrêter. Devant ce spectacle étonnant,
Alain connaît un moment de bonheur extraordinaire, une
expérience mystique. Il se sent lui aussi uni au monde,
au temps et à l'espace par un indestructible lien, comme
si chaque particule de son être fraternisait avec celles
de l'univers tout entier ; il réalise qu'il ne fait qu'un
avec le cosmos et que toute cette vie bouillonnante lui donne
naissance chaque jour pour qu'il y participe. Chaque chose est à sa
place dans l'équilibre de l'existence. Comme touché par
une grâce divine, il connaît un état proche
de l'extase, un plaisir infini à se sentir vivant, vibrant
de la même énergie que ce qui l'entoure.
Ce magnifique souvenir, si riche en perspectives,
constitua la base de notre seconde séance d'hypnose. Alain
en ressortit transformé et empli de la même énergie
vitale que celle qu'il avait vécue alors. Il se sentait
remarquablement bien, fort, déterminé et dynamique.
Il était à nouveau en harmonie avec lui-même
et avec le monde, oxygéné par une énergie
de vie indestructible. Alain disparut alors pendant de longs
mois. Inquiet, je tentai de le contacter, ce qui s'avérait
difficile car il refusait d'avoir le téléphone.
Au mois d'octobre, j'eus la surprise de recevoir
de ses nouvelles. Alain se battait armé de sa seule détermination
contre sa maladie. Il refusait les traitements malgré toutes
mes recommandations. Par contre, il pratiquait l'auto-hypnose
environ deux heures chaque jour, et observait qu'après
ses séances certains de ses symptômes finissaient
par céder et même parfois disparaître tout à fait.
Alain effectuait ses exercices avec régularité et
discipline.
Lors d'exercices de visualisation,
des images s'étaient imposées à lui. Il
s'imaginait comme un grand chêne, prenait conscience
de la sève qui coulait en lui dans la moindre feuille,
dans la plus petite radicelle. Cette sève représentait
tout à la fois un élément nutritif, vital
pour le grand arbre et un poison destructeur pour tout ce qui était étranger à son être
et sa santé.
Un an après le début de ses séances,
Alain avait réussi à contrôler l’occurrence
des symptômes. Sans aucun traitement médical, ses
T4 était remontés à 738. Ses malaises divers
commençaient à s'estomper. En fait, par le biais
d'une vigilance nouvelle, il repérait ce qui pouvait devenir
pour lui une frustration et s'en détournait. Les situations
problématiques et tout ce qui ne lui paraissait pas juste
constituaient l'occasion d'apprendre à vivre différemment.
Alain apprenait à respecter ses besoins, ses envies et
ses désirs. Sa qualité de vie s'améliora
de jour en jour.
Alain commençait à s'occuper
et à prendre soin de lui. Il élabora des projets
d'avenir ; d'abord à court et moyen terme. De petites
satisfactions qui enrichissaient son existence. Il se faisait
des cadeaux, profitait avec intensité de tous les bons
moments de la vie.
Deux ans après nos séances, il
profitait d'une bonne santé et son immunité ne
faisait que croître. Cependant, lorsqu'il n'était
pas en accord avec lui-même, lorsque sa route se détournait
de ses objectifs, un symptôme se profilait invariablement.
A chaque fois différent du précédent, un
indice, un signal d'alarme lui faisait comprendre qu'il ne respectait
pas ce qui lui était essentiel. Alors, il réfléchissait à la
situation.
Que s'était-il passé ? Quelles émotions
l'avaient assailli ? Quel vieux souvenir le hantait ?
Après s'être interrogé sur
ce qu'il avait vécu, Alain prenait la décision
qu'il jugeait profitable à son équilibre. Il s’aperçut
que la localisation de ses troubles physiologiques avait toujours
une correspondance avec son état psychologique. Des troubles
pulmonaires se manifestaient lorsqu'il manquait d'air, d'espace,
d'évasion. Des problèmes cutanés quand une
difficulté le touchait de près, quand il était
en conflit avec une partie de lui-même et qu’il se
sentait mal dans sa peau. La fatigue s’immisçait
lors d'une phase de désinvestissement de sa vie...
Comme un éternel voyageur, à chaque
embûche, Alain faisait le point, calculait sa trajectoire
et prenait un sentier détourné en direction de
son objectif. Après trois années de ce travail
quotidien, les nombres de T4 avaient encore augmenté et
se situaient dans les proportions d'une personne normale. Le
stade de sida avancé avait cédé la place à un état
des plus asymptomatique.
Alain se demanda alors si cette rémission était
réellement due à sa pratique personnelle. Du jour
au lendemain, il arrêta de réaliser ces séances.
Deux mois plus tard, il fut hospitalisé pour
une dépression grave. Dans le même temps, il perdit
presque la moitié de son patrimoine immunitaire. Je le
rencontrai alors et l’encourageai à se réinvestir
dans sa pratique vitale. Ce qu’il fit avec modération.
Alain me confia que son désir de vivre était des
plus relatifs. Il lui fallait, à la limite, être
dans une situation d’urgence vitale pour se sentir stimulé à vivre.
Quand sa santé revenait au beau fixe, il se sentait curieusement
moins enthousiaste. La proximité de la mort était
pour lui une source de motivation.
Il est vrai que son mode de vie était
particulier. Il a toujours refusé d’avoir le téléphone
et menait, depuis de longues années, l’existence
solitaire d’un ermite. Cette solitude le rendait triste,
de plus en plus insociable et presque misanthrope.
Un jour, son propriétaire décida
de récupérer le studio où il s’était
installé. N’ayant qu’un travail à mi-temps
et personne pour se porter caution, il ne put se trouver un nouveau
logement. Je l’invitai alors à partager mon lieu
de vie.
Alain s’installa dans une petite chambre
de la maison, donnant sur le jardin. Il passait ses journées à travailler
sur son ordinateur, jouer du synthétiseur et menait une
existence indépendante. Toutefois, il avait presque complètement
arrêté sa pratique et quelques symptômes cutanés
se manifestèrent.
En 1998, il prit contact avec un nouveau médecin
qui lui prescrivit une trithérapie à titre préventif,
compte tenu de ses 270 T4. Ce traitement double rapidement le
nombre de ces cellules.
Par contre, pendant deux ans, il souffre de
vomissements, de fatigue, et les symptômes cutanés
persistent.
En janvier 99, des troubles hépathiques
s’accentuent et sa charge virale monte à 240 000.
Comme ces mauvais résultats se maintiennent, en janvier
2000, Alain décide d’arrêter la trithérapie.
Bien sûr, il aurait été préférable
d’équilibrer les traitements plutôt que d’y
mettre un terme...
Pourtant, ces symptômes disparaissent.
Son état de santé s’améliore rapidement.
Juin 2000. Huit ans après ces deux séances d’apprentissage
de techniques de santé, et grâce à sa pratique, Alain,
malgré sa séropositivité, est en bonne santé.
Il connaît parfois des hauts et des bas
modulés par son état d’esprit et sa motivation à vivre.
Il ne pratique plus sa technique de la même façon,
ni avec la même fréquence. Mais en cas de coup dur,
il sait qu’il peut compter sur ses propres ressources intérieures.
Il renoue avec sa pratique lorsque cela s’avère
indispensable.
« J’ai des ressources
inespérées, l’impression d’avoir
un corps qui se défend pour moi »,
me confia récemment Alain. « Même les
inflammations et les infections buccales se guérissent
d’elles-même. » constate-t-il.
Un changement brutal va cependant bouleverser
notre vie. En décembre 2000, nous apprenons par la propriétaire
de la maison qu’elle souhaite mettre en vente dans environ
deux ans “notre” petit paradis. L’annonce fait
l’effet d’une bombe. Il va nous falloir renoncer à vivre
ensemble dans ce havre de paix auquel nous sommes si attachés,
mon amie, Alain et moi. Quelques mois après, c’est
le local de l’association qui est perdu et son activité interrompue.
Le moral d’Alain est en chute libre,
tout comme le notre d’ailleurs. Il y a peu de chance de
retrouver une pareille opportunité avec nos modestes finances,
aussi bien pour un local que pour un lieu de vie. Nous commençons
cependant à prospecter, sans grand succès. C’est
l’incertitude la plus totale. Aussi bien pour l’avenir
de l’association que pour notre devenir commun.
En juillet 2001, Alain est foudroyé par
l’annonce d’un cancer du foie pour lequel aucun traitement
ne semble envisageable. Il est persuadé que sa dernière
heure est venue. Il fond en larmes dans mes bras. Après
le choc et la colère, c’est la dépression.
Il est hospitalisé pendant quelques semaines et reprend
ses traitements médicaux contre le sida ainsi que des
antidépresseurs et des anxiolytiques. Je le retrouve à l’hôpital
et le stimule de mon mieux à combattre la maladie avec
toute l’énergie qui lui reste. Alain accepte de
relever le défi et de se battre à nouveau. Il se
réinvestit dans une pratique quotidienne presque forcenée.
Quatre mois après, ses nouveaux examens médicaux
font état d’une absence totale de symptômes.
Une rémission spontanée ! Incroyablement inattendue.
Alain s’est concentré sur la force de son énergie
de vie qui lui a permis de contrer le sida et s’en est
servi pour lutter contre le cancer. Il s’est à nouveau
représenté son arbre préféré dont
la sève véhiculait un poison mortel contre le cancer
mais bénéfique à son état de santé.
Ce travail quotidien a de nouveau porté ses fruits.
Je l’encourage à poursuivre ses
traitements médicaux associés à son travail
personnel de relaxation-méditation. Mais son cœur
n’y est pas. Notre déménagement approche.
Alain trouve une solution qui ne l’enthousiasme guère
mais il ne voit que celle là : intégrer un appartement
thérapeutique destiné à aider les personnes
connaissant ces mêmes difficultés. Le 24 avril 2002,
Alain nous quitte à regret.
Son nouveau lieu de vie est loin de le satisfaire
vraiment, d’autant qu’un an après son emménagement
tous ses appareils photos lui sont volés par l’un
des colocataires. L’ambiance de son appartement est loin
d’être épanouissante. Son état de santé en
subit le contrecoup. En juin 2004, les examens médicaux
décèlent un petit nodule au foie. Une intervention
chirurgicale est réalisée avec succès. Alain
retrouve peu à peu le goût de vivre.
En septembre, il vient nous rendre visite en
Corse, et apparaît en pleine forme. Il élabore de
nouveaux projets de vie, notamment retrouver un travail, participer à des
ateliers de calligraphie et réaliser des voyages dans
de nombreux pays qu’il souhaite découvrir. Pour
Alain, “l’entité corps-esprit a toutes les
capacités requises pour triompher des symptômes,
même s’il a parfois besoin d’être stimulé en
cas de coup dur. Faire de beaux rêves c’est important
aussi.” Mais les réaliser plus encore... De retour à Paris,
ses projets restent à l’état de rêves.
L’ambiance au sein de son foyer se dégrade. Ses
contacts sociaux se raréfient. Alain déprime et
ne pratique plus les techniques qui lui ont pourtant jadis réussi.
En novembre, il me confie ne plus avoir vraiment de plaisir et
de raison de vivre malgré un important traitement antidépresseur.
En janvier 2005, après une visite de contrôle,
le médecin d’Alain lui apprend que malgré l’intervention
chirurgicale, une cure de chimiothérapie s’avère
nécessaire pour combattre son cancer du foie. Alain s’y
soumet sans renouer pour autant avec sa pratique.
En mars, des douleurs dorsales et cervicales
importantes apparaissent. Aux cures de chimiothérapies s’ajoutent la prescription
d’antalgiques puis de morphine. En juin, Alain, amaigri, épuisé,
perd une partie de la motricité de ses mains. Ses douleurs
sont à peine soulagées par la prescription de corticoïdes.
Des cures de radiothérapies se mettent en place. L’énergie
vitale d’Alain s’étiole. “Pourquoi serais-je
en bonne santé puisque je n’ai plus le goût
de vivre”, me confie Alain. Nos conversations me confirment
qu’Alain regarde presque avec soulagement s’éteindre
l’étincelle de vie qui l’anime. Une pneumonie
finit par l’emporter le 25 juillet 2005.
Alain a toujours su que l’état de santé est
aussi le reflet de l’état d’esprit. Il a eu
conscience de la nécessité d’entretenir chaque
jour l’espoir de réaliser de nouveaux projets, de
nouveaux objectifs de vie si modestes soient-ils, de développer
ses raisons de vivre. Mais, peu de temps avant son décès,
il reconnaissait ne plus en avoir la motivation.
Sans pratique, les techniques de santé ne semblent pas
se muer en réflexe. Leur seul souvenir ne suffit manifestement
pas à raviver l’instinct de survie ni à recréer
une raison de vivre. L’expérience d’Alain
montre que la motivation personnelle à vivre et à s’investir
dans l’existence est étroitement associée
au contexte de vie.
1°) En état de relaxation
approfondie,
vous pouvez utiliser cette belle métaphore d’Alain,
si elle vous convient, et vous imaginez arbre, puisant votre énergie
dans un sol fertile et dans un radieux soleil.
2°) Imaginez toutes les représentations
du même ordre que vous pourriez utiliser avec succès
pour renforcer votre état de santé.
Vous pouvez laisser venir toutes les métaphores agréables
qui vous viennent à l’esprit.
Découvrez de nouvelles représentations à partir
des éléments et des règnes : air, eau,
feu, terre, minéral, végétal, animal.
Explorez l’alternance des quatre saisons.
Pour cela concentrez-vous en état
de relaxation sur chaque élément pendant 30 secondes.
Après chaque visualisation, relâchez votre effort,
lâchez prise et laissez faire les choses. En lien avec
cette représentation, pendant quelques minutes laissez
apparaître les images que vous suggère une parfaite
santé ou le moyen de la retrouver.
Testez vos trouvailles et consignez vos
résultats par écrit.
Vous pourrez alors utiliser régulièrement
vos visualisations préférées afin de renforcer
votre vitalité.
3°) N’attendez pas de développer
des symptômes pour réaliser vos séances.
Mieux vaut prévenir que guérir.
Pratiquez régulièrement.
Avant de vous endormir, concentrez-vous
quelques instants sur un objectif prioritaire que vous vous
imaginez en train de réaliser.
Glissez dans le sommeil en rêvant
qu’il se concrétise.
: Hypnothérapie
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