29. Le coping
“ Les maladies planent constamment
au-dessus de nos têtes, leurs graines portées par
le vent, mais elles ne s’installent pas si le terrain n’est
pas prêt à les recevoir. ” Claude Bernard.
Faites face aux situations problématiques.
Acceptez de relever le défi. Développez votre
combativité et faites-vous confiance. Donnez le meilleur
de vous-même afin de trouver la meilleure solution.
La notion de lieu de contrôle a donné naissance
au concept de "coping" dont Lazarus et Folkman (1984)
donnent la définition suivante : il s'agit de "l'ensemble
des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser,
réduire ou tolérer les exigences internes ou externes
qui menacent ou dépassent les ressources de l'individu." (209)
En d'autres termes "on parle de coping
pour désigner la façon de s'ajuster aux situations
difficiles. Ce terme implique, d'une part, l'existence d'un problème
réel ou imaginé, et d'autre part, la mise en place
d'une réponse pour faire face à cet événement
stressant." (210)
Dans leur ouvrage sur le stress et le coping,
deux chercheurs français, Isabelle Paulhan et Marc Bourgeois,
effectuent un passionnant état des recherches sur ce thème.
(211)
Ils observent notamment, dans le cas
d’interventions chirurgicales, "que les sujets qui
utilisent une stratégie de coping active (recherche
d'informations sur le déroulement de l'opération,
de ses conséquences, participation lors des traitements)
sont significativement moins anxieux et présentent moins
de complications postopératoires que les sujets qui
utilisent une stratégie de coping passif (attitude résignée
et fataliste, inhibition)." (212)
De la même façon, des attitudes
spécifiques de coping modulent un certain nombre de paramètres
immunitaires et endocriniens.
Contrada et ses collaborateurs (1990) observent
que l’attitude d’évitement diminue les taux
d’adrénaline et de cellules NK. À l’inverse
une attitude d’affrontement permet d’observer le
résultat contraire.
Henri Laborit (1979) a décidément
eu une juste intuition en estimant que la possibilité de
contrôler un événement détermine le
type de modification des processus physiologiques.
L’annonce d’un diagnostic d’un
cancer ou d’un sida est parfois vécue comme un séisme
qui semble avoir détruit définitivement tout espoir
et toute vie. Cependant, après le choc, la nouvelle peut
constituer une viscérale et urgente nécessité de
se réaliser pleinement, de vivre avec intensité tous
les meilleurs moments offerts par l’existence. Tout dépend
de sa capacité à faire face à la situation.
L’un des objectifs des psychothérapies
est d’accepter l’épreuve que l’on traverse
et d’élaborer des stratégies de réinvestissement
dans la vie.
Dans le cas de ces deux pathologies, toutes
les études montrent les effets bénéfiques
d’une aide psychosociale sur la détresse émotionnelle.
Carole Bidan réalise, pour l’Agence
Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS 1995), une complète
revue de la littérature.
Elle observe en synthèse que
pour les personnes concernées par cette maladie, une
thérapie cognitivo-comportementale réduit significativement
l’anxiété et la dépression. (213)
Aider les personnes, au moment de l’annonce
de la séropositivité, leur permet de maintenir
leur humeur intacte et d’augmenter le nombre de cellules
T4 et NK. (214)
D’ailleurs, le simple fait d’engager
ces personnes dans des exercices d’aérobic diminue
l’état de dépression et augmente le nombre
de T4. (215)
Un accompagnement psychosocial s’avère
d’autant plus important quand on sait qu’un coping
passif augmente les perturbations de l’humeur (216), les
mauvais ajustements émotionnels (217) pouvant conduire à une
détresse émotionnelle (218) ou psychologique. (219)
Une vigueur plus faible est constatée (220) ainsi qu’une
mauvaise estime de soi (221). Des symptômes dépressifs
peuvent apparaître.
De plus, ce coping passif est associé à une
diminution du nombre total de lymphocytes (222), du nombre de
cellules T4 à court (223) et long terme (224). Les attitudes
de déni et de répression émotionnelle sont
de puissants prédicteurs d’un passage plus rapide
au stade symptomatique. (225)
Pour J. Holland (1990), l’une des spécialistes
internationales de la psycho-oncologie, les personnes qui apprennent à utiliser
des stratégies de coping direct et confrontatif ont moins
de détresse émotionnelle que celles qui utilisent
des stratégies d’évitement et de déni.
De fait, des stratégies de coping
actif sont associées avec un meilleur ajustement émotionnel
(226), une amélioration de l’humeur (227), une
meilleure estime de soi et une diminution de la dépression.
(228)
Dans une étude portant sur des
personnes séropositives, toutes les attitudes que nous
avons passées en revue sont en interaction : un solide
optimisme à l’égard de la maladie est lié à un
contrôle perçu élevé ainsi qu’à un
coping actif. (229)
Naturellement, un coping actif mobilise
les défenses de l’immunité. Il augmente
la cytotoxicité - l’efficacité - des cellules
NK. (230) Ce coping (231), tout comme le fait d’avoir
un esprit combatif (232), prédit moins de symptômes
sur une période de 6 mois.
La combativité s’avère
par ailleurs un puissant prédicteur de l’évolution
de l’infection et notamment du maintien du stade asymptomatique
(233).
En d’autres termes, combattre
la maladie permet de profiter d’une meilleure santé.
Dans le domaine du cancer, Bruchon-Schweitzer
(1998) estime que « Le fait de renforcer les stratégies
de coping protectrices (et d’atténuer les stratégies
nocives) améliore l’état émotionnel
et la qualité de vie des patients et a un impact significatif
sur l’évolution favorable de la maladie, ceci
d’après de nombreuses études. » (234)
Ces résultats témoignent une
fois de plus de l'impact de l'attitude psychologique sur certaines
dimensions de la physiologie. Un
coping actif s’assimile
au fait de développer sa combativité pour trouver
les meilleures solutions et rester positif en toute circonstance.
1°) Faites la liste de tout
ce qui vous permet de développer votre combativité et
votre capacité à faire face, de façon
active et positive, à l’épreuve que vous
traversez.
2°) Numérotez par ordre d’importance
les stratégies de coping actif qui vous sont les plus
utiles.
3°) Concentrez-vous sur ces stratégies.
Rêvez-les et mettez-les à exécution.
________________________________________
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p 12.
: Hypnothérapie
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