16. L'état de conscience
modifié
Notre état de conscience, tout comme notre
organisme, est semblable à une rivière. Bien que
donnant l’apparence d’une entité immuable,
il ne cesse de se modifier tout au long de son évolution.
Ces modifications se répercutent sur tous les paramètres
de la physiologie.
Identifiez, grâce à l'évocation
de vos meilleurs souvenirs, l’état de conscience
qui est source de joie, d’espoir et de vitalité.
Ressourcez-vous quotidiennement dans cet état d’esprit,
bénéfique à votre santé.
Nous étudierons la modification de l'état
de conscience à la lumière des recherches effectuées
sur les dernières techniques que nous avons citées.
Souvent grâce à des exercices
de respiration, de relaxation ou de représentation mentale,
parfois associés à des postures ou des mouvements,
l'individu se "débranche" des stimulations du
monde extérieur et se centre sur lui-même. Peu à peu,
la concentration et le recueillement lui permettent de profiter
d'une détente et d'un plus grand sentiment de paix et
de sérénité.
Cette modification de l'état de conscience induit un mode de fonctionnement
cérébral différent.
Généralement, face à un
stress, l'individu cherche à contrôler la situation.
Il l'analyse "objectivement" de façon cartésienne
et rationnelle afin d'élaborer un ensemble de solutions.
Cette démarche est liée au mode de fonctionnement
de l'hémisphère gauche qui est notamment spécialisé dans
le traitement de la parole d'un point de vue verbal et linguistique.
(91)
À l'inverse, l'hémisphère
droit est impliqué dans les processus d'imagerie mentale.
L'émotion y est prédominante au même titre
que la créativité.
Certains chercheurs estiment que l'état de conscience modifié met "en
veilleuse" l'hémisphère rationnel au profit de l'hémisphère
créatif. Des solutions nouvelles et inenvisagées peuvent
alors apparaître.
Un spécialiste américain estime
que : "Les patients réagissant bien aux placebos,
tout comme les bons sujets hypnotiques, inhibent le mode critique,
analytique de traitement de l'information caractéristique
de l'hémisphère dominant et verbal (hémisphère
gauche)." (92); Et cela au profit de l'utilisation de l'hémisphère
droit.
Cette conception tend à expliquer que l'état de conscience
modifié permet de bénéficier d'une meilleure adaptation
face au stress, d'où une logique rétroaction au niveau
du système immunitaire.
Un certain nombre de recherches expérimentales
montrent que ces techniques de gestion du stress mettent en action
le système parasympathique, dont l’activation est
liée au bien-être de l’organisme.
Celui-ci correspond à un état
de vagotonie, de tranquilité intérieure, dont l'action
bénéfique se ressent sur les systèmes immunitaire,
endocrinien et, de façon générale , physiologiques.
(93)
À l'inverse, le stress active le fonctionnement
du système sympathique, ce qui, dans le cas d'un stress
chronique, peut avoir comme nous l'avons vu des conséquences
dommageables sur la santé. (94)
En fait, de la modification de l’état
de conscience naissent aussi bien les symptômes que leur
résolution. Une simple perception, voire une pensée
consciente, suscite en nous un état d’esprit, une
façon de regarder le monde et d’interagir avec lui.
Notre état de conscience détermine
notre relation vis-à-vis de nous-mêmes, de l’autre
et du monde. Il s’agit bien souvent d’un processus
inconscient.
Les symptômes semblent se créer
par associations spontanées dont on n’a pas conscience.
Avez-vous remarqué le fait qu’il suffit parfois
de prononcer un mot pour provoquer chez l’autre un éternuement,
une migraine, une allergie, etc.
Comment fonctionne ce processus ? Un mot est
symboliquement attaché à une représentation
mentale, liée elle-même à une émotion
particulière. Cette émotion va modifier notre état
de conscience, entrer en résonance avec certaines de nos
fragilités, de nos difficultés existentielles...
Comme pour court-circuiter le mal-être psychique, le corps
développe un symptôme donné. Ce symptôme
est symboliquement relié à la problématique
suscitée par le terme entendu.
Nous avons rarement conscience de l’élaboration
de nos difficultés ; et c'est bien par le jeu subtil des
associations que s'élabore aussi le processus de changement,
plus ou moins consciemment dans la cure psychanalytique, et plus
inconsciemment à travers la relaxation ou l'hypnose.
Parvenu à ce niveau de nos réflexions,
on peut s’interroger : existe-t-il un ou plusieurs états
de conscience modifiés ?
Je serais tenté de penser qu'il en existe
une infinité. Notre état de conscience semble prédéfini
par une multitude de facteurs internes plus ou moins variables
: nos héritages génétique, biologique, culturel,
social, familial, etc., constituent notre personnalité.
Il en découle la façon dont nous participons à créer
la réalité qui nous environne.
À partir de là, notre état
de conscience est modifié en permanence par tout un ensemble
de facteurs externes : par la façon dont on a passé la
nuit, et notre relation au monde est également affectée
par l'expression et la satisfaction de nos besoins fondamentaux,
faim, soif, besoins affectifs ou sexuels...
Notre état de conscience semble donc
se modifier en permanence au gré de nos expériences
de vie. Certains de ces états de conscience sont favorables à notre
vitalité et il est bien sûr utile de les cultiver.
Tout ce qui constitue l’optimisme,
l’espoir, la joie, la curiosité, l’enthousiasme,
le bonheur, etc., participe à nous mettre en contact
avec la pulsion de vie et à en ressentir les bienfaits
au niveau somatique.
Il y a quelques années, j’ai réalisé que
mes éternuements matinaux étaient liés à un
sentiment de fragilité intérieure, de découragement
et de peur d’avoir à affronter le monde après
les doux rêves de la nuit. De nature frileuse, la faîcheur
de l’air sur ma peau m’évoquait le contact
avec la dureté du monde.
Le fait de concentrer mon attention sur la
force que je pouvais ressentir en moi en contractant mes muscles
m’a permis de me reprogrammer. Ressentir ma force tout
en me répétant : “ mon énergie
est force de santé ! ” m’a permis de
voir progressivement les symptômes disparaître.
Les symptômes comportent souvent des
indications précieuses sur ses modes de fonctionnement.
Une femme souffrant de migraines épouvantables
depuis plus de 15 ans a réussi en pratiquant ces techniques à les
voir disparaître du jour au lendemain. Juste après
que sa fille lui eut téléphoné, elle sentit
poindre la douleur familière. En analysant la situation,
elle comprit que la relation souvent conflictuelle et pénible
qu’elle avait avec sa fille était à l’origine
d’une vive colère à son égard. Jusqu’alors,
elle n’avait pas voulu reconnaître ces sentiments
qui éveillaient en elle une culpabilité. Et quoi
de mieux qu’une migraine pour arrêter de penser à ses
difficultés.
De nombreuses pages d’écriture
lui permirent de comprendre le processus de “ fabrication ” de
ses symptômes, toujours en relation avec un état
de conscience colérique. Elle réussit alors progressivement à lui
pardonner et à se pardonner à elle-même en
réalisant des exercices de relaxation dans lesquels elle
se répétait “ j’ai le droit de
m’aimer, d’aimer et d’être aimée. ” Après
quelques semaines d’une pratique intensive, ses migraines
disparurent définitivement, au même titre que son
irritabilité et sa tendance à l’insomnie.
Pour les personnes souffrant de migraines,
des études montrent que des exercices de relaxation associés à la
visualisation donnent d’excellents résultats.
Le fait de se représenter mentalement
ses artères cérébrales en train de se resserrer
permet à 70 % des malades d’améliorer leur
bien-être et de se passer de médicaments. (95)
1°) Au moment précis
où vous sentez se déclencher un symptôme,
il est indispensable de faire un arrêt sur vos images
mentales. Notez sur votre carnet ce à quoi vous pensiez
juste avant que le symptôme n’apparaisse ? Quelle émotion
a été éveillée par cette pensée
? A quel état de conscience vous renvoie cette émotion
particulière ?
2°) Entraînez-vous régulièrement à cette
technique. Exercez-vous à comprendre vos processus
inconscients. Mettez en lumière ce qui se passe en
vous. Écrivez régulièrement tout ce
qui vous passe par la tête.
3°) Reprogrammez-vous. Réalisez
un bref exercice de relaxation en vous focalisant sur l’inverse
de l’état de conscience d’où sont
nés les symptômes.
Si vous sentez la peur à l’origine des troubles, concentrez-vous
sur la confiance.
Si c’est le doute, basez-vous sur la certitude.
Si vous vous sentez faible, prenez conscience de votre force. Récitez-vous
comme un mantrâ les phrases qui vous procurent bien-être
et énergie.
Pour modifier son état de conscience et éveiller ses propres
potentialités, se sont développées différentes
formes de psychothérapies. Étudions à présent
les points communs qui les unissent.
________________________________________
(91) Rossi E. (1994). Psychobiologie
de la guérison. Seuil. 447 p.
(92) Wickramasekera I. (1985).
A conditioned response model of the placebo effect : predictions
from the model, in L. White, B. Tursky & G. Schwartz (Eds.), Placebo,
theory, research, and mechanisms. 255-287 p. New York, Guilford.
Cité par Rossi E. (1994). Psychobiologie
de la guérison. Seuil. 447 p.
(93) Goldberg B. (1985). Hypnosis
and the immune response. Int. J. Psychosom., 32, 3, 34-36.
Hilgard E. & Morgan A. (1975).
Heart rate and blood pressure in the study of laboratory pain
in man under normal conditions and as influenced by hypnosis.
Acta Neurobiologiae Experimentalis. In : E. Hilgard & J.
Hilgard, Hypnosis in the relief of pain. Los Altos, California
: Kaufman.
(94) Calabrese J. R., Kling M. A. & Gold
P. W. (1987). Alterations in immunocompetence during
stress, bearevement and depression : focus on neuroendocrine
regulation. Am. J.Psychiat., 144, 1123-1134.
Stein M., Keller S. E. & Schleifer
S. J. (1985). Stress and immunomodulation: the role
of depression and neuroendocrine function. J. Immunol.,
135, 827s-833s.
(95) E. Fehse. (11-5-2000).
Arte. Théma. L’art de guérir. ZDF.
(1999).
: Hypnothérapie
en ligne |