31. Les effets de la préparation
psychologique à l’intervention chirurgicale
Une préparation psychologique appropriée à l’intervention
chirurgicale, tout en améliorant la qualité de
vie, diminue le risque de complications ainsi que la durée
d’hospitalisation. Il
est donc urgent d’intégrer à l’hôpital
une démarche humaine d’accompagnement psychologique.
Face à une intervention chirurgicale,
préparez-vous psychologiquement à l’aborder.
Vous pouvez bien sûr vous faire aider par un psychologue
formé à la relaxation, l’hypnothérapie,
etc. Toutefois, il vous est également possible de
vous représenter par vous-même la prouesse que
votre organisme va accomplir. Imaginez simplement, en toute
confiance, que tout se passera pour le mieux. Représentez-vous
en train de récupérer dans les meilleures conditions
et rapidement après l’intervention.
Léon Chertok, a préparé psychologiquement
une femme à l’extraction de cinq dents. Lors de
l’intervention, réalisée sous anesthésie
hypnotique, le chirurgien dentiste a constaté une hémorragie.
Inquiet, il se tourna vers Chertok et l’invita à utiliser
l’hypnose pour l’arrêter. Chertok lui dit sa
perplexité face à la situation. Le médecin
insista. L’hypnothérapeute s’approcha alors
de la dame et lui dit à l’oreille : “ Madame,
ne saignez plus ! ”
A la surprise générale, l’hémorragie
s’interrompit instantanément.
Inutile de préciser que cette femme était une virtuose
de l’hypnose. Là encore les ressources de l’inconscient
apparaissent d’une extraordinaire puissance. Dans ce cas précis,
elles illustrent le fait que nous avons décidément beaucoup à apprendre.
L’auto-hypnose a permis à Victor
Raush, un chirurgien-dentiste canadien, de se faire opérer
uniquement sous anesthésie auto-hypnotique de la vésicule
biliaire. Grâce à sa pratique assidue, il a réussi à créer
une analgésie des plus efficaces et n'a ressenti aucune
douleur pendant et après l'intervention chirurgicale.
Cette dernière s'est déroulée dans des conditions
optimales et Victor s'est rétabli deux fois plus vite
que la moyenne des patients qui subissent cette intervention.
Ces observations ne sont pas des cas de figure
uniques.
En effet, dans le cadre de recherches expérimentales portant sur
les interventions chirurgicales, l'apport de ces techniques permet de
constater l'amélioration de la qualité de vie (diminution
de la douleur et de l'anxiété notamment).
Une récente recherche expérimentale
montre le fait qu'une préparation psychologique appropriée à l'intervention
chirurgicale permet d'augmenter la qualité de vie tout
en diminuant de façon significative la durée
d'hospitalisation, la prescription postopératoire d'antalgiques
et la période d'incapacité professionnelle. (236)
Elle corrobore ainsi les recherches randomisées
précédentes. (237)
Ces études montrent une diminution
significative de la durée de l'hospitalisation de deux
jours en moyenne, par référence aux groupes témoins.
(238)
En formant le personnel soignant à ces
techniques, il serait possible de réaliser dans les
années à venir des économies plus que
substantielles.
Celles-ci permettraient d'être
réinvesties dans la prise en charge psychologique appropriée
de nos concitoyens, champions internationaux de la consommation
de psychotropes et d’antidépresseurs.
Comme le stress et la dépression
sont fréquemment liés à un ensemble de
troubles somatiques, les économies de santé seraient
alors très appréciables et chiffrables à moyen
terme en milliards d'euros.
Ces calculs ont sucité l’intérêt
des plus grands groupes financiers ainsi que du ministère
de la santé de Grande-Bretagne.
« General Motors, Mc Donnel Douglas
ou IBM (...) Ces compagnies paient à leurs salariés
des formations à la méditation transcendentale
pour leur apprendre à se dé-stresser. Mais aussi
en guise de médecine préventive, pour diminuer
les risques de maladies cardio-vasculaires. Pratiquée
par un million de personnes aux Etats-Unis, largement répandue
au Japon, remboursée par la sécurité sociale
en Grande-Bretagne (...), cette méthode de relaxation
(...) permettrait en quinze minutes quotidiennes d’atteindre
une détente profonde bénéfique pour le moral
et, à en croire des études scientifiques, pour
la santé. (239)
Pour la petite histoire, j’ai écrit
aux directeurs des hôpitaux de Paris et de la région
parisienne en leur offrant mes services pour évaluer les
effets de l’aide psychologique sur l’intervention
chirurgicale. La majeure partie d’entre eux ne m’ont
pas répondu. Je tentais alors de les appeler sans plus
de succès.
Finalement un directeur accepta de me parler.
Il me dit sans ambages que cette proposition allait à l’encontre
de l’intérêt de l’hôpital. En
effet, les financements sont accordés d’une année
sur l’autre en fonction des dépenses réalisées.
Faire gagner de l’argent à l’hôpital
revient donc à diminuer son budget de l’année
suivante. De même, les plus hautes instances auxquelles
je m’adressai sont restées insensibles à ces
arguments. A croire que les énarques et les politiciens
ont un certain intérêt à ce que la situation
de la Sécurité Sociale se dégrade ! Question
d’argent et de pouvoir, probablement...
J’espère que les responsables
qui liront cet ouvrage prendront la mesure de l’importance
de la gestion du
stress et notamment de la préparation à l’intervention
chirurgicale.
Il
est urgent que le personnel soignant soit formé à ces techniques essentielles.
Parallèlement aux soins médicaux,
il est indispensable que l’hôpital devienne aussi
un lieu où développer ses ressources personnelles
et agir pour sa santé.
1°) Préparez-vous psychologiquement à aborder
votre intervention. Si cela contribue à vous
rassurer, demandez à votre chirurgien de préciser
la façon dont elle se déroule.
2°) Écrivez toutes vos appréhensions,
vos inquiétudes sur des feuilles volantes. Déchirez-les
ensuite en petits morceaux.
3°) Offrez-vous plusieurs séances
de relaxation. Un professionnel, médecin ou psychologue
pourra éventuellement vous y aider. Représentez-vous
le succès complet de l’intervention.
Imaginez que vous vous ressentez à votre
réveil, profondément soulagé et guéri.
4°) Visualisez le plaisir de redécouvrir
votre autonomie. Focalisez-vous sur vos progrès et votre
capacité nouvelle de vous investir dans votre existence.
Pendant toute la période de récupération
réalisez 3 ou 4 fois par jour des exercices de relaxation
dans lesquels vous pouvez évoquer vos meilleurs souvenirs
mais aussi tous les projets passionnants dans lesquels vous
pouvez vous investir.
________________________________________
(236) M. Meurisse, M. Faymonville,
F. Marchal, O. Louis & E. Hamoir. (1995). Chirurgie
endocrienne sous hypnose : Mythe ou réalité. Lyon
Chir., 91/6, 531-535.
(237) Blanfield R. P. (1991).
Suggestion, relaxation, and hypnosis as adjuncts in the care
of surgery patients : A review of the literature. American
Journal of Clinical Hypnosis, 33, 3, 172-186.
(238) Bonke B., Schmitz P. I. M., Verhage
F. & Zwaveling A. (1966). Clinical study of so-called
unconscious perception during general anesthesia. British
Journal of Anesthesia, 58, 957-964.
Egbert L. D., Battit G. E., Welch C.
E. & Bartlett M. K. (1964). Reduction of postoperative
pain by encouragement and instruction of patients. New England
Journal of Medecine, 270, 825-827.
Evans C. & Richardson, P. H. (1988).
Improved recovery and reduce postoperative stay after therapeutic
suggestions during general anesthesia. Lancet, 2 (8609),
491-493.
Pearson R. E. (1961). Response
to suggestion given under general anesthesia. American Journal
of Clinical Hypnosis, 4, 106-114.
(239) Magazine l’Expansion.
8 Janvier 98, N° 564
: Hypnothérapie
en ligne
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