23. L'auto-hypnose
L’auto-hypnose est un état de conscience
particulier que nous connaissons tous plusieurs fois par jour.
Pour devenir thérapeutique, l’auto-hypnose s’apparente à une
relaxation approfondie que l’on peut atteindre grâce à une
respiration ample et profonde, une détente musculaire
progressive et un troisième élément déterminant
: une représentation mentale active de l’objectif
qui tient à cœur et que l’on imagine déjà réalisé.
Offrez-vous fréquemment des pauses.
Des espaces de ressourcement et de bien-être. Cultivez
l’art de vous immerger dans des pensées bienfaisantes.
Lorsqu'elle est volontairement induite, l'expérience
de l'auto-hypnose est une réplique exacte de l'hypnose
ericksonienne, à cela près que vous pourrez vous
substituer au thérapeute et procéder vous-même à l'induction
et aux suggestions.
Selon Ernest Rossi, (136) nous connaissons
un "débranchement" spontané et normal
par rapport à la réalité extérieure
toutes les 45 minutes environ. Vous avez sans doute pu observer
que dans les moments où l'on attend un bus ou un métro
par exemple, parfois, le regard se fixe sur un point sans qu'on
le regarde vraiment.
Dans ces moments-là, on rentre spontanément à l'intérieur
de soi et on médite un peu sur le passé, le présent
ou l'avenir. Les autres peuvent croire qu'on rêve, qu'on
est « dans la lune », alors qu'en réalité nous
pratiquons l'auto-hypnose à la manière de la prose
de Monsieur Jourdain, sans y penser. Tout naturellement.
En défilant dans notre esprit, les souvenirs
d’apprentissages et de conditionnements auxquels nous nous
référons participent à l'élaboration
de notre réalité. Du moins à notre perception
subjective de la réalité. Les autosuggestions que
nous nous adressons y sont pour beaucoup. Au risque d'enfoncer
une porte ouverte, vous l'avez sans doute remarqué, lorsqu'on
s'adresse des autosuggestions négatives du type : "je
n'y arriverai jamais" il y a de fortes probabilités
de ne pas réussir ce que l'on entreprend.
A l’inverse avec des autosuggestions
positives comme : "je vais faire de mon mieux pour réussir" on
a plus de chances de réaliser ses objectifs.
Ainsi notre monde se crée, enrichi ou
appauvri en fonction de nos croyances et de nos prédictions
; et bien sûr notre construction du monde détermine
notre mode d'adaptation présent et à venir.
En fait on se construit des prophéties
auto-réalisantes.(137) L’un des pères de
cette notion, Robert Rosenthal, a réalisé dans
les années 1970 tout un ensemble d’expériences
passionnantes.
Dans la première, il propose à des étudiants
de comparer les résultats de deux groupes de lombrics
soumis à un test de labyrinthe. Le premier groupe est
issu d’une génération de vers de terre de
laboratoire, entraînés, soumis à des conditions
expérimentales diversifiées, ce sont les lombrics “ intelligents ”.
Ils sont comparés à une population de lombrics
normalement stupides. Assez logiquement, les lombrics “ intelligents ” obtiennent
des performances supérieures à celle de la population
commune.
La même expérience est réalisée
avec des souris et les mêmes résultats s’imposent.
Rosenthal effectue alors une recherche sur
les enfants. En début d’année scolaire, il
les soumet à une batterie de tests d’intelligence.
Les résultats sont communiqués aux instituteurs
qui apprennent quels élèves apparaissent comme étant
les plus doués. En fin d’année, les résultats
de ces élèves les placent effectivement en tête
de classe. Logique, me direz-vous. Certes, mais là où ça
l’est moins, c’est qu’en réalité,
il n’y avait qu’une seule et même population
de lombrics et de souris. Ce qui a fait la différence
n’était pas l’intelligence supérieure
d’une population sur l’autre mais le message qu’a
adressé Rosenthal aux expérimentateurs. “ Vous
devriez obtenir les résultats suivants... ”
Pour les élèves, il utilisa la
même astuce et sélectionna en réalité les
plus moyens en les faisant passer pour des surdoués. Les
instituteurs ont alors été inconsciemment conditionnés à l’attente
de résultats supérieurs de ce groupe d’élèves.
Ils ont probablement été plus patients, plus pédagogues,
et plus intéressés par leur évolution, leur
consacrant plus d’attention qu’aux autres.
Ces prophéties mettent en lumière
la force de la suggestion directe. De nombreux médecins
américains en font le constat. A la demande du malade,
ils donnent la durée probable de leur espérance
de vie, qui ne repose en fait que sur une moyenne statistique.
Statistiques qui ne sont que la mesure de notre ignorance comme
l’a joliment souligné Jacques Coppey.
Cette information joue parfois le rôle
d’une puissante prophétie auto-réalisante
pour les sujets les plus suggestibles. La moyenne statistique
devient pour eux une réalité et certains décèdent
jour pour jour avec la date d’échéance programmée.
L’attitude psychologique semble, dans certains cas, jouer
un rôle déterminant quant à l’évolution
de la maladie.
Ces prophéties chacun les met
en pratique à sa façon, psychologiquement et
biologiquement. Évidemment, notre conviction renforce
le pouvoir de nos autosuggestions.
Il semble que l’état d’hypnose
amplifie ce phénomène. Au même titre que
l’auto-hypnose.
L'expérience hypnotique permet
de réaliser cet apprentissage et de mesurer les effets
de cognitions sur sa réalité psychophysiologique.
Chacun peut découvrir et utiliser par la suite de façon
autonome ses propres ressources intérieures pour accéder à des
objectifs préétablis.
Il est possible d'apprendre, en quelques séances,
le moyen d'accéder à une profonde relaxation et
d'utiliser les ressources de son inconscient afin de pouvoir
exercer un contrôle sur sa pathologie.
Grâce à cette technique, chacun
devient responsable de son expérience, dont il est possible
de modifier à volonté le cours et la profondeur.
Et c'est notre inconscient qui nous aide à effectuer le
travail utile pour réaliser un objectif déterminé,
et résoudre les difficultés.
Corollaire non négligeable, cette pratique
constitue un moyen efficace de se prendre en charge. Aussi d'éviter
le phénomène de dépendance vis-à-vis
d'un thérapeute.
L'auto-hypnose passe par une certaine forme
de lâcher-prise psychologique, et, paradoxe de ce processus,
elle permet à certains, avec de la pratique, d'exercer
un contrôle efficace sur la physiologie, et particulièrement
sur la douleur.
Grâce à une pratique soutenue,
vous pourrez vous aussi, en fonction de votre motivation, utiliser
les représentations dont vous avez besoin pour restructurer
votre mode de fonctionnement interne. Et c'est grâce à vos
propres associations que vous pourrez trouver une nouvelle façon
de vous envisager, d'envisager le monde et de fonctionner.
En
résumé, l'hypnose
et l'auto-hypnose constituent un moyen de faciliter un processus
d'évolution, d'intégration et de maturation.
1°) Parfois en situation d’attente,
le regard se fixe sur un point et s’ouvrent les portes
de l’imaginaire. C’est ce qu’Ernest Rossi
appelle “ la transe commune ”. On part
dans ses pensées. Des scénarii défilent.
Et des représentations mentales s’imposent. D’ailleurs
c’est souvent ce qui fait encore mal qui s’impose
: les difficultés, les blessures, les traumatismes...
Et sans le savoir, on se programme en négatif, on se
recharge en haine.
C’est la raison pour laquelle dans
ces moments précis, il est indispensable de se poser,
laisser ses paupières se fermer, et se programmer positivement.
Se concentrer sur sa respiration et se
représenter mentalement la réussite de ses objectifs.
Se river fermement à cette pensée
bénéfique.
Imaginer toutes les émotions positives
que ces pensées génèrent en vous.
Ressentez tout cela profondément
en vous.
Vibrez et animez votre énergie vitale
de confiance et d’amour.
En laissant vos muscles se contracter quelques
secondes, prenez la mesure de cette force de vie qui est à l’intérieur
de vous. Laissez votre corps se mouvoir dans la souplesse.
Vivez-la. Sentez l’harmonie et la souplesse en vous.
De nouveau respirez amplement plusieurs
fois de suite et laissez vos paupières s’ouvrir
sur une nouvelle réalité. Détendu, confortable
et empli d’énergie positive.
C'est particulièrement les recherches
effectuées dans le domaine de l'hypnose qui permirent
de progresser dans la compréhension de la psycho-neuro-immunologie.
Je vous propose à présent d'étudier
les effets de ces techniques sur la biologie.
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(136) L'un des plus grands spécialistes
américains de l'hypnose de Milton H. Erickson.
(137) Rosenthal R. A. & Jacobson
L. (1971). Pygmalion à l'école.
Casterman, Paris.
: Hypnothérapie
en ligne
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