28. Le lieu de contrôle interne
A chaque instant nous créons notre réalité psychophysiologique à partir
de nos croyances.
« L’homme est ce qu’il
croit. » Anton Tchekov
Responsabilisez-vous. Mobilisez votre
détermination à réussir. Développez
des croyances bénéfiques à votre état
de santé et votre adaptation.
L’attitude psychologique repose sur un
ensemble de systèmes de croyances. Face à l’apparition
d’un symptôme où d’une maladie, il est
possible de réagir de différentes manières
allant de :
- “ je l’ai cherché en menant ce mode de vie.
Bon, il faut que je me ressaisisse et que je développe une meilleure
hygiène de vie ! ”
à : - “ je n’ai pas
mérité cela, je n’y suis pour rien et je
ne peux rien y faire ! ”
Rotter (1966) a baptisé ces types de
croyance “ lieux de contrôle ” (locus
of control).
Il distingue deux lieux de contrôle : interne et externe.
Le premier est défini comme "une
croyance généralisée de l'individu dans
le fait que le cours des événements et leur devenir
dépend (...) de son comportement."
À l’inverse, un lieu de contrôle
externe est la croyance que tout ce qui arrive à l'individu
dépend du destin, du hasard, de la chance ou d'autrui.
Pour Kosaba (1982), il s’agit d’un
trait stable de la personnalité, tout comme l’engagement
et le défi qui constituent ensemble la solidité de
la personnalité (hardiness). Un lieu de contrôle
interne, une attitude d’engagement et de défi favorise
un type de personnalité qualifié “ d’endurant ”,
c’est-à-dire capable de faire face positivement
aux problèmes du quotidien.
Les facteurs de stress sont perçus comme
autant d’occasions de se dépasser, de mûrir
et d’acquérir de nouveaux apprentissages permettant
de contrôler les situations problématiques.
Ainsi de nombreuses recherches montrent le
lien existant entre le lieu de contrôle externe, l'anxiété et
la dépression.
« Tous s’accordent à reconnaître
le rôle protecteur du lieu de contrôle interne » (203),
permettant de mettre en place des stratégies adaptées
de lutte contre l’anxiété et la dépression
notamment.
Logique ! Se répéter inlassablement
: “ je ne peux rien à tout ce qui m’arrive... ” a
de quoi angoisser et déprimer.
Confirmation pour les personnes séropositives
ayant un niveau initial bas de lymphocytes T4, l’endurance
est corrélée avec une absence de passage au stade
symptomatique du sida.
À l’inverse, la détresse émotionnelle
est corrélée avec la sévérité des
symptômes physiques. (204)
Dans d’autres recherches, le lieu de
contrôle interne diminue significativement les perturbations
psychologiques du stress alors que le lieu de contrôle
externe les augmente. (205)
En fait, le lieu de contrôle interne
permet de percevoir une situation comme contrôlable (206)
et donc d’avoir davantage de chances d’exercer un
réel contrôle sur elle.
Cette croyance s'avère donc particulièrement
efficace pour développer des stratégies d’ajustement
et d’adaptation aux problèmes (coping) permettant
de contrôler des situations stressantes.
Hislop (1987) observe une augmentation significative
de la durée de vie de femmes atteintes de cancer du sein
socialement active et ayant un lieu de contrôle interne.
Ces résultats sont confirmés par d’autres
chercheurs. (207)
Une distinction s’impose : la responsabilité de
soi et de ses actes constitue une attitude très différente
de la culpabilité. Se sentir coupable c’est s’accuser
dans ses faiblesses, notamment par rapport aux erreurs du passé,
ce qui conduit à une dépréciation et une
dévalorisation de soi-même. Dans le cas du sida,
cette attitude développe l’anxiété,
la dépression et une humeur négative. (208)
Être responsable, c’est accepter
l’épreuve à laquelle on est confronté.
C’est assumer ses choix de vie et tendre vers l’avenir
en fonction de ses objectifs et de ses priorités ; c’est
explorer ses ressources personnelles et agir pour sa santé.
1°) Développez votre
responsabilité par rapport à ce vous pouvez
faire pour vous au quotidien.
2°) Faites la liste de : toutes
les croyances qui nuisent à votre état de santé.
toutes celles qui favorisent votre état de santé.
3°) Sur les bases de la méthode
Coué, focalisez-vous sur des croyances bénéfiques à votre
adaptation. Concentrez-vous sur des formulations positives
tournées vers l’avenir :
- “ Je peux profiter avec plaisir
et mesure d’une alimentation saine et équilibrée
et en tirer tous les bienfaits. ”
- “ Dans les moments difficiles,
le simple fait de respirer profondément renforce mon énergie
vitale. ”
- “ Lors de chaque relaxation,
je renforce mon système immunitaire et mon équilibre
intérieur. ”
- “ Chaque jour je m’autorise
davantage à profiter avec intensité de tous les
bons moments de la vie. ”
- “ Au plus profond de moi,
je sais que je peux réussir ce que j’entreprends. ”
4°) Remplacez tout ce qui nuit à votre
santé par tout ce qui vous est bénéfique.
Développez votre lieu de
contrôle interne, votre engagement dans l’existence
par rapport à des objectifs qui vous tiennent à cœur
et votre attitude de défi.
________________________________________
(203) Paulhan I. & Bourgeois M. (1995). Stress
et coping. Les stratégies d'ajustement à l'adversité.
Nodules PUF. 128 p. (p 34).
(204) Bertini M., Costa M., Salvati
S., Coda R., Aiuti F., Di Sora F., D’Offizi G., Figa-Talamanca
L., Mezzaroma I., Montella F., Argiolas I., Argiolas P. T. & Mecarelli
M. (1994). Psychosocial factors and HIV-1 infection
: influences on clinical evolution and on the immune situation.
Présenté à la VIIIème conférence
Européenne de la Psychologie de la Santé, Alicante,
Espagne.
(205) Cohen S. & Edwards J. R.
(1989). Personality characteristics as moderators of the relationship
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Wiley.
(206) Parkes K. R. (1984).
Locus of control, cognitive appraisal and coping in stressful
episodes. Journal of Personality and Social Psychology,
42, 655-668.
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and Social Psychology, 46, 839-852.
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W., Hoffmann F., Riehl J., Schlag P. & Schmidt P. (1990).
Psychosoziale Faktoren der Gesundheitserhaltung ? Prospektive
Untersuchungen bei Brustkrebs, Bronchialkrebs and Mastopathiafribrocysta. Psychotherapie
Psychosomatik Medizinische Psychologie. 40, 70-75.
(208) Moulton J. M., Sweet D. M., Temoshok
L. & Mandel J. S. (1987). Attributions of blame
and responsability in relation to distress and health behavior
changes in people with AIDS and AIDS-related complex. Journal
of Applied Social Psychology, 17,493-506.
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