9. La dépression et l’immunité
D’après de nombreuses recherches,
l'état dépressif correspond à une diminution
de certaines défenses de l'immunité (B, T, N.K.).
A l’inverse l’expression de ses émotions, au travers
de l’écriture d’un journal, stimule l’immunité.
Un deuil pose la nécessité d'accepter
la perte, même si elle apparaît inacceptable.
Si le travail de deuil n’est pas réalisé une
dépression peut se mettre en place. Pour l’éviter,
videz l'abcès de la souffrance sur votre journal.
Quitte à répéter 10 ou 20 fois la même
phrase, il semble indispensable de se défaire de ses émotions
négatives ; écrire permet de gérer ses
difficultés ; Et si vous ressentez le besoin de pleurer,
c’est très bien. Laissez couler vos larmes.
Exprimez votre peine à l’occasion de cet exercice.
De même, dans une certaine mesure, le fait d’exprimer sa
souffrance en criant, en chantant à tue-tête, en dansant,
en faisant du sport, etc, permet de trouver un exutoire à sa souffrance.
Délivrez-vous du poids de vos émotions négatives,
vous en verrez le bienfait sur votre état de santé.
Des études montrent que deux semaines
après avoir perdu leur mari, les femmes présentent
une nette diminution de la réponse mitogénique
des lymphocytes.
Cet effet atteint son point culminant huit semaines après le deuil.
(45)
De la même façon, les veufs connaissent
une diminution des lymphocytes B et T durant les deux mois qui
suivent le décès. La diminution de l'activité de
ces cellules B et T s'observe dès la deuxième semaine
suivant la disparition du conjoint. (46)
La dépression majeure est corrélée
avec une diminution significative de ces mêmes lymphocytes
(47), mais également avec un taux de cortisol élevé.
(48)
Plus la dépression est grave plus le
nombre et l'activité des cellules B et T s'avère
réduite.
Le deuil semble donc produire une diminution caractéristique de
certains facteurs de l'immunité.
Une autre étude porte sur les effets
de la séparation conjugale. L'équipe des Glaser
a comparé 38 femmes mariées à 38 autres
séparées ou divorcées. Les résultats
indiquent que ces dernières souffrent plus de dépression
que la population de femmes mariées. Par ailleurs, leurs
capacités immunitaires ainsi que leur pourcentage de cellules
NK s'avèrent également inférieurs à celui
des femmes mariées.
Les femmes séparées depuis moins
d'un an montrent un pourcentage plus faible de cellules T4. (49)
Les cellules T4 sont la cible privilégiée
du virus d'immunodéficience humaine (VIH), corrélée,
dans le cas du sida, avec la durée de survie de l'individu.
Bruchon-Schweitzer (1998), dans son approche
de la psychologie de la santé, passe en revue un grand
nombre de recherches scientifiques sur le thème de la
dépression et du cancer.
« La grande majorité de ces études
(9 sur 11) montre que l’impuissance-désespoir est
associé à une évolution défavorable
de la maladie (récidive, décès). »
De plus, elle estime que « la non-expression des affects négatifs
est associée à une évolution défavorable
de la maladie (mélanomes, cancers du sein) et à des troubles émotionnels
ultérieurs. » (50)
Comment contrecarrer cet état de fait
?
L'équipe des Glaser apporte des éléments
de réponse :
25 personnes sont invitées à tenir un journal en y racontant
les éléments traumatisants de leur vie, afin de leur permettre
d'exprimer leurs émotions négatives.
Un groupe identique tient aussi un journal
mais en y écrivant
des événements sans importance.
Grâce à l'expression de
leurs émotions, les personnes du premier groupe connaissent
une nette augmentation de leurs défenses immunitaires.
Six mois après la fin de leur
expérience, leur santé continue de s'améliorer.
Il apparaît donc que l’écriture
d’un journal de bord augmente certains facteurs de l’immunité.
Le médecin relatant cette étude
est Bernie Siegel, chirurgien américain de renom.
Il estime qu' “ En exprimant ses émotions,
en travaillant sur des événements que la plupart des gens
s'empressent d'oublier, on envoie à son corps des messages de
vie. ” (51)
Il insiste sur le fait que l'expression des émotions négatives
constitue les bases de la santé psycho-corporelle.
C’est la raison pour laquelle un journal
de bord s’avère indispensable.
Écrire canalise l’agressivité. En laissant la plume glisser
sur le papier, les émotions négatives peuvent s’évacuer
hors de soi, tout naturellement.
De même, Siegel insiste sur l’intériorisation
des émotions positives et cite la recherche du psychiatre
Georges Vaillant. Ce dernier a suivi pendant trente ans 200 étudiants
de Harvard, d’un point de vue psychologique et médical.
Les plus satisfaits de leur vie présentent
dix fois moins de maladies graves et de mortalité que
ceux qui sont moins heureux.
Est-ce par hasard si de nombreuses personnes écrivent
un journal au moment de leur adolescence ? Pendant cette période
de la vie parfois très éprouvante, chacun quitte
son enfance et se forge une identité. Encore dépourvu
de carapace, chacun prend conscience de sa solitude ; de ses
différences avec les personnes qui sont pourtant les plus
proches. Le fait d’écrire est comme un réflexe
de survie qui régénère l’espoir et
la capacité de prendre de la distance. Écrire donne
les moyens de prendre de la distance par rapport à ses
difficultés et d’élaborer de nouvelles solutions.
Ecrire c’est créer.
Et les médicaments antidépresseurs,
stimulent-ils l’immunité ?
Une recherche tend à montrer le contraire
: les longs traitements somatiques de la dépression diminuent
les fonctions immunologiques par rapport aux personnes non traitées.
(52)
Par contre, l’exposition à la
lumière, autrement dit la photothérapie ainsi
que l’exercice physique augmentent naturellement la production
de sérotonine et de mélatonine dont l’action
anti-dépresseur est favorable à l’état
de santé. (53)
1°) Vous pouvez diviser votre
journal de bord en deux parties :
le côté où vous avez commencé à écrire
deviendra le lieu de tous vos espoirs, vos réflexions et vos victoires.
En tournant le carnet de l’autre
côté, écrivez tout ce qui vous pose problème,
vous déprime ou vous exaspère en ce moment.
Exprimez ce que vous ressentez à l'égard de ce que vous
avez perdu.
En jetant vos sentiments sur le papier, vous pourrez décharger
votre cœur du poids qui l'oppresse.
Même s'il est pénible et douloureux, ce travail est vital
car il vous permet de commencer à vous distancier de votre souffrance.
2°) Faîtes de l’exercice.
Offrez vous des promenades matinales dans la nature. Exposez-vous à la
lumière tout en restant vigilant par rapport au soleil.
Pensez en cas d’exposition prolongée à protéger
votre peau.
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(45) Bartrop R. W., Lazarus L., Luckhurst
E. & col. (1977). Depressed lymphocyte function
after bearevement. The Lancet, 1, 834-836.
(46) Schleifer S. J., Keller S. E.,
Camerino M., Thornton J. & C. Stein M. (1983).
Suppression of lymphocyte stimulation following bereavement. J.
Am. Med. Assoc., 250, 374-377.
(47) Schleifer S. J., Keller S. E.,
Meyerson A. T., Raskin M. J., Davis K. L. & Stein M. (1984).
Lymphocyte function in major depression disorder. Arch.
Gen. Psychiat., 41, 484-486.
Schleifer S. J., Keller S. E., Siris
S. G., Davis K. & L., Stein M. (1985). Depression
and immunity. Arch. Gen. Psychiat., 42, 129-133.
(48) Schleifer S. J., Keller S. E.,
Bond R. N., Cohen J. & Stein M. (1989). Major
depressive disorder and immunity. Arch. Gen. Psychiat.,
46, 81-87.
(49) Kiecolt-Glaser J. K., Fisher L.
D., Ogrocki P., Stout J. C., Speicher C. E. & Glaser R. (1987
A). Marital quality, marital disruption, and immune function. Psychosomatic
Medicine, n° 49, 13-34 p.
(50) Watson M. & Ramirez A. (1991).
Psychological factors in cancer prognosis. Cooper CL, Watson
M. eds. Cancer and Stress. Chichester (UK) : Wiley, 3
: 47-94.
(51) Siegel B. (1989). L'amour,
la médecine et les miracles. Laffont. 245 p. (p.
43)
(52) Albrecht J. & Hopf U. (1985).
Humoral autoimmune phenomena under long-term traitement with
lithium with special regard to thyroidal autoantibodies. Klin.
Wochenschr., 24, 1501-1504.
(53) Norden M. J. (1995). Au
delà du prozac. Librairie Médicis. 306 p.
: Hypnothérapie
en ligne
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