7. Les effets du stress sur l’immunité chez
les animaux
Un stress chronique suscite bien souvent des émotions
négatives.
D’où la nécessité d’exprimer ces émotions
ou de trouver une échappatoire pour s’y soustraire. La gestion
du stress consiste à s’adapter à la situation avec
les moyens du bord et tous ceux que l’on peut imaginer. Apprendre à se
relaxer, à prendre de la distance, constitue un précieux
facteur de renforcement des défenses immunitaires.
Lorsque la situation de stress semble être
indépassable, c’est bien souvent sa propre attitude
qui est à changer. L’homme peut faire ce dont
l’animal est incapable.
Un exemple est resté célèbre
dans la littérature scientifique.
En 1916, cinq cerfs de race sika sont installés sur l'île
St James près de Cambridge. Bénéficiant de bonnes
conditions de vie et d'absence de prédateurs, les cerfs se multiplient
considérablement. Cependant, en 1958, alors que la population
atteint 300 individus, plus des deux tiers de ces animaux commencent à manifester
un certain nombre de troubles du comportement et meurent sans raisons
apparentes.
Après des analyses biologiques approfondies,
le docteur Christian découvre que leur mortalité est
due à un dysfonctionnement d'une glande endocrine, la
surrénale, dysfonctionnement qui disparaît lorsque
la horde atteint une population de 80 individus.
En passant en revue toutes les causes possibles, ce chercheur parvient à une
conclusion :
"la cause du déclin n'est
due qu'au stress de surpopulation." (25)
À ce propos, Edward Hall (26), un éminent
professeur d'éthologie, a élaboré la notion
de "proxémie", c'est-à-dire l'espace
inter individuel de sécurité. Cette notion explique
la nécessité pour chaque être vivant d'avoir
un territoire qui lui appartient.
Ce qui est valable pour les cerfs de l’Île
St James pourrait bien l'être aussi pour les animaux que
nous sommes.
Il ressort de cette observation que le
manque d'espace vital est lié à une forte progression
de la mortalité. Chaque individu a besoin de disposer
d’un espace vital suffisant pour vivre s’épanouir,
croître et se multiplier. Le biotope (27) participe à déterminer
l’écologie de l’esprit. (28)
En cas d’espace insuffisant, l’individu
stressé produit tout un ensemble de dysfonctionnements,
psychologiques, somatiques ou sociaux.
Afin de mieux comprendre les phénomènes
de stress et leurs répercussions sur l'organisme, de nombreux
chercheurs effectuent des études.
Dorian (29) observe que des rats soumis à des
situations de stress variés (entassement dans un espace
restreint, chocs électriques, exposition face à un
prédateur, etc.) produisent une diminution significative
de certaines défenses immunitaires, observables par la
majoration des symptômes de maladies virales (herpès,
poliomyélite...) et de cancers (tumeurs mammaires, leucémies...).
Henri Laborit l’a constaté, il
peut y avoir une régulation naturelle de ce stress à travers
l’expression de l'agressivité.
La lutte pour le territoire permet, dans une certaine mesure, d'éviter
l'apparition de symptômes physiques, tout comme la fuite, si elle
s’avère possible.
Vous pouvez à ce titre voir ou revoir "Mon oncle d'Amérique",
cet excellent film de Resnais.
L'étude du comportement animal ouvre
des perspectives intéressantes quant à notre sujet
:
un animal pris au piège et qui n'a pas de possibilité de
fuir une situation pénible, ni d'exprimer son agressivité,
dépérit progressivement tout en développant des
symptômes et finit par mourir.
Chez des souris, le stress de l’environnement
peut à lui seul produire une variation du pourcentage
de cancers de 7 à 92 %. (30)
De la même façon, une difficulté d’ordre
affective peut engendrer une diminution de certaines défenses
de l’immunité.
Si l'on sépare une mère chimpanzé de
sa progéniture pendant quatorze jours, mère et
enfant présentent une nette diminution de la réponse
des lymphocytes. (31)
Dans le même ordre d’idée,
il arrive qu’un chien ou un chat se laisse mourir de désespoir
d’avoir perdu son compagnon humain. L’inverse est
vrai aussi, parfois.
Comme chez l’homme, la perturbation
de la relation "affective" joue un rôle déterminant
sur l'immunité de certains animaux.
L’homme, par contre, peut réussir à faire
le travail de deuil indispensable à l’acceptation
de la perte d’un être cher. Il
peut s’adapter à ce
qui est a priori inacceptable.
1°) Si l’espace vous
manque dans votre lieu de vie, vous pouvez renouer avec une
existence sociale en dehors de chez vous.
Organisez des rencontres avec votre famille,
vos amis, vos relations. Engagez-vous dans des activités
culturelles et de loisirs.
Profitez des beaux jours pour rentrer en
contact avec la nature. Voyagez. Agrandissez le champ de vos
interactions avec le monde extérieur et celui de nouvelles
découvertes.
2°) La qualité de votre
biotope peut être source de satisfactions, bénéfiques à votre état
de santé.
Pensez à améliorer votre
lieu de vie en investissant dans la décoration qui vous
fait plaisir. Egayez le par des touches de couleurs que vous
aimez. Réaménagez votre intérieur. Vous
pouvez, par exemple, encadrer l’agrandissement de vos
photos de voyage préférées, adopter des
plantes vertes et vous offrir des fleurs...
3°) La création (peinture, collage,
couture, modelage...) peut vous faire voyager sans sortir de
chez vous. Investissez-vous dans la découverte de vos
talents cachés. Explorez-les, éventuellement
avec vos proches.
4°) Si vous avez le sentiment d’être
trop seul(e), vous pouvez vous occuper d’animaux ou en
adopter un.
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(25) Christian J. J. (1967).
Endocrine-behavioral feedback responses to increased population
density. L'effet de groupe chez les animaux, in Colloques inter-CNRS,
173, 289-322.
(26) Hall E. T. (1971). La
dimension cachée. Points Seuil. 254 p.
(27) Biotope : Milieu naturel
de vie.
(28) Bateson G. (1977). Vers
une écologie de l’esprit. Tome 1. 290 p. Seuil.
(29) Dorian B. J. & Garfinkel P.
E. (1987). Stress, immunity and illness - a review. Psychosom.
Med., 17, 393-407.
(30) Riley V. (1981). Psychoneuroendocrine
influences on immunocompetence in neoplasia, Science,
212, 1100-1109.
(31) Laudenslager M., Capitano J. P. & Reite
M. (1985). Possible effects of early separation experiences
on subsequent immune fonction in adulte macaque monkeys. Am.
J. Psychiat. 142, 862-864.
: Hypnothérapie
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