Étonnamment, en France ces études
restaient méconnues. Après en avoir effectué la
synthèse, j'entrepris de contacter les spécialistes
de la cancérologie afin d'élaborer ensemble
la première recherche scientifique française
portant sur ce thème dans le cadre de mon Doctorat.
En l'espace d'un an, je rencontrai plus d'une centaine
de spécialistes
travaillant dans cette voie. Il s'agissait de cancérologues,
de psychologues, de psychanalystes, de statisticiens,
d'épidémiologistes dont certains étaient
investis dans la recherche à l'INSERM ou au
CNRS.
Force est de constater que l'accueil
qui me fut réservé était emprunt
de scepticisme sinon de méfiance à l'égard
de mon projet. Quelques spécialistes furent
toutefois très intéressés et
m'apportèrent une aide appréciable
me permettant d'avancer dans l'élaboration
de mon travail. Une dizaine de cancérologues
acceptèrent de participer à l'étude.
Les choses se gâtèrent
lorsque mon directeur de thèse, par souci
de rigueur scientifique, m'enjoignit de rencontrer
les psychologues travaillant dans leur service afin
de leur proposer de comparer nos résultats.
Cela me paraissait d'avance voué à l'échec mais je
n'eus pas d'autre choix que de m'y soumettre.
Les psychologues en poste,
issus le plus souvent de formations psychanalytiques,
jugèrent
le projet incompatible avec leurs interventions.
En fait, il ne voulaient manifestement surtout pas
comparer leurs résultats à ceux de confrères...
Une collègue tout à fait
intéressée par mon projet m’apprit
une nouvelle qui me plongea dans la consternation.
L'une des plus « éminentes » psychologues
spécialisées dans la cancérologie
en France, alla jusqu'à téléphoner à l'ensemble
des psychologues et des cancérologues que
j'avais rencontrés afin de leur déconseiller
vivement d'entreprendre une recherche “ aussi
dangereuse ” qui risquait de les couvrir
d’opprobre et de discrédit. Ainsi, de
nombreuses portes qui m'avaient été ouvertes
se sont refermées presque aussitôt sans
la moindre explication. Inutile de dire que je fus
bouleversé par ce revirement. C'est là que
je découvris que le lobby psychanalytique, comme
tous les lobbies, protégeait en priorité ses intérêts
personnels au détriment de toute éthique et de toute
déontologie. Et cela, même quand d'autres techniques
avaient fait les preuves de leur efficacité.
Je réfléchis longuement à une
solution. C'est à ce moment que j'eus le privilège
de rencontrer le directeur d'un laboratoire d'analyses
biologiques particulièrement novateur : André Burkel.
Il me donna un nouvel espoir de mener ma recherche à bien.
Il me proposa d'effectuer gracieusement des analyses
approfondies aux différents moments de l'intervention.
Chaque analyse, (dont le coût
réel s'élevait à 1000 francs),
permettrait de mettre en évidence l'influence
de la pratique de ces techniques sur la biologie.
Compte tenu du fait qu'aucune subvention ne m'était
accordée pour réaliser ce projet, le
cadeau qu’il me fit était inespéré.
Il me proposa de réaliser un millier d'analyses,
ce qui revenait à m'offrir un million de francs
de subvention.
Je repris donc mon bâton
de pèlerin et rencontrai à nouveau
de nombreux cancérologues afin de les inviter à participer à cette
nouvelle recherche intitulée : les effets
de la pratique de l'auto-hypnose sur la qualité de
vie, la biologie et la durée de survie de
patientes atteintes de cancer du sein métastasé.
A cette époque fut élaborée
en France une nouvelle réglementation de la
recherche biomédicale. Les comités
d'éthique chargés de statuer sur les
recherches biologiques furent remplacés par
des comités de protection de la personne pour
la recherche biomédicale (CCPPRB). Le rôle
de ces comités est d'examiner la faisabilité des
projets qui leur sont présentés en
fonction de paramètres éthiques et
scientifiques. A l'issue de l'examen du dossier,
le comité donne un avis favorable ou défavorable
permettant ou non de réaliser la recherche.
Ces comités garantissant
la protection de la personne sont bien sûr
indispensables à la recherche. Il est toutefois
curieux de constater qu'un projet accepté par
l'un d'eux peut être refusé par un autre
et qu'aucune réglementation d'ensemble ne
garantisse le chercheur de voir son projet aboutir
ou être refusé unanimement. Compte tenu
du caractère biomédical de mon nouveau
projet, je dus évidement le soumettre à l'un
de ces comités.
Un médecin de l'un des hôpitaux
auquel j'avais présenté mon projet
m'a chaleureusement encouragé à le
soumettre au sein du C.C.P.P.R.B. auquel il participe.
Problème : je ne pouvais
pas être l’investigateur de cette recherche.
Seuls les médecins y ont droit. Aussi proposai-je à mon
ami le Docteur Charles Jousselin, médecin
généraliste et par ailleurs formateur
et secrétaire de l’Institut Milton H.
Erickson de Paris, de remplir cet office ; ce qu’il
accepta, enthousiasmé. Le jour fatidique arriva.
Lors de mon passage avec Charles
devant le comité nous apprîmes avec
stupeur que la recherche était confrontée,
entre autres, à un problème de faisabilité :
le service du cancérologue qui m’avait
invité avait décidé de s'exclure
de l'étude. Bien sûr,
je n’en
avais pas été informé au préalable.
Un avis défavorable a été attribué à mon
projet.
Je compris un peu tard que ma présence
dans un service de cancérologie se posait
hélas trop souvent en terme de rivalité.
La phrase prononcée par le médecin
qui m’invita dans son comité restera
gravée dans mon esprit : "Vous comprenez,
nous autres cancérologues, nous avons un peu
comme une relation de couple avec nos patientes,
alors forcément, la présence d'un tiers..."
Ayant récolté les
fruits de cette expérience, je décidai
avec beaucoup de regrets d’abandonner ce projet
si fortement investi. Le deuil de cette aide que
j’avais à cœur d’apporter
fut long et difficile. Je pensais à ces trois
cents personnes qui mourraient de cancers chaque
jour en France. Un sentiment d’injustice mêlé de
dégoût m’étreignait.
Après sept ans de recherche,
je dus renoncer à apporter mon aide aux personnes
atteintes de cancer et à en évaluer
les bienfaits de façon rigoureuse.
Je souhaite de tout cœur que
cette réaction de rivalité ne constitue
pas une loi implicite établie dans tous les
services et que de plus en plus d'équipes
médicales
se donneront les moyens de réaliser un travail
sur ce sujet avec des psychothérapeutes.
Hélas, depuis cette triste
aventure, j’ai rencontré de nombreuses
personnes qui ont tenté, sans succès,
de réaliser ce type de recherches. Un psychiatre
et un psychanalyste, tous deux formés aux
méthodes de visualisation de Carl Simonton.
Un docteur en biologie et en psychologie formé à l’hypnothérapie.
Un médecin homéopathe. Un autre docteur
en psychologie clinique. Tous ont vu s’opposer à la
réalisation de leur projet des résistances
infranchissables de la part du corps médical.
Tous ont été déboutés.
Et jusqu’à ce jour, aucune recherche
de ce type n’a pu être réalisée
en France.
Afin de pouvoir entreprendre ces
recherches en France, il semble primordial de créer
des comités spécifiques de protection
de la personne pour la recherche psychologique et
biomédicale.
En attendant, j'ai élaboré la
seule recherche expérimentale que je puisse
réaliser à ce jour en France sans qu'un
C.C.P.P.R.B. ne puisse m'interdire de la mener à bien
: un protocole à cas unique portant sur 1
seul sujet, en l'occurrence moi-même. Cette
recherche a été publiée dans
le magazine : "Vous
et votre Santé".
J’offris par la suite mes
services à tous les hôpitaux de Paris
IDF pour aider les personnes concernées par
des maladies chroniques en mettant en évidence
le fait que la pratique de certaines techniques améliore
la qualité de vie (diminuant les douleurs,
nausées et vomissements, troubles digestifs,
insomnies, anxiété , dépression...).
Réponse : Pas de budget, pas de poste.
J’envoyai alors une seconde
lettre dans laquelle je citai des recherches montrant
qu’une prise en charge appropriée permettait
d’observer deux fois moins de rechutes et trois
fois moins de mortalité pour les personnes
atteintes de cancers. Réponse identique.
J’adressai alors une synthèse
d’études sur la préparation psychologique à l’intervention
chirurgicale . Ces recherches montrent qu’il
est possible de diminuer en moyenne de deux jours
la durée d’hospitalisation tout en améliorant
la qualité de vie de façon appréciable.
Plus de réponse.
Un directeur de clinique me dit
que cet argument allait à l’encontre
de l’intérêt de l’hôpital
qui reçoit une enveloppe budgétaire
correspondant aux frais de l’année passée.
J’écrivis alors au
directeur de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie
(CPAM). Pas de réponse. Au ministre de la
santé de l’époque (Elisabeth
Hubert). Pas de réponse. Au président
de la République Jacques Chirac qui me répondit
que son équipe était déjà au
complet !
En 1995, contraint au chômage
mais déterminé à me rendre utile,
je devins bénévole à l’association
Aides et offris des ateliers d’expression et
de gestion du stress aux personnes atteintes du sida.
Les résultats
obtenus me donnèrent la preuve de l'efficacité des
techniques de santé.
Les premiers ateliers réalisés
dans le cadre de l’association Agir pour sa
Santé s’inspirent d’un an de travail à l’association
Aides (Arc en Ciel).
5 groupes d’auto-support
destinés aux personnes atteintes de sida y
ont été animés. Chaque groupe
a participé à 7 séances hebdomadaires
de 3 heures.
Ce travail avait pour but de permettre
aux participants d’exprimer leurs émotions,
créer un réseau de soutien (auto-support),
faire l’apprentissage de techniques de gestion
du stress et de relaxation.
Résultats
des séances réalisées à Aides
Moyenne des résultats
des 5 groupes formés aux techniques de gestion
du stress.
Initialement, quarante personnes
atteintes de sida ont participé à ces
séances.
Quinze n’ont pas mis ces techniques
en pratique ou n’ont pas poursuivi les séances.
25 personnes pratiquant ces techniques
au moins quelques fois par semaine ont répondu à ce
questionnaire composé d'échelles visuelles
analogiques (EVA).
Je tiens à les remercier
de tout coeur de m’avoir autant apporté,
ainsi que d’avoir accepté de me communiquer
leurs résultats.
Consigne : Pour remplir ces échelles,
il suffit d'indiquer d'un trait de stylo là où on
se trouve par rapport aux deux extrémités
d'une ligne horizontale de 100 millimètres.
(En d'autres termes, la réponse
suivante : 68,73 correspond à la
moyenne des réponses obtenues par les participants
qui ont biffé la ligne d’un trait à l’endroit
où ils pensaient
se situer par rapport aux deux extrêmités
: tout à fait d’accord - Pas du tout d’accord
avec la proposition : L'apprentissage
de ces techniques m'a été profitable. Ce
trait est figuré par
un point d'exclamation sur les EVA qui suivent.)
L'apprentissage
de ces techniques m'a été profitable.
Tout à fait
_______________! 68,73________________________Pas
du tout
La pratique
de ces techniques m'aide à combattre mes
difficultés.
Tout à fait
_________________! 66,60_______________________Pas
du tout
Je suis
heureu(x) (se) de réaliser mes séances.
Tout à fait
__________! 80,52___________________________Pas
du tout
Je suis
plus combati(f) (ve) qu'avant le début de
ces séances.
Tout à fait_____________________!
59,34__________________Pas du tout
Je me
sens soutenu(e) par rapport à mes difficultés.
Tout à fait___________________!
64,95____________________Pas du tout
Je pense
globalement que ce travail m'a été bénéfique
et a renforcé mon énergie vitale.
Tout à fait _________! 75,26______________________________Pas
du tout
Ce qui
a été particulièrement utile
dans ce travail :
Techniques de gestion
du stress et de relaxation-visualisation. Confiance.
Apaisement. Bien-être. Gestion du V.I.H.
Recentrage. Espoir. Courage. Pensée positive.
Prendre du temps pour soi. Volonté de vaincre
ses difficultés. Rencontre. Discussion. Échange.
Partage. Amitié.
Après sept séances,
les personnes ayant mis en pratique de façon
régulière ces techniques ont accepté de
remplir un questionnaire :
A la question : "Je pense
globalement que ce travail m'a été bénéfique et
a renforcé mon énergie vitale",
elle répondent être tout à fait
d'accord à 75 %.
Toutes ces études, ces
recherches, tous ces faits scientifiques ne sont
pas encore admis dans les hôpitaux, à l’exception
de quelques rares services. Je connais de nombreuses
personnes atteintes de cancers qui auraient apprécié de
profiter de toutes ces techniques.
Après quelques mois de travail,
je proposai à la direction d’Arc-en-ciel
de les inviter. J’essuyai un refus poli, courtois
et quelque peu embarrassé : “ Hélas,
on ne peut recevoir que des personnes concernées
par le V.I.H. Aides c’est le sida, pas le cancer. Que
vont penser les donateurs qui donnent pour le sida
? ”
J'acceptai cette réponse
bien qu'elle me fit bouillir intérieurement.
Cette situation problématique me motiva à trouver
une solution. Elle vit le jour neuf mois plus tard.
Je créai l’association « Agir
pour sa Santé », afin de faire
profiter de ces techniques toute personne atteinte
de maladie chronique, quelles que soient ses difficultés
et ses problèmes de santé, mais aussi
quels que soient ses revenus. L’objectif étant
de responsabiliser et d’autonomiser chacun à l’égard
de sa santé, bien sûr, en complément
des soins médicaux; offrir à chacun
les moyens de :
- prendre de la distance par rapport à ses
difficultés pour mieux les analyser,
- s’investir dans des activités de création,
- élaborer de nouveaux liens sociaux,
- gérer son stress, se relaxer, se ressourcer, se redynamiser,
- pouvoir élaborer des stratégies actives de réalisation
de soi.
Une autre association nous offrit
généreusement son hospitalité.
Parsifal, dont l’objectif était de venir
en aide aux personnes séropositives ou atteintes
de sida. Jusqu’en juin 1998, notre association
fut accueillie dans cette structure, fondée
par Tino Harikiopoulo le 7 juillet 1991. Je tiens à exprimer
ma gratitude à son fondateur, ainsi qu’au
Docteur Hugues Gouzenne, et à Raphaël
Bozio-Made de nous avoir reçus et de nous
avoir permis d’apporter notre aide, pendant
ces neufs mois, à 682 participants.
Au cours de la première
année de fonctionnement, trente ateliers différents
y ont vu le jour dans le cadre de cinq thèmes
complémentaires : relaxation, dynamique corporelle,
création (peinture et argile), conférences
et redynamisation. Notre action se développa également
en faveur des personnes économiquement défavorisées
et demandeuses d’emploi.
Une instructive recherche anglaise
a été réalisée sur 244
personnes au chômage depuis deux ans en moyenne.
Ces personnes ont été réparties
en deux groupes.
Celles qui ont suivi un programme
de thérapie de groupe (7 séances) trouvent
deux fois plus de travail que les personnes ayant
participé à un programme d’accompagnement
social (apprendre à se présenter, à nouer
des contacts...) : 41 % contre 24,5 %. (Publiée
dans le N° 158 de Psychologies - Nov. 1997)
Dans la même optique, les
quarante ateliers que proposait l’association
avaient pour objectif de permettre à chacun
d’acquérir une nouvelle confiance en
soi, une capacité à faire face à ses
difficultés. L’association y a offert
un lieu privilégié d’échanges,
de partage, de libération des tensions...
Dans ce contexte, nous favorisions les échanges
constructifs, authentiques, humains, la parole (ou
le silence) et l’attitude positive de chacun.
Une attention particulière
a été portée à l’attitude
de chacun, aux interactions et à la notion
de responsabilité (travailler à se
comprendre, à se connaître, à s’accepter
et à utiliser ses potentialités). Chacun
fut invité à se prendre en charge, à s’assumer
et à mettre en pratique les techniques acquises
afin de réaliser ses projets personnels et
professionnels.
Grâce à la mobilisation
de ses propres ressources, chacun parvenait à sa
façon, à relativiser et à gérer
ses difficultés, ce qui a augmenté l’estime
de soi et a facilité la reprise d’une
activité professionnelle.
Nous avons constaté que
faire l’apprentissage de techniques efficaces
permet de reprendre confiance en soi et de retrouver
une nouvelle énergie pour faire face à l’exclusion
tout en renforçant son état de santé.
Après la première
année d’exercice, sur l’ensemble
de la population accueillie, près de la moitié,
soit 307 participants, étaient constituée
de personnes en grande précarité, avec
des revenus inférieurs à 5000 francs
par mois. Cela est toujours vrai lorsque j’écris
ces lignes. En d’autres termes, près
de la moitié du nombre total de participants
souffrent de difficultés sociales et vivent
en deçà du seuil de pauvreté.
Un tiers de la population était
constitué de personnes atteintes de maladies
chroniques de type cancers, sida, et autres maladies
chroniques.
Près de 80 % de la population
présentait des difficultés psychologiques
de type anxiété, angoisse, dépression,
insomnies, dépendance aux toxiques, etc. Les
20 % restant souhaitaient, sans exprimer de difficultés
particulières, développer leurs ressources
personnelles dans un objectif d’épanouissement.
En août 1998, nous avons
décidé de modifier les statuts de l’association.
Offrir notre aide à toute personne en difficulté psychologique,
somatique et sociale. Donner à chacun les
moyens d’améliorer sa situation et ce,
dans le cas de maladies chroniques (Sida, cancer,
dépression, etc.), mais également dans
une optique de prévention et de développement
personnel.
Nous avons également orienté les personnes
que nous recevions sur les activités
d’un vaste réseau d’associations partenaires.
Notre but devint : démocratiser
les techniques de santé et les rendre accessibles à tous.
En effet, les techniques de santé se
trouvent généralement à des
tarifs pouvant être exorbitants. En consultation
individuelle, les thérapeutes installés
en libéral demandent de 30 à 60 euros
de l’heure. Seules les consultations réalisées
par les médecins sont remboursées par
la sécurité sociale. En groupe, certaines
associations proposent de s’acquitter d’une
participation de 8 à 15 euros de l’heure,
voire plus.
En conséquence, toute une
partie de la population, demandeurs d’emploi,
RMIstes, personnes malades ne recevant qu’une
maigre allocation, restait privée de toute
démarche humaine de développement personnel.
Aussi avons-nous décidé de
proposer une participation modulable en fonction
des revenus de chacun : A l’époque et
en francs, les ateliers étaient de 20 à 50
frs de l’heure et la cotisation annuelle de
50 à 200 frs. Pour les plus démunis,
un coup de main suffisait.
Cependant, pour couvrir les frais
de location, une subvention nous était indispensable.
Cette entreprise tenait du pari, du défi.
Ayant investi près de 100 000 francs en matériel
informatique, voiture, communications, etc. mes économies
personnelles étaient arrivées à leur
terme. Les demandes de subvention effectuées
n’ont pas été considérées
prioritaires. C’était surtout un premier
poste salarié qui nous faisait cruellement
défaut.
N’ayant plus un sou et comme
l’association était devenue SDF après
neuf mois d’activité, j’écrivis à tous
les politiques susceptibles de pouvoir nous aider.
Tout en nous félicitant
parfois pour notre initiative, la majeure partie
concluait en synthèse par : “ Hélas,
nous n’avons pas de local pour vos activités.
Quant aux demandes de subvention, elle seront examinées. ”
Heureusement, en septembre 1998,
nous réalisâmes un partenariat avec “ La
Maison du possible ”, association fondée
par Antoine Vallabrègue ayant pour vocation
de développer la création et l’éducation.
Nous partageâmes une location transitoire à l’hôtel
du Monde dans le 11ème arrondissement de Paris.
Dans la même période,
je réitérai mes demandes de subvention
afin d’embaucher un premier coordinateur salarié.
De nombreux magazines nous ont
soutenus dans notre action en nous consacrant une
ou plusieurs publications (Le Médecin
Généraliste, Vous
et votre Santé, Médecine
Douce, Psychologies,
Soins, l’Infirmière Magazine, Le Cicos
Infos et Minitel, Médecins du sport, Expression
Santé, Paris le Journal, La Vie Naturelle
ainsi que Belle santé.
Grâce à ce soutien,
nous avons constitué une équipe de
plus de 40 bénévoles permanents et
diffusé l’information auprès
d’un large public. L’association subsistait
uniquement grâce aux cotisations et à la
participation des personnes aux frais des ateliers,
ainsi qu’aux occasionnelles journées “ portes
ouvertes et vide-grenier ”. Bien que l’association
s’auto-finançât parfaitement,
nous ne pouvions budgétiser avec nos seules
ressources un premier poste de coordinateur.
Toutefois, une première
subvention de 10 000 francs nous fut accordée
par la Direction Régionale et Départementale
de la Jeunesse et des Sports en décembre 1998.
Dans le même temps, un nouveau
local nous fut proposé par Renato Ribeiro,
metteur en scène argentin talentueux, qui
réalisait un atelier d’énergie
théâtrale à Arc-en-ciel et dans
notre association depuis peu. Il nous loua pour une
somme raisonnable notre premier espace de création
et de bien-être dans le centre multi-culturel « La
Comédia » qu’il concevait
non loin du métro Nation, au 8 de la rue Mont-Louis
dans le XI ème arrondissement de Paris.
L’ensemble des volontaires
et des participants se mobilisèrent pour réaliser
les travaux du premier “ vrai ” local
de l’association pendant le mois de janvier
1999.
Un partenariat avec le SEL de Paris
(Système d’échange local) nous
permit d’accélérer les travaux.
Cette autre structure, basée sur l’échange
permet d’offrir et de demander des services
en échange d’une monnaie symbolique
: le piaf, plus ou moins étalonné sur
la base du franc.
Certains adhérents du SEL participèrent à l’aménagement
du local ainsi qu’aux travaux administratifs. Rémunérés
soixante piafs de l’heure, ils se constituèrent un pécule
appréciable de piafs qu’ils avaient ensuite le loisir de
dépenser à leur guise. En échange, les 700 adhérents
du SEL pouvaient participer à toutes les séances que nous
proposions en apportant une contribution de cinquante piafs de l’heure
et une cotisation en fonction de leur revenu.
Comme la moitié de nos participants
vivaient avec moins de 5000 F par mois, je les orientais
fréquemment sur le SEL. Grâce à ce
partenariat, chacun a pu participer à toutes
les activités qui l’intéressaient
en échange de services rendus aux adhérents,
ce qui a permis de renforcer les liens sociaux en
se rendant utile et sortir de l’assistanat.
Ainsi, nous avons pu recevoir toute
personne, même la plus démunie. Chacun
a pu faire l’apprentissage de techniques de
gestion du stress et de santé en apportant
des piafs, acquis dans le cadre d’un échange
de services, et une cotisation annuelle minimale
de cinquante francs. L’association a été ouverte à toute
personne intéressée par son propre
développement.
Notre structure a grandi, s’est
enrichie de nombreux bénévoles formés à tout
un ensemble de techniques passionnantes. De plus
en plus de personnes ont fait notre connaissance
grâce au bouche à oreille et ont découvert
avec enthousiasme nos activités. De plus,
un nouveau partenariat s’est engagé avec
des Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI)
pour donner des cours de sophrologie et recevoir
des stagiaires.
L’année 2000 constitua
l’apogée de l’association. Nous
avons réalisé 568 ateliers et enregistré 2497
participations. En effet, licencié économiquement
fin 99, je me suis investi avec espoir et détermination
dans la direction de l’association. La difficulté majeure
restait l’absence de subvention de fonctionnement
nécessaire au financement d’un premier
poste salarié. De cette absence de soutien
des pouvoirs publics, découlait à terme
l’impossibilité de poursuivre notre
action.
Les 40 demandes de subventions
réalisées n’ont pas été jugées
prioritaires, ce qui est un comble lorsque l’on
sait que notre pays détient les médailles
d’or de la consommation d’anxyolitiques
et d’anti-dépresseurs et autres antalgiques.
Le champ de la médecine reste décidément
réservé aux seuls médecins !
Force était de constater
que malgré un discours officiel du type : « Nous
consommons trop de médicaments »,
aucune aide concrète nous permettant de poursuivre
notre action ne nous a été accordée.
La champ de la santé, autre que médicamenteuse,
et, de façon générale la prévention
naturelle par une responsabilisation et une autonomisation
de chacun n’était décidémment
toujours pas bienvenue en France. Beaucoup trop d’argent
et de pouvoir étaient en jeu dans le champ
de la santé contrôlé par les
surpuissants lobbies médico-pharmaceutiques.
Coluche l’avait noté avec
ironie : « Le cancer fait vivre beaucoup
plus de personnes qu’il n’en tue. »
Après discussion avec l’ensemble
de l’équipe, nous nous sommes rendus à l'évidence
que la notion de psychologie de la santé semblait
bannie des institutions. Aussi, nous avons décidé de
créer une nouvelle association à vocation
humanitaire : « Espace
Création Bien-Être. »
Cette nouvelle structure avait
pour objectif de démocratiser les techniques
de création et de bien-être et les rendre
accessibles à tous.
Le terme « santé » ne
figurant plus dans ces nouveaux statuts, nous espérions
obtenir une subvention ou une aide de mécènes
pour financer enfin le poste de directeur que j'ai
toujours occupé à plein temps bénévolement.
Le terme santé disparut
de nos statuts, ce qui devait, nous l’espérions
ardemment, faciliter l’obtention d’indispensables
subventions du ministère de la culture. Cependant,
malgré de nombreuses nouvelles demandes de
subvention, aucune aide ne nous a été accordée
pour financer un premier poste salarié. Je
dus me résoudre à trouver un emploi
en dehors de l’association.
Grâce à une amie,
j’appris l’existence d’une nouvelle
structure mise en place par la Ville de Paris : L’agence
Cancer, dont la vocation était de venir en
aide aux personnes concernées par cette maladie,
ainsi qu’à leur famille. Ma candidature
fut acceptée et je commençai à exercer
ma première activité institutionnelle
de psychologue le 15 décembre 2000.
Après avoir activement médiatisé l’agence
auprès de plus de trois cents médecins
des environs, nous commençâmes à recevoir
les bénéficiaires de cette action.
Ils étaient souvent abattus après leur
diagnostic, fortement déprimés lors
de notre première rencontre.
C’était le cas de
madame M. Elle ne voyait plus pour elle aucun avenir.
J’eus à coeur de l’accompagner dans son combat contre
la maladie. L’écoute et la compassion, la découverte
des recherches sur les liens existants entre l’esprit et le corps,
associées aux techniques de gestion du stress et de relaxation
lui ont permis de retrouver progressivement confiance en elle.
Elle arriva à notre septième séance, avec une bouteille
de champagne pour remercier notre équipe de son aide. Elle m’a
dit être en pleine forme, heureuse de sa nouvelle capacité à se
sentir sereine et forte à quelques jours de sa seconde chimiothérapie.
Elle évoqua son souhait de devenir bénévole dans
une association de lutte contre le cancer après sa maladie et
d’aider à son tour des personnes en difficultés.
« J’ai retrouvé une réelle tranquillité d’esprit.
J’accepte ce qui vient et je fais avec... » me confia-t-elle.
Avec beaucoup de tristesse, je
lui annonçai une révoltante nouvelle
: dans la matinée, ma hiérarchie m’avait
formellement interdit de continuer à mener
des séances de relaxation. Madame M. trouva
cette interdiction absurde et aberrante. Elle écrivit
son indignation à la direction, en vain.
Comme il est difficile d’être
novateur dans l’administration ! Moins d’un
mois après mon embauche, sous la pression
de certains de mes collègues psychologues
de formation psychanalytique, la sous-directrice
dont je dépendais m’intima l’ordre
de cesser toute activité de relaxation. Il
fallait, selon elle, « harmoniser le travail
des équipes. » Malgré le
soutien engagé du syndicat autonome, je ne
pus rien faire pour continuer à aider de mon
mieux les personnes que nous avons reçues.
Invoquant le devoir de réserve, je fus contraint
d'accepter en silence la sentence.
Je fus muté dans un service
d’imagerie médicale pour venir en aide
aux exclus, SDF et réfugiés politiques.
Pendant deux mois et demi, je m’investis dans
le soutien psychologique de ces nouveaux bénéficiaires.
A la demande du chef de service, je créai
un partenariat actif avec plus de cinquante associations.
Malgré sa satisfaction manifeste, et les nombreuses
lettres que j’adressai au directeur de la santé ainsi
qu’au maire de la Ville de Paris, mon contrat
ne fut pas renouvelé et je ne reçus
aucune réponse.
Début mai, je retournai
m’inscrire à l’Assedic. Au guichet,
une femme sympathique et souriante me reçut. « A
la recherche d’un emploi de psychologue, psychothérapeute
? Bienvenu au club » me dit-elle. J’appris
avec stupeur qu’elle en était au même
point et qu’elle cherchait activement un emploi
de ce type malgré la fonction « alimentaire » qu’elle
exerçait auprès des demandeurs d’emplois.
Il en va ainsi de même pour des milliers de
psychologues qui ne parviennent pas à trouver
une activité salariée, faute de budget
et de volonté politique de faire changer les
choses...
En ce funeste mois de mai, l’association
perdit son local à cause du dépôt
de bilan de l’Espace la Comédia. Malgré des
travaux gigantesques qui ont duré près
de six mois et une activité en pleine expansion,
cette ambitieuse structure a dû fermer ses
portes pour des questions de normes de sécurité.
Dixit la ville de Paris.
Maigre consolation, la mairie du
vingtième arrondissement nous octroya une
subvention de 30 000 F sur le budget de la culture.
Les lettres et les trois dossiers de demande de subvention
que j’apportai au maire de Paris pour ce poste
salarié dont nous avions besoin sont restées
sans réponse. Ces dossiers ont, parait-il, été égarés
! J’écrivis de nouveau à plusieurs
reprises au Maire de Paris qui jamais ne m’a
répondu. Malgré tous nos efforts, nous
n’avons pu continuer notre action sans un soutien
concret.
Agir pour sa Santé et Espace
Création Bien-être (Paris) ont apporté leur
aide aux personnes en difficultés psychologique,
somatique et sociale pendant 53 mois. Grâce à l’aide
de 70 bénévoles, depuis sa création
(19/02/97) jusqu’à ce jour, ces associations
ont réalisé 1434 ateliers et enregistré 5259
participations.
Malgré ces impondérables,
je poursuis actuellement l’action entreprise
par nos associations dans le cadre magnifique de
la Corse. Après une formation à la
création de sites Internet, j’ai réalisé le
site d’Agir
pour sa Santé que vous visitez.
Un forum, des stages, des formations ainsi que des
consultations y sont proposés, au même
titre que mon livre. Dans l'objectif d'apporter
une aide au plus grand nombre j'ai élaboré le site
"Rémissions" dont l'objectif est de
collationner les témoignages de rémissions
spontanées.
Sur le site d’Espace
Création
Bien-être sont
proposés des argiles, des peintures,
des photographies ainsi que des stages et des formations.
Par le biais de cette structure, j'ai élaboré en
2005 un nouveau projet : ADO
SOS pour venir en aide aux adolescents
suicidaires.
En effet, le suicide est la deuxième cause
de mortalité des adolescents en France.
Toutefois, malgré une évaluation
des plus positives, aucune subvention ne nous
a été accordée par les pouvoirs publics. Après
trois ans de travail, j'ai dû interrompre
cette action qui a pourtant
fait les preuves de son efficacité.
Aujourd'hui, nous proposons des consultations,
des ateliers
et des stages de création, des formations et
des supervisions à Paris
et à Angers.
Si l’idée d’un
partenariat ou d'un mécénat vous intéresse
pour soutenir nos actions dont l’utilité publique
sera, je l'espère, bientôt reconnue,
sachez que je suis ouvert à toute
proposition.
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