J’ai accepté malgré l’inconnu et
mon appréhension des hôpitaux, voire une
certaine peur. Par contre, je n’avais aucune contrainte,
tant de la part de mes
proches, que du corps médical, voire d’une autorité quelconque.
Une fois sur
place, il m’a fallu accepter les soins médicaux – mes
souvenirs d’enfants avec
ses séjours pour soins oculaires ressortaient - et
me faire expliquer les
réactions et actes des intervenants infirmiers. On
m’a dit qu’il n’y avait que
5 jours à endurer. Souvent difficiles, mais tellement
bénéfiques.
Ce qui a été particulièrement
important pour ma démarche de soins, une fois
dans
le centre de cure, c’est d’essayer tous les « outils » de
recherche de la
guérison la plus durable possible. J’ai
tout essayé, j’en ai redemandé, même.
Oui,
j’ai accepté toutes les thérapies,
- examens, prises de parole, les
activités diverses, sophrologie - dans ce sens
où je ne les ai pas critiqués,
fait rare chez moi.
Dans
les activités qui m’ont aidé et
que j’ai tenté de comprendre ensuite, il
y
avait le génosociogramme. C’est l’étude
de la généalogie, l’histoire de la
famille et de ses relations. Le simple fait de mettre
sur une page ses
descendants et ascendants permet d’abord de découvrir
qu’il y a des « blancs ».
Puis
de se poser la question du pourquoi. Ensuite, quand le
médecin ou
l’infirmière qui gérait cette discipline
m’a demandé d’évaluer les bonnes
ou
mauvaises relations entre chaque personne du génosociogramme,
j’ai eu des
surprises, qui m’ont obligé à profondément
y réfléchir. Le choix des prénoms
donnés explique aussi sur ce que pouvait ressentir,
celui, celle, ou ceux qui
l’avaient donné.
Pour information, je
n’ai terminé mon génosociogramme
que très longtemps après
ma première cure.
Ce qui m’a aidé aussi,
dans le cadre de ma première cure, c’est
l’ensemble
des
infos données concernant cette maladie, les soins,
le corps humain, toutes les
maladies dues à l’alcool.
Intervenir en groupe
de parole m’a plu, mais… Car
il y a un « mais » : se
dévoiler fait partie de la thérapie. Laisser
le malade dans des phrases « c’est
à vous de trouver », même si c’est
vrai, ouvre une porte vers la frustration.
Comment puis-je trouver maintenant ce que je n’ai
pas trouvé hier. Pourquoi ne
m’aidez vous pas ? En fait, j’ai compris
que c’est à chacun de trouver, même
si
cela est souvent long, pas forcément pénible.
Aussi
je résumerais, que lors de ma cure, tout
n’était pas « réglé ».
Et ce dont
j’ai souffert, c’est de ne pas avoir de suivi
par la suite. Aussi, il m’a été
indispensable de le mettre en place moi-même.
La sophrologie, découverte
en cure est une technique de relaxation
extraordinaire. Plus tard j’ai découvert
les Exercices de St Ignace, qui, sans
le savoir, a inventé la sophrologie. L’idéal
pour le malade, c’est de
s’inventer sa propre séance. Cette technique
m’a encore plus aidé après un
sevrage des médicaments, bien après mon
abstinence. Encore actuellement, ayant
perdu ma mémoire, je descends en elle, je vais
m’y balader et je me focalise
sur les meilleurs moments que j’ai vécu.
Quand j’ai à résoudre un problème
lié
au passé, j’y descends aussi, mais sans
plus aucune appréhension. Dans les
autres formes de sophrologie, je vous recommande une
technique, que l’on
pourrait nommer le « livre de sa vie », ou
l’on en tourne chaque page, ou l’on
laisse venir chaque page, pour ensuite brûler à jamais
celles qui font trop mal
sur le moment. Quand j’étais très
angoissé, j’utilisais la technique du « lavage
du corps » où l’on se frictionne chaque
partie du corps, sans se presser, avec
attention, pour finir par une séance de sophro.
Détente assurée. À mes tous
débuts d’abstinence, j’ai aussi utilisé la
décontraction par le massage des
pieds et des mains (do in).
Parlons de l’après-cure
et des suivis : personnellement, j’ai visité toutes
les
associations d’anciens buveurs de ma région.
N’étant pas très sociable, toutes
les associations me proposant le morceau de saucisson
et la discussion boules
de pétanque à la main, je les ai rejetées.
Mais je ne dis pas qu’elles ne sont
pas bonnes. Simplement, elles ne correspondent pas à mon
type de caractère.
Sachant que je voulais
poursuivre ma recherche intérieure,
les alcooliques
anonymes (AA) m’ont aidé, dans le sens où l’on
discutait avec honnêteté
d’histoires d’alcooliques pendant leurs réunions
et que cela ne durait pas plus
d’une heure. Leur littérature m’a
aidé aussi.
J’ai découvert
après mon abstinence
Les Pélerins de L’Eau Vive, association
chrétienne d’aide aux malades de l’alcool.
Leur particularité, et elle est de
taille, c’est qu’ils préparent l’abstinence
du jour, la veille, par le verre
d’eau rempli en récitant le Notre Père.
Indépendamment de la prière, ils sont
les seuls à préparer l’abstinence
du lendemain, la veille.
Il existe enfin, il faut le savoir,
la guérison
par la seule force de la prière.
En conclusion :
L’alcoolisme est une maladie dont on ne guérit
que par l’abstinence totale.
Chaque
jour offre l’occasion de triompher de ces
peurs, de cicatriser ses
blessures et d’en oublier même le mot alcool.
Et on ne guérit vraiment que
quand on est heureux dans son abstinence.
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