Dépression
Vous pouvez également prendre
connaissance de l'intéressant témoignage de Patrick qui a guéri
de sa dépression : http://agirpoursasante.free.fr/remissions/pages/depression.htm
Un nouveau traitement contre la dépression
: La luminothérapie
Du printemps en hiver
Au début des années 80, une poignée de chercheurs
du National Institute of Mental Health aux Etats Unis eut une idée
un peu folle : Puisque les gens devenaient déprimés
quand ils manquaient de lumière, pourquoi ne pas les exposer
tout simplement à de la lumière ?
Ils songèrent alors à l'expérimenter sur
un de leurs amis, Herb Kern, un ingénieur de 63 ans qui
traversait une dépression profonde chaque année, à l’approche
de l’hiver. Herb accepta de se prêter à l’expérience.
Ils mirent ensuite au point un boîtier en métal, recouvert
d’un écran en plastique, dans lequel étaient
insérées des ampoules fluorescentes. Le premier appareil
de luminothérapie était né.
Au terme de trois jours
de traitement Herb avait retrouvé un état
de bien être très profond. La luminothérapie
venait de faire ses premiers pas en soulageant les symptômes
de son tout premier patient.
Depuis ces années, les chercheurs ont multiplié les
essais cliniques qui ont tous démontré l’efficacité de
la luminothérapie dans le traitement de la dépression
saisonnière. Ils ont permis de mieux comprendre aussi cette
thérapie, au niveau expérimental et théorique.
Néanmoins, très longtemps la luminothérapie
est demeurée assez confidentielle, et largement méconnue
du corps médical. En pratique, elle s’est développée
dans l’ombre imposante de la thérapie standard en
matière de dépression, c'est-à-dire les antidépresseurs.
Pourtant, comme le rappelait
récemment un éditorialiste
de Archives of General Psychiatry : "Pour le SAD, la lumière
est aussi efficace que les antidépresseurs, peut-être
plus".
Cette dernière affirmation est corroborée par de
très nombreux essais cliniques.
En 2004 par exemple, des
chercheurs canadiens ont soumis 96 patients à un
traitement comprenant soit, 20 mg de fluoxétine (une des
molécules d'un antidépresseur célèbre),
soit 30 minutes d’exposition à une lumière
de 10.000 lux.
Au terme de 8 semaines
de traitement, 67% des patients des deux groupes connaissaient
une amélioration de leur état.
50% des personnes du groupe luminothérapie avaient guéri
de leurs symptômes contre 54% dans le groupe fluoxétine.
De plus récentes études donneraient désormais
l’avantage à la lumière sur un antidépresseur
célèbre.
L’auteur de cette étude canadienne, le Dr Lam, s’étonnait
d’ailleurs de la différence de statut existant entre
la luminothérapie et les antidepresseurs : ''C'est une honte
qu’un plus grand nombre de personnes ne puisse avoir accès à la
luminothérapie, cela, uniquement parce que les médecins
ne connaissent pas ce traitement.'
Toutefois, l’événement majeur intervenait
en 2005, année au cours de laquelle la luminothérapie était
consacrée officiellement par les associations psychiatriques
américaines comme traitement de première ligne contre
la dépression saisonnière (SAD).
Une méta analyse initiée par l'Association Psychiatrique
Américaine concluait en effet que les essais cliniques " rapportaient
la preuve que la luminothérapie était aussi efficace
que les médicaments antidépresseurs pour combattre
les symptômes du SAD ou les autres formes de dépression."
L’auteur de ce rapport rendait aussi hommage à la recherche en luminothérapie,
qui s’était développée, depuis l’origine, dans
des conditions assez difficiles :
''L'industrie pharmaceutique, qui affecte
des ressources considérables
aux activités de recherches et de développement,
consacre une grande partie de la recherche expérimentale à la
mise au point de nouveaux antidépresseurs. En revanche,
il n'y a pas eu d’industrie pareillement dotée ni
de marché assez grand pour appuyer le développement
et l’expérimentation des traitements de luminothérapie''
Toujours est il que, du fait de cette consécration, une
nouvelle ère s’ouvre probablement pour la luminothérapie,
Or cette consécration allait concerner l’emploi de
la luminothérapie dans le traitement du SAD, mais également
dans un autre domaine d’application moins connu du public,
celui de la dépression ordinaire, (également dénommée
non saisonnière, par opposition à la dépression
hivernale).
Par une ironie de l’histoire, les premiers essais cliniques
d’utilisation de la luminothérapie avaient justement
concerné le traitement de cette dépression ordinaire.
Historiquement, la recherche en luminothérapie s’était
quasi exlusivement orientée vers le SAD, pour en faire l’objet
essentiel de ses expérimentations.
Néanmoins, depuis très longtemps, certains chercheurs – dont
le docteur Daniel Kripke – ont poursuivi parallèlement
leurs tentatives d’application de la lumière aux patients
souffrant de désordres dépressifs non saisonniers.
S’agissant de la dépression hivernale (SAD), la
recherche avait permis de dégager tres rapidement des fondements
théoriques et pratiques, clairs et incontestables.
Mais dans le domaine de la dépression ordinaire, les résultats
se sont souvent révélés longs à dessiner,
contradictoires, difficiles à interpréter et aucune évidence
ne s’est imposée rapidement.
Cela ne surprend pas lorsque l’on connaît la difficulté que
recèle le traitement de la dépression, les antidépresseurs
connaissant eux même un taux d’échec important
en ce domaine.
Vingt années de recherches s’achèvent, mais
il est désormais établi que la luminothérapie
a fait la preuve d’une efficacité prometteuse dans
le traitement de la dépression non saisonnière.
Au-delà du SAD
En 1984, Norman Rosenthal alors jeune chercheur
au National Institute of Mental Health va définir les caractéristiques
du SAD, présent chez les patients qu’il a observés,
en tant que constitutives d’un trouble affectif saisonnier.
Cependant, très vite, derrière l’aspect
saisonnier de ces troubles de l’humeur, propres à la
saison automne hiver, on soupçonnera l’existence
d’autres symptômes, correspondant à d’autres
formes de dépression. En d’autres termes, la
dépression hivernale pouvait dissimuler en arrière-plan
une dépression ordinaire, non saisonnière.
Cette hypothèse est beaucoup plus fréquente
qu’on ne le pense généralement.
Ce peut être le cas d'une personne souffrant de SAD
et suivant un traitement, soutenu et efficace, de luminothérapie.
Après l’interruption de ce traitement, par
exemple à la mi février, il pourra se produire
que réapparaisse chez cette personne, dans un délai
plus ou moins long, un état dépressif. Cet état
correspondra possiblement à la réinstallation
d’une dépression antérieure, de nature
différente, non liée à la saison automne-hiver,
et non diagnostiquée.
Ce type de phénomène avait été déjà relevé en
1990 sur un échantillon de 22 patients victimes d’attaques
de panique, et soumis à observation clinique. Cette
observation démontra une forte aggravation des attaques
de panique pendant la saison automne-hiver.
Une année plus tard des psychiatres new yorkais
rapportèrent le cas d’une autre patiente, également
victime d’attaques de panique. De la même façon,
il était observé chez elle, une forte augmentation
de la fréquence des crises pendant la période
automne-hiver. Celles-ci passaient d’une crise par
semaine durant le reste de l’année, à 4 à 5
crises par jour, au plus fort de l’hiver.
Les résultats du traitement de luminothérapie
qu’elle reçut dans le cadre de la dépression
hivernale dont elle était également atteinte,
révélèrent quelques surprises. Il y
eut certes rémission rapide du SAD, mais surtout le
nombre d’attaques de panique dont elle était
victime diminua considérablement.
Les auteurs de cette observation
notaient que ces crises de panique saisonnière étaient
probablement une variante du SAD.
D’autres types de dépression,
aggravées
par la saison automne-hiver, peuvent se dissimuler derrière
le SAD.
Des chercheurs investiguèrent récemment sur
110 patients atteints du syndrome de fatigue chronique (SFC).
Apres observation de ces patients il apparut que plus de
30% d’entre eux connaissaient une aggravation de leur état
durant la saison automne-hiver, avec également, l’apparition
de symptômes du SAD, à un niveau très
aigu. (Excès de sommeil, prise de poids, à un
score très élevé). Plus de la moitié d’entre
eux connaissaient ensuite une dépression sévère.
À Boston, il était rapporté le cas
d’une patiente anorexique de 17 ans dont l’état
s’aggravait considérablement chaque hiver. Au
terme d’un mois de traitement par la lumière,
son état de santé et son comportement alimentaire
marquèrent une amélioration considérable.
Les chercheurs de l’Université de Boston émirent
alors l’hypothèse que la luminothérapie
pourrait être employée pour les personnes boulimiques
ou anorexiques connaissant une aggravation de leur état
en hiver. Ces hypothèses devaient être vérifiées
par la suite.
En 2004 des chercheurs tentèrent de mesurer le degré de
saisonnalité des personnes atteintes de dépression,
sous ses diverses formes. Cette étude démontra
que, parmi les différentes formes de dépression,
ce sont les personnes atteintes de troubles bipolaires qui
expérimentent la plus grande saisonnalité.
La dépression non saisonnière
Hormis ces hypothèses assez particulières,
les chercheurs poursuivaient de façon expérimentale
l’application de la luminothérapie à la
dépression ordinaire.
L'une des toutes premières études en ce domaine
fit apparaître une réduction importante des
symptômes dépressifs en moins d’une journée,
après une séance de luminothérapie d’une
heure. (Kripke, 1981)
Ces résultats furent répliqués dans
une autre étude en 1983 (Kripke, Risch et Janowsky).
Deux autres études firent état d’un
bénéfice encore plus fort en 5 jours (Kripke,
Gillin, Mullaney, Risch et Janowsky, 1987) ou en une semaine
(Kripke, Mullaney, Klauber, Risch et Gillin, 1992). Quelques études
toutefois laissèrent apparaître des résultats
en sens contraire.
En 1992, Daniel Kripke rendit compte
de l’application
d’un traitement de luminothérapie à 25
vétérans atteints de dépression non
saisonnière et de troubles bipolaires dans des formes
mineures. En une semaine de traitement, les 25 patients réduisirent
leur score de dépression de 18%. 26 autres patients,
soumis à un placebo, ne montrèrent aucune amélioration.
En 1998, dans une étude de synthèse de l’ensemble
des travaux publiés sur ce thème, Daniel Kripke
tirait alors la conclusion suivante :
"La luminothérapie, traitement de base du SAD,
peut tout aussi bien offrir une voie non médicamenteuse
de traitement de la dépression non saisonnière.
Les épreuves cliniques ont démontré des
niveaux équivalents d'amélioration entre la
luminothérapie et un traitement d’antidépresseurs".
"Mieux encore la luminothérapie s’est
révélée agir plus rapidement, avec une
amélioration de l’état apparaissant au
bout d'une semaine, alors que les traitements médicamenteux
demandent plus de huit semaines pour atteindre des résultats équivalents".
"Au terme de 20 ans d’expérience il apparaît
désormais que la lumière est aussi efficace
dans le traitement de la dépression saisonnière
que dans le traitement de la dépression non saisonnière".
Le Dr Kripke ajoutait lors d’un colloque
psychiatrique:
"L’effet net de la lumière, c'est-à-dire la réponse
du groupe expérimental moins celle du groupe placebo, s’établit à une
réduction des symptômes de 12 à 35%. Or l’obtention
de ces résultats n’a nécessité qu’une semaine
de traitement de luminothérapie, et ce score est lui-même supérieur
aux mêmes scores nets habituels des antidépresseurs au terme de
2 ou 3 mois de traitement"
En 2004, la Cochrane Review, revue
médicale faisant
autorité, recommanda officiellement l’emploi
de la luminothérapie dans le traitement de la dépression
non saisonnière. L’American Psychiatric Association
et l’American Academy of Sleep Medicine firent de même.
Il fallait encore soumettre ce principe à une dernière
vérification.
Le risque demeurait en effet que
les études aient été faussées
par la prise en compte de patients affectés d’une
certaine saisonnalité (dépression non saisonnière
avec aggravation de symptômes en automne-hiver).
Une équipe de chercheurs décida donc, à titre
de contre-épreuve, de soumettre à un traitement
de luminothérapie un échantillon de personnes
chez lesquelles toute saisonnalité était exclue.
L’échantillon de l'essai fut exclusivement
composé de personnes atteintes de dépression
depuis au moins deux ans et dont l’état ne marquait
pas d’aggravation en hiver, par rapport au reste de
l’année.
La réponse fut remarquable, puisque 50% des patients
atteints de dépression non saisonnière et soumis
au traitement de luminothérapie allaient connaître
une complète rémission des symptômes
en moins de 5 semaines.
En 2002, Michalak, Wilkinson, Hood
et Dowrick avaient tenté de
cerner les différences existant entre le SAD et les
dépressions non saisonnières.
Ils ont observé que les patients
victimes du SAD connaissaient moins de troubles cognitifs
et comportementaux que les dépressifs non saisonniers,
ceux ci nécessitant
un traitement médical de façon beaucoup plus évidente
que les personnes atteintes du SAD. D’autre part il était
constaté chez les victimes de la dépression
non saisonnière un état de quasi-désespérance
et une perte de poids.
Luminothérapie et antidépresseurs
La combinaison de thérapies est un autre domaine
d'application prometteur de la luminothérapie.
Dans le cadre des expérimentations cliniques, la
luminothérapie a été testée en
tant que thérapie de complément à un
traitement d’antidépresseurs.
Cette recherche a permis de démontrer le caractère
synergétique de la lumière. Quelques études,
encore insuffisamment nombreuses, ont démontré que
la combinaison des antidépresseurs avec la luminothérapie,
avait pour résultat d’entraîner une amélioration
beaucoup plus rapide et soutenue de la dépression.
Alors que les antidépresseurs nécessitent
généralement plusieurs semaines pour commencer
de provoquer une réponse du patient, leur combinaison
avec la luminothérapie a pour effet de raccourcir
très fortement le délai de réponse.
Une étude récente a mesuré l’effet
d’un traitement complémentaire de luminothérapie
sur des dépressifs non saisonniers, déjà soumis
par ailleurs à un traitement d'antidépresseurs
(sertraline).
Les patients ont été exposés d’une
part à un traitement de luminothérapie, d’autre
part à un placebo. Le taux de réponse fut de
66,7% dans le groupe luminothérapie + sertraline avec
un taux de rémission de 41,7%.
Dans le groupe sertraline + placebo,
le taux de remission ne s’établissait qu’à 14%, soit
une amélioration nette significative de l'effet des
antidepresseurs par l'apport de lumière.
Une autre combinaison de thérapies
met en oeuvre la luminothérapie et la thérapie
d'éveil.
Publié avec l'aimable autorisation
du site de référence en luminothérapie
et simulateurs d'aube - http://www.zestress.com/
Pour lire la suite de cet article, cliquez
sur le bouton "Suite".
|