Antidote Europe - Une alternative
aux tests sur les animaux
Chronique du Professeur Claude Reiss,
Président de l'association Antidote Europe.
Antidote Europe est une association à but
non lucratif, créée par des chercheurs, pour la
plupart issus du CNRS, oeuvrant pour une meilleure prévention
en matière de santé humaine.
Après le succès de notre
mobilisation en juillet 2006, qui avait recueilli
140 signatures d'associations de 12 pays, représentant plus
de 1 million
de citoyens européens (voir
http://www.antidote-europe.org/barrosoII_fr.htm ) mais après
la réponse
décevante de la Commission européenne, Antidote Europe
prépare non plus un
simple courrier mais une action juridique.
Nous voulons obtenir que les tests de substances
chimiques sur des animaux
soient relégués aux oubliettes de l'histoire, là où leur
caractère
totalement aléatoire aurait dû les placer depuis longtemps,
et qu'ils
soient remplacés par des méthodes véritablement
scientifiques. On
cesserait ainsi de jouer notre santé à la roulette
russe, on disposerait
très vite d'une évaluation toxicologique des plus
de 100.000 substances
chimiques présentes dans notre environnement à un
coût abordable, on
ferait de substantielles économies dans les budgets de santé et
on
épargnerait des millions d'animaux dans les laboratoires...
européens pour
commencer, du monde entier quand cet exemple sera suivi !
Le contexte est favorable : l'Académie
des Sciences des Etats-Unis a
produit pas moins de trois rapports en 2007 sur la toxicogénomique
et
d'autres méthodes modernes ne faisant pas appel aux tests
sur des animaux
; le terme "validation" a déjà fait son
apparition dans ces rapports,
alors qu'une autre autorité états-unienne chargée
de délivrer les
autorisations de mise sur le marché des médicaments
(cas particulier de
substances chimiques) donne déjà la priorité aux
dossiers qui contiennent
des données de toxicogénomique. En Europe, en France,
aucune des autorités
avec lesquelles nous sommes en contact ne conteste l'intérêt
de cette
méthode.
Il faut donc que les autorités passent
des voeux aux actes le plus vite
possible. Pour les y amener, nous vous proposons de soutenir notre
action
juridique. Pour cela, il vous suffit d'imprimer le texte ci-joint
sur
votre papier à en-tête, le compléter, dater
et signer, et nous le faire
parvenir par courrier postal à : Antidote Europe - 25 rue
Jacques Callot -
66000 Perpignan - France.
Attention : ce document ne s'adresse qu'aux responsables
d'associations,
et non aux particuliers. En effet, comme en juillet 2006, nous
voulons
montrer que des organisations de tous bords et de tous pays soutiennent
cette démarche. Nous vous serons reconnaissants de nous
indiquer combien
de membres compte votre organisation, afin que nous puissions faire
le
total des personnes représentées. Nous ne communiquerons
pas le nombre de
membres de chaque organisation participante.
Bien entendu, si vous souhaitez lire le texte
entier de la plainte
(uniquement en français), nous vous ferons parvenir ce document
par
courrier électronique. Notez bien que nous avons rédigé,
en fin de résumé,
une formule qui vous permet de soutenir moralement notre action
sans vous
engager juridiquement et, donc, sans aucun risque (financier, en
particulier) pour votre association. Antidote Europe mènera
seule cette
action juridique mais votre appui moral, en montrant (aux autorités
et à
la presse) que nous sommes très nombreux, sera l'une des
clés du succès de
cette action.
N'hésitez pas à transmettre ce
message à toutes
les associations avec
lesquelles vous êtes en contact !
En vous souhaitant une excellente année
2008 et avec la conviction d'y
contribuer par cette action,
Bien cordialement,
Hélène Sarraseca
Directrice
Antidote Europe
25 rue Jacques Callot - 66000 Perpignan - France
33 (0)4 68 80 53 32 (lundi et jeudi de 10h30 à 18h)
info@antidote-europe.org
http://www.antidote-europe.org
Paris, 12 février 2007 - Antidote Europe
interpelle la Commission européenne au sujet des tests exigés
dans le cadre de REACH. Elaboré dans le but de protéger
la santé humaine et l'environnement, le règlement
REACH a été adopté en décembre dernier.
Or, plutôt que de tirer parti des méthodes modernes
pour mettre en évidence la toxicité des substances
chimiques, des tests continueront à se faire, comme au Moyen
Age, sur des animaux, et à fournir des résultats
aussi aléatoires qu'un jeu de pile ou face... à moins
que ces résultats ne soient orientés pour innocenter
des substances pourtant dangereuses !
Antidote Europe vient d'écrire à la
Commission européenne, dont les directives déterminent
par quelles méthodes les substances chimiques doivent être
testées, pour lui rappeler l'existence de méthodes
scientifiques, telle la toxicogénomique. Cette méthode
est déjà utilisée aux Etats-Unis depuis des
années. Plus récemment, le Centre commun de recherche,
sous l'égide de la Commission européenne, s'est doté d'un
département de toxicogénomique. Alors qu'elle fournit
des résultats valables pour l'homme, qu'elle est bien plus
rapide et moins chère que les tests actuellement requis,
pourquoi son utilisation est-elle retardée ?
Pourquoi la Commission européenne continue-t-elle à exiger
des tests sur des animaux, pourtant qualifiés de "mauvaise
science" par l'un de ses propres responsables scientifiques
?
Le bon exemple viendra peut-être de la
Belgique. En effet, le 29 novembre dernier, la commission des Affaires
sociales du Sénat belge approuvait une proposition de résolution
visant à la création d'un Centre de toxicogénomique.
Si un tel centre voyait le jour, les 100.000 substances chimiques
potentiellement présentes dans notre environnement pourraient être
testées en seulement deux ans.
Ci-dessous, la lettre envoyée par Antidote
Europe à Monsieur José Manuel Barroso, le jeudi 8
février dernier.
Monsieur le Président,
Nous sommes toujours dans l'attente de votre
réponse à une lettre du premier trimestre 2006 dans
laquelle nous vous demandions, conformément à la
directive 86/609/CEE, de remplacer les tests de toxicologie faits
sur des animaux par des évaluations scientifiques des risques
toxiques chez l'homme qui ont fait leurs preuves, comme la toxicogénomique.
Nous vous rappelons que cette lettre a été signée
par 140 associations représentant plus de 1.200.000 citoyens
de 12 pays, oeuvrant dans différents domaines (santé,
environnement, défense animale, etc.). Après plusieurs
demandes de rendez-vous auprès de votre cabinet, une délégation
de ces associations (incluant plusieurs scientifiques) a pu remettre
cette lettre le 10 juillet dernier, à un membre du cabinet
du commissaire à l'Environnement.
Cette personne nous a informés que la
lettre a été transmise à votre cabinet le
3 août dernier. Au cours de l'entretien, elle nous avait
affirmé que nous recevrions une réponse écrite.
Nous sommes désagréablement surpris par le silence
opposé par la Commission européenne, que vous présidez, à une
requête de plus d'un million de citoyens, concernant la préoccupation
première de chacun : la sauvegarde de sa santé.
Nous sommes d'autant plus étonnés
de ce silence, que le règlement REACH, enfin adopté le
18 décembre dernier, stipule : "La Commission, les
Etats membres, le secteur et les autres acteurs devraient continuer à contribuer à la
promotion de méthodes d'essai de remplacement aux niveaux
international et national, y compris les méthodes assistées
par ordinateur, les méthodes in vitro, par exemple, le cas échéant,
celles reposant sur la toxicogénomique et d'autres méthodes
pertinentes."
Alors que les preuves abondent de la pertinence
de cette méthode, en termes de coût, de rapidité et
surtout de validité des résultats pour l'homme, notamment
pour l'identification de substances cancérigènes,
neurotoxiques et reprotoxiques (les Etats-Unis ont créé un
Institut national de toxicogénomique en 2003), la Commission
européenne a lancé, fin 2006 et pour 5 ans, un programme
de recherche "carcinogénomique", alors même
que cette discipline est d'application courante et son stade de
recherche est dépassé depuis des années. Non
seulement la Commission gaspille ainsi 10,6 millions d'euros du
contribuable, mais elle va-t-elle, en plus, attendre la fin de
l'étude pour décider de mettre en oeuvre dans REACH
des méthodes de toxicologie pertinentes ?
Si, comme l'indique REACH, "la stratégie
de la Communauté visant à promouvoir des méthodes
d'essais de remplacement constitue une priorité et la Commission
devrait veiller (...) à ce que ce statut soit maintenu",
il vous appartient de prouver que ce ne sont pas là de simples
paroles. Les possibilités techniques actuelles permettent
de remplacer les archaïques essais sur des animaux par des
méthodes véritablement scientifiques, fiables et,
de surcroît, plus rapides et moins chères. Plus d'un
million d'Européens décèdent chaque année
de cancer, d'autres sont atteints de maladies neurologiques, de
stérilité, etc. De plus en plus d'études montrent
le rôle des substances chimiques de synthèse dans
ces pathologies et décès. Retarder l'évaluation
toxicologique des 100.000 substances existantes fait chaque jour
de nouvelles victimes.
Restant à votre disposition pour une entrevue
en vos bureaux, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président,
nos salutations distinguées.
http://www.antidote-europe.org/barrosoII_fr.htm
Contact : Claude Reiss (33 (0)1 60 12 14 54)
; Hélène Sarraseca (33(0)4 68 80 53 32)
Paris, 2 avril 2007 - Le comité scientifique
d'Antidote Europe constate que le thème de la santé est
rarement abordé par les candidats à l'élection
présidentielle et que les questions de fond sont plus rarement
encore évoquées. Pourtant, la santé est notre
bien le plus précieux et sa préservation mériterait
des efforts importants. Ceux-ci n'entraîneraient pas nécessairement
davantage de dépenses, bien au contraire ! Le questionnaire
ci-dessous a été envoyé aux douze candidats à l'élection
présidentielle. Une réponse a déjà été reçue.
Toutes les réponses seront publiées sur le site internet
d'Antidote Europe.
QUESTIONNAIRE :
La santé des Français va mal !
Par exemple :
- Le cancer est la première cause de mortalité en
dessous de 65 ans. En 2006, 300 000 nouveaux malades ont rejoint
les 750 000 qui en souffraient déjà. L’incidence
augmente de 1,5% par an depuis 30 ans.
- Les démences affectent 1,5% de la population.
Leur incidence augmente de 1 à 1,5% par an depuis 30 ans.
En 2006, 165 000 personnes ont rejoint les 850 000 qui souffraient
déjà de maladie d’Alzheimer (70% des cas de
démences).
- Parmi les enfants de moins de 15 ans, 1 sur
8 souffre d’un trouble mental (autisme, anorexie, boulimie,
schizophrénie, troubles obsessionnels compulsifs, hyperactivité,
etc.), 1 sur 4 est allergique…
Principaux responsables :
- Notre environnement : produits chimiques toxiques, autres pollutions, styles
de vie à risques...
- Progrès thérapeutiques insuffisants
Vous engagez-vous à stopper et à inverser
ces tendances désastreuses pour nous et les générations à venir
:
- Par une recherche biomédicale véritablement
scientifique ?
En 30 ans, l’augmentation de l'espérance
de vie après diagnostic d’un cancer ne se compte qu'en
semaines. Il n’existe aucune médication efficace contre
les maladies d'Alzheimer, de Parkinson, contre la sclérose
en plaque, pour éliminer le virus du SIDA du corps des personnes
séropositives.
En 30 ans, combien de communiqués triomphaux
clamant des progrès décisifs chez la souris, le rat,
le singe, restés sans lendemain pour le patient humain ?
Nous vous demandons de promouvoir une recherche biomédicale
n'ayant pas recours à de prétendus modèles
animaux, puisqu’il est prouvé qu’aucune espèce
animale n’est un modèle biologique fiable pour l’homme.
- Par une protection renforcée des nouveaux-nés
et des enfants ?
Les enfants naissent avec, en moyenne, déjà 10
substances chimiques de synthèse dans leur cordon ombilical.
Aliments et soins pour bébés contiennent des pesticides,
des additifs chimiques. Par unité de poids les enfants mangent,
boivent et respirent plus que les adultes ; ils absorbent donc
plus les substances chimiques qui nous environnent.
Nous vous demandons d'interdire les pesticides
et additifs toxiques dans les aliments pour bébés,
de créer un label "sécurité future maman" pour
aider les femmes enceintes à éviter l'exposition
aux substances dangereuses, de créer un label "sécurité enfant" pour
les produits ménagers d’intérieur (peintures,
teintures, vernis, etc.) ne contenant pas de substances (volatiles
en particulier) toxiques.
- Par une prévention sans faille ?
La toxicité des 100 000 produits chimiques
avec lesquels nous pouvons être en contact doit être évaluée
de façon scientifique. Plus d'un million de décès
prématurés par an en Europe pourraient ainsi être évités.
L’Union européenne (projet REACH) doit tester un nombre
restreint de ces produits sur des animaux : c'est dangereux car
un produit "bon pour le rat" peut s'avérer toxique
pour nous.
Nous vous demandons d'agir pour imposer une évaluation
rigoureuse des risques toxiques. La toxicogénomique, une
méthode éprouvée, est déjà adoptée à l’étranger,
valable pour l’homme, infalsifiable, 100 fois plus rapide
et 100 fois moins chère que les tests sur des animaux.
Le progrès scientifique devrait bénéficier à la
santé humaine. Une prévention efficace des maladies
est possible et devrait être une priorité pour tout
gouvernement.
Contact : Claude Reiss (33(0)1 60 12 14 54) ;
Hélène Sarraseca (33 (0)4 68
80 53 32) - http://www.antidote-europe.org
Pour
connaître la réponse des candidats...
«ANTIDOTE.EUROPE» A ÉVALUÉ LA
TOXICITÉ DE 28 SUBSTANCES CHIMIQUES
«Antidote Europe» est un comité scientifique
qui s'est donné pour mission de contribuer à l'avènement
d'une recherche biomédicale efficace et sûre.
Malgré le dynamisme de la recherche au
niveau mondial, le nombre d'individus atteints de maladies graves
ne cesse d'augmenter. Il est temps de dénoncer les défauts
des techniques les plus courantes,
largement basées sur l'expérimentation animale, et d'informer
le public, les medias et les autorités sur l'existence de méthodes
fiables, celles qui sont actuellement à la pointe de la recherche en
biomédecine, par exemple, la toxicogénomique, dont «Antidote» nous
propose une approche originale.
Evaluation de la toxicité de 28 substances
chimiques de synthèse
Afin de prouver la fiabilité de notre
Programme de toxicologie scientifique (PTS), nous avons évalué la
toxicité de 28 substances chimiques de synthèse,
c'est-à-dire des substances fabriquées par l'homme,
non extraites de plantes ou autrement présentes dans la
nature.
Le PTS nous a permis de confirmer leur toxicité et,
de plus, de comprendre par quels mécanismes ces substances
affectent nos cellules. Que ce soit clair : notre but n'était
pas de nous substituer aux instances
qui doivent fournir des informations sur la toxicité des produits mais
de démontrer que le PTS est fiable.
Nous avons donc testé des substances dont
nous savions déjà qu'elles sont dangereuses. Nous
avons démontré que ce danger pouvait être mis
en évidence avec le PTS, en quelques jours, et que le PTS
permet de savoir quels sont les risques majeurs liés à chaque
substance, risques qui n'étaient pas tous connus jusqu'à présent.
Certaines de ces substances étaient classées
comme cancérigènes pour les rongeurs mais seulement
comme "possibles" ou "probables" cancérigènes
pour les humains. Nul besoin, donc, d'avoir recours aux rongeurs,
lesquels n'ont pas forcément la même réaction
que les humains.
Effets évalués
Pour bien comprendre nos résultats, il
faut d'abord comprendre quels effets nous avons cherché à mettre
en évidence sur les cellules et qu'est-ce que cela signifie
pour l'individu entier. Nous avions tout d'abord sélectionné 1.100
gènes humains dont les activités sont connues dans
la neutralisation d'une substance agressive pour la cellule (détoxification),
son élimination (excrétion), la réparation
des dommages qu'elle a occasionnés (sur l'ADN, sur des protéines,
etc.), la sécurisation de la cellule face à l'agression
(réponse au stress, adaptation du métabolisme), la
conduite ultérieure de la vie de la cellule (contrôle
de la division), son devenir à terme, etc.
Pour des raisons de coût, nous n'avons
finalement mis sur les puces que 51 gènes regroupés
en 6 familles, selon les pathologies dans lesquelles ils interviennent
préférentiellement. Les membres d'une famille sont
donc des "marqueurs de voies pathologiques", qui "pavent" en
quelque sorte la route conduisant la cellule vers une maladie.
Beaucoup de ces gènes interviennent dans deux ou plusieurs
des six voies pathologiques.
Il est important de comprendre la stratégie
de cette sélection, qui repose sur une connaissance approfondie
du rôle de chaque gène dans les différentes
fonctions de la cellule. Encore une fois, cette sélection
ne s'est pas faite au hasard; nous avons étudié des
gènes "chefs d'orchestre" ou des gènes "ouvriers
indispensables", dont la perturbation déclenche des
troubles importants au sein de la cellule.
1. Stress cellulaire : Tout comme nous, la cellule
est stressée lorsqu'elle est confrontée à une
agression aiguë, c'est-à-dire lorsqu'elle est envahie
par des molécules qui déstabilisent son milieu intérieur
ou attaquent les molécules qu'elle a elle-même produites.
Nos puces contenaient cinq gènes impliqués dans la
réponse au stress oxydatif. (...)
Si nous constatons la perturbation de ces gènes,
c'est que la cellule est soumise à un stress suite à l'exposition à la
substance chimique, qu'elle tente de réparer les dommages
et qu'elle peut s'autodétruire si elle ne parvient pas à lutter
contre les effets de la substance. Selon la nature du dommage et
si des mécanismes de réparation ne sont pas mis en
place, il pourra en résulter, pour l'individu, des pathologies
différentes : cancer suite à l'action des radicaux
libres, pathologies inflammatoires ou auto-immunes, ou, comme dans
le cas du Vioxx, problèmes cardio-vasculaires, etc.
2. Dommages à l'ADN :
L'ADN étant le support de l'information
génétique, c'est-à-dire, à la fois
ce qui dirige l'activité cellulaire et toutes les informations
qui seront transmises aux cellules filles, "cabosser" l'ADN
peut avoir des conséquences très graves aussi bien
pour l'activité de la cellule que pour sa descendance. Nos
puces contenaient trois gènes impliqués dans la réparation
de l'ADN, trois gènes dont les produits suspendent la progression
du cycle cellulaire en réponse au dommage, c'est-à-dire
des gènes qui interrompent la vie de la cellule et l'empêchent
de se reproduire tant que le dommage n'est pas réparé et
trois gènes déclenchant la mort cellulaire (apoptose)
en réponse au dommage, c'est-à-dire des gènes
qui ordonnent à la cellule de se suicider si le dommage
n'est pas réparé, de sorte qu'elle ne gêne
pas le fonctionnement de l'organe et qu'elle n'ait pas des cellules
filles dont l'ADN serait également défectueux.
Si ces gènes sont perturbés, cela
signifie que ces mécanismes ne vont pas jouer et que des
cellules dont l'ADN est endommagé pourront effectivement
survivre et se multiplier. Selon l'endroit où l'ADN est
endommagé et les cellules dans lesquelles il est endommagé,
et si des mécanismes de réparation mettant en jeu
l'ensemble de l'organisme ne sont pas mis en place, il peut en
résulter, pour l'individu, l'apparition d'un cancer, ou
des enfants souffrant de malformations, etc.
3. Cycle cellulaire :
Un moment important de la vie de la cellule est
quand elle se divise pour donner lieu à deux cellules filles.
Ceci suppose de dupliquer l'ADN, afin que chaque cellule fille
en reçoive un exemplaire, et de répartir équitablement
tous les organites et molécules que possédait la
cellule mère.
C'est toute une organisation dont chaque étape
est contrôlée et ne se fait que si l'étape
précédente s'est déroulée sans problème.
Nos puces contenaient deux gènes contrôlant la prolifération
cellulaire et sept gènes impliqués dans l'arrêt
de la division cellulaire et le signal apoptotique, c'est-à-dire
des gènes qui peuvent forcer la cellule à se suicider
si la division ne se déroule pas correctement.
Si ces gènes sont perturbés dans
la cellule mère, celle-ci pourra éventuellement générer
des filles qui ne seront pas à même d'assumer leur
fonction et qui pourront, à leur tour, se diviser en cellules
anormales aussi. Ces problèmes pourront favoriser l'apparition
de cancers.
4. Neurotoxicité :
Il nous semblait important d'évaluer cet
effet car nous savons que de nombreux insecticides tuent leurs
cibles en bloquant leur système nerveux. Ces substances,
que nous pouvons inhaler ou absorber à la campagne ou dans
d'autres lieux où elles sont employées, ont-elles
le même effet sur nous ?
Si c'est le cas, cela pourrait expliquer l'augmentation
du nombre de personnes atteintes de maladies neurologiques comme
Parkinson ou Alzheimer ou comme le cancer du cerveau dont le nombre
de cas a été multiplié par plus de 10 parmi
les personnes âgées de 35 à 39 ans dans la
seconde moitié du XXe
siècle.
Nos puces contenaient huit gènes intervenant
(mais pas exclusivement, certains ayant aussi d'autres rôles
importants), dans la transmission neuronale et dans la mise en
place du système nerveux au cours du développement
embryonnaire et foetal.
Si ces gènes sont perturbés, on
peut s'attendre à des troubles neurologiques, mais aussi
psychologiques (schizophrénie, troubles obsessionnels compulsifs),
ainsi qu'à des malformations du système nerveux,
cardiaques ou des membres si c'est le foetus qui subit ces perturbations.
5. Réponse hormonale :
Du taux de sucre dans le sang à la reproduction,
les hormones régulent de nombreuses fonctions physiologiques.
Cette régulation suppose une harmonie très précise
entre boucles d'action et de rétroaction, de sorte qu'il
suffit d'une infime quantité d'une substance active pour
perturber notre système endocrinien.
Nos puces contenaient 10 gènes dont l'expression
est sous contrôle hormonal. Certains de ces gènes
codent pour des récepteurs aux hormones stéroïdes
sexuelles et leur perturbation pourrait expliquer les malformations
génitales ou la diminution de la fertilité masculine,
mais aussi les cancers hormono-dépendants comme celui du
sein ou de la prostate.
6. Organisation et contrôle de conformation
des protéines :
Si les gènes sont les directeurs de la
vie cellulaire, les protéines en sont les acteurs, les ouvriers.
Chacune a une composition donnée en acides aminés,
molécules plus petites qui s'enchaînent pour former
la protéine.
Chacune a aussi une structure tridimensionnelle
optimale pour lui permettre d'effectuer correctement sa tâche.
Une protéine mal repliée sera non seulement inefficace
mais, en plus, peut provoquer des réactions
auto-immunes. Nos puces contenaient six gènes impliqués dans
le contrôle qualité des protéines. Si ces gènes
sont perturbés, des protéines mal repliées pourront s'accumuler
dans les cellules et les "asphyxier".
Ceci peut déclencher une réaction
de notre système immunitaire qui cherchera à éliminer
ces cellules. Un tel mécanisme pourrait être à l'oeuvre
dans des maladies telles que celles d'Alzheimer ou de Parkinson,
le diabète de type II, certains cancers, peut-être
la sclérose en plaques, etc.
Substances testées et résultats
1. 1,4 Dioxane : solvant utilisé dans
des domaines très variés (pour extraire des huiles
animales et végétales, dans les peintures, vernis,
détergents, cosmétiques, insecticides et herbicides,
industrie du caoutchouc, etc.).
Nos observations : (...) Exposée au 1-4
dioxane et ses métabolites, la cellule neuronale voit donc
ses capacités à faire face aux six voies pathologiques
testées ponctuellement compromises notamment dans celle
de la réponse au stress.
Résumé : le dioxane et ses métabolites
entraînent les deux lignées de cellules humaines dans
trois des six voies pathologiques testées, en réprimant
quasi-systématiquement l'expression des gènes marqueurs
correspondants. A en juger par son action sur les gènes marqueurs, le
potentiel pathologique du 1-4 dioxane implique toutes les fonctions cellulaires étudiées.
Il affecte 14 des 51 marqueurs des six voies explorées par nos tests
toxicogénomiques.
2. 2-butoxyéthanol : solvant des cosmétiques,
laques, vernis ; utilisé pour fabriquer des esters d'acétate
comme les phtalates. 41 gènes sur les 51présents
sur la puce ont été réprimés très
fortement (pour certains, l'expression a été divisée
par 100). Toutes les fonctions cellulaires étudiées
ont été sévèrement compromises dans
les deux types cellulaires.
3. 3-aminophénol : utilisé dans
les colorations pour cheveux. 36 gènes sur les 51 présents
sur la puce ont été réprimés assez
fortement (pour certains, l'expression a été divisée
par 10). Toutes les fonctions cellulaires étudiées
ont été sévèrement compromises dans
les deux types cellulaires.
4. 4-aminobiphenyl : intermédiaire dans
les teintures; utilisé dans la recherche sur le cancer comme
agent cancérigène. 4 gènes sur 51 ont été assez
fortement stimulés dans les cellules hépatiques (marqueurs
de stress cellulaire, dommages à l'ADN, cycle cellulaire
et réponse hormonale); 25 gènes sur 51 ont été réprimés
dans les cellules nerveuses, concernant les six voies métaboliques étudiées.
5. Abamectine : acaricide, insecticide, vermifuge
(à usage vétérinaire); insecticide de la famille
des avermectines, très persistant, inhibiteur des synapses
GABAergiques chez l'insecte. Le potentiel pathologique de cet insecticide
et de ses métabolites est indiscutable sur les deux lignées
cellulaires, puisqu'ils affectent de façon massive 44 des
51 marqueurs des six voies explorées, dont 27 à la
fois dans les cellules hépatiques et les cellules nerveuses.
Les gènes affectés sont systématiquement réprimés,
pour certains, d'un facteur supérieur à 100 fois.
6. Acetaminophen (paracétamol) : médicament
analgésique; stabilisant pour l'eau oxygénée.
30 des 51 gènes présents sur nos puces ont été réprimés
assez fortement, 2 ont été stimulés, dans
les deux types cellulaires, affectant toutes les fonctions cellulaires étudiées.
7. Acétonitrile : matière première
pour la fabrication de substances chimiques (produits pharmaceutiques,
pesticides et produits photographiques); solvant utilisé dans
divers procédés de l'industrie chimique et des laboratoires
de recherche. 2 gènes ont été réprimés
et 3 gènes ont été stimulés dans les
cellules hépatiques (marqueurs de stress cellulaire, dommage à l'ADN,
cycle cellulaire, neurotoxicité et réponse hormonale).
15 gènes ont été réprimés dans
les cellules nerveuses, affectant toutes les fonctions cellulaires étudiées.
8. Acide benzoïque (E210) : Conservateur
présent dans les aliments, dentifrices et autres produits
de toilette; utilisé comme absorbant d'UV dans les plastiques.
38 des 51 gènes présents sur nos puces ont été réprimés,
pour certains très fortement. Ce produit et ses métabolites
ont très sévèrement compromis toutes les fonctions
cellulaires étudiées dans les deux types de cellules.
9. Acrylamide : utilisé dans le traitement
des eaux; réactif dans la production de composés
organiques. 3 des 51 gènes présents sur nos puces
ont été stimulés, 30 ont été réprimés,
pour certains très fortement. Dans les cellules nerveuses,
c'est surtout la dose la plus élevée qui a induit
des effets notables. Les cellules hépatiques, au contraire,
ont été très affectées dès la
dose la plus faible. Ce produit et ses métabolites ont très
sévèrement compromis toutes les fonctions cellulaires étudiées
dans les deux types de cellules.
10. Aldicarb : Insecticide, acaricide, nématicide
utilisé dans les fruits et légumes. 44 des 51 marqueurs
des 6 voies métaboliques explorées, dont 20 à la
fois dans les cellules hépatiques et les cellules nerveuses,
ont été affectés par cette substance qui a
donc sévèrement compromis toutes les fonctions cellulaires étudiées.
11. Aldrine : insecticide du sol et du coton.
14 gènes sur 51 ont été perturbés dans
les cellules hépatiques et, dans la plupart des cas, stimulés.
11 gènes sur 51 ont été perturbés dans
les cellules nerveuses, dont 2 stimulations spectaculaires (expression
des gènes multipliée par plus de 100). Toutes les
fonctions cellulaires étudiées ont été perturbées,
avec des réactions très différentes selon
les gènes : stimulations ou inhibitions d'intensités
différentes.
12. Benzophénone 3 : Ingrédient
de crèmes solaires et autres produits cosmétiques.
2 gènes réprimés (marqueurs de stress cellulaire
et de neurotoxicité) et 1 stimulé (marqueur de dommage à l'ADN)
dans les cellules hépatiques. 16 gènes réprimés
dans les cellules neuronales. La benzophénone et ses métabolites
agissent principalement sur la lignée neuronale et l'entraînent
dans les 6 voies pathologiques testées.
13. Bisphénol A : utilisé pour
la fabrication de polymères (PVC), de résines (résine époxy);
retardateur de flamme, fongicide. 1 seul gène a été réprimé dans
les cellules hépatiques à forte dose; par contre,
7 gènes ont été stimulés dans ces mêmes
cellules hépatiques à faible dose (on peut donc se
demander si la forte dose a laissé à ces cellules
leur capacité de répondre). 20 gènes ont été réprimés
dans les cellules nerveuses, affectant toutes les fonctions cellulaires étudiées.
14. Carbaryl : insecticide pour utilisations
non agricoles, médicaments vétérinaires. 4
gènes ont été stimulés et 7 ont été réprimés
dans les cellules hépatiques, affectant déjà l'ensemble
des fonctions cellulaires étudiées. Mais l'effet
a été particulièrement massif sur les cellules
nerveuses puisque 48 des 51 gènes ont été très
fortement réprimés (d'un facteur 100 et plus).
15. Chlorpyriphos : Acaricide et traitement du
maïs, des maisons; insecticide utilisé contre les moustiques,
dans le stockage des denrées, sur les animaux. Le potentiel
pathologique du chlorpyriphos est particulièrement massif
sur les deux lignées cellulaires, puisqu'il affecte 49 des
51 marqueurs des 6 voies explorées, dont 42 à la
fois dans les cellules hépatiques et les cellules nerveuses.
Les gènes ont été systématiquement
réprimés assez fortement, sauf un marqueur de neurotoxicité qui
a été stimulé dans les cellules nerveuses.
Ce produit fait partie de ceux qui ont perturbé le plus
grand nombre de gènes dans les deux types cellulaires. 16.
Dicofol : Acaricide de la famille des carbinols, anti-mites; utilisé sur
les cultures agricoles. Un seul gène, marqueur de neurotoxicité,
a été réprimé dans les cellules hépatiques
et ce, de façon peu accentuée. Par contre, 41 des
51 gènes étudiés ont été réprimés
dans les cellules nerveuses, affectant toutes les fonctions étudiées.
17. Ethylène glycol : antigel pour les
systèmes de refroidissement; solvant utilisé dans
l'industrie pharmaceutique, extraits alimentaires et essences,
lotions pour le visage, poudres (cosmétiques), etc. Ce produit
fait partie de ceux qui ont le plus perturbé l'expression
des gènes étudiés, dans les deux types cellulaires,
puisque 29 gènes sur 51 ont été réprimés
dans les cellules hépatiques et 48 sur 51 dans les cellules
neuronales, affectant toutes les fonctions étudiées.
L'effet constaté a été, dans tous les cas,
une répression. Dans la plupart des cas, en particulier
dans les cellules nerveuses, cette répression a été très
forte, puisque nous avons constaté à plusieurs reprises
une division par cent de l'activité du gène, surtout
aux temps d'exposition les plus longs.
18. Fénazaquine : insecticide très
persistant. Ce produit a eu des effets plus marqués sur
les cellules hépatiques que sur les cellules neuronales,
bien que dans les deux cas il ait affecté l'ensemble des
fonctions étudiées. 22 gènes ont été systématiquement
réprimés, pour certains d'un facteur cent, dans les
cellules hépatiques. 11 gènes ont été réprimés
dans les cellules nerveuses, là aussi, très fortement.
19. Fipronil : insecticide pour les animaux et
les cultures agricoles. Le fipronil et ses métabolites entraînent
les deux lignées de cellules humaines à répondre
en mobilisant 2 gènes de stress et 2 gènes marqueurs
de dommage à l'ADN. Deux de ces 4 gènes sont stimulés,
les autres sont réprimés. Nous avons aussi constaté la
répression d'un marqueur de neurotoxicité et de réponse
hormonale dans les cellules hépatiques, ainsi que celle
d'un marqueur du cycle cellulaire, deux marqueurs de réponse
hormonale et un marqueur de contrôle qualité des protéines
dans les cellules nerveuses. Ce produit a donc affecté la
plupart des fonctions cellulaires étudiées dans nos
expériences mais moins massivement que d'autres produits.
20. Heptachlor : insecticide pour le coton, les
graines, contre les termites, moustiques et mouches. L'heptachlor
a stimulé un marqueur de dommage à l'ADN dans les
cellules de foie. Il a eu un effet plus marqué sur les cellules
nerveuses, réprimant 17 gènes sur les 51, affectant
toutes les fonctions cellulaires étudiées, surtout à la
dose la plus faible mais au temps d'exposition le plus long.
21. Lindane : insecticide pour le traitement
des graines, contre les ectoparasites des animaux. Le potentiel
pathologique du lindane concerne toutes les fonctions cellulaires étudiées
sur les deux lignées cellulaires,
puisqu'il affecte 43 des 51 marqueurs des 6 voies explorées, dont 11 à la
fois dans les cellules hépatiques et les cellules nerveuses. Les gènes
ont systématiquement subi une répression.
22. Méthoxychlor : insecticide contre
les moustiques, mouches, ou les ectoparasites du chat; insecticide
organochloré, de la famille du DDT, très persistant
dans le sol. Le potentiel pathologique du méthoxychlor est
fort et affecte l'ensemble des voies métaboliques explorées
sur les deux lignées cellulaires, puisqu'il affecte 43 des
51 marqueurs des 6 voies explorées, dont 20 à la
fois dans les cellules hépatiques et les cellules nerveuses.
Sauf pour la stimulation d'un marqueur de neurotoxicité dans
les cellules hépatiques, l'effet constaté a été une
inhibition assez importante.
23. Paraquat : herbicide très soluble
dans l'eau. Ce produit a été l'un de ceux qui ont
le plus affecté l'expression des gènes étudiés.
46 des 51 gènes ont été sévèrement
réprimés dans les deux types cellulaires, affectant
toutes les voies métaboliques étudiées. L'effet
a été particulièrement massif sur les marqueurs
de dommages à l'ADN et de contrôle du cycle cellulaire.
Les effets ont été plus marqués aux temps
d'exposition les plus longs où la plupart des marqueurs,
dans les cellules nerveuses, ont été inhibés
d'un facteur 100.
24. Perméthrine : insecticide, nématicide,
acaricide; insecticide de la famille des pyrèthres, très
persistant, son action est foudroyante sur la transmission nerveuse
des insectes. 7 marqueurs sur 51 sont significativement affectés
dans les cellules hépatiques, signalant un potentiel pathologique
lié à 3 des 6 voies métaboliques étudiées
(stress cellulaire, dommages à l'ADN et réponse hormonale).
Les effets sur les cellules neuronales sont beaucoup plus marqués
: 33 des 51 gènes sont significativement réprimés,
surtout aux temps d'exposition les plus longs (48h). Dans ces cellules,
toutes les fonctions cellulaires étudiées sont donc
affectées.
25. Phosmet : insecticide pour diverses cultures
agricoles. 2 gènes ont été stimulés
et 11 réprimés dans les cellules hépatiques,
concernant les 6 voies métaboliques étudiées.
L'effet sur les cellules nerveuses a été beaucoup
plus marqué puisque 41 des 51 gènes ont été sévèrement
réprimés. Ce produit a donc affecté toutes
les fonctions cellulaires étudiées dans les deux
types de cellules mais plus massivement dans les cellules nerveuses.
26. Propylparaben (E214) : Conservateur dans
les aliments, présent aussi dans les produits cosmétiques,
dans de nombreux médicaments; utilisé aussi comme
germicide. Le potentiel pathologique du propylparaben concerne
5 des 6 voies métaboliques étudiées sur les
deux lignées cellulaires, la sixième
(neurotoxicité) est concernée de façon moins marquée
et seulement sur les cellules de foie.
27. Quinoline (E104) : Colorant jaune présent
dans les aliments, interdit aux Etats-Unis, suspecté d'avoir
des effets mutagènes; utilisé pour la fabrication
de produits organiques, de colorants. 5 des 6 voies métaboliques
sont affectées dans les cellules hépatiques, les
gènes étant le plus souvent réprimés
d'un facteur 2. Les 6 voies métaboliques sont affectées
dans les cellules nerveuses.
28. Roténone : acaricide, insecticide,
très toxique pour les poissons. Ce produit a réprimé très
fortement des gènes impliqués dans toutes les voies
métaboliques étudiées. 29 gènes sur
51 ont été réprimés dans les cellules
hépatiques, 27 sur 51 dans les cellules neuronales. Les
effets les plus marqués (pratiquement tous les gènes
concernés réprimés d'un facteur 100) ont été observés
sur les cellules nerveuses, aux temps d'exposition les plus longs.
Conséquences pour notre santé
Si l'on manque de recul pour interpréter
de façon fine tous ces résultats, on voit clairement
que les réactions provoquées diffèrent nettement
selon les substances. Certaines substances affectent presque tous
les gènes dans les deux types cellulaires aux deux doses étudiées
et aux deux temps d'exposition, d'autres perturbent plus l'un des
deux types cellulaires, d'autres provoquent des réactions
selon la dose, etc.
Si des moyens suffisants étaient consacrés à l'amélioration
de cette technique, elle nous permettrait très vite d'avoir
une idée claire du potentiel pathologique des substances.
Lorsqu'on essaye de prévoir, à partir
de nos résultats, quels peuvent être les effets sur
un individu, il faut aussi être conscient que tous les produits
ne se répartissent pas de façon égale dans
tout l'organisme. Ceux qui sont solubles dans l'eau pourront mieux
circuler dans les milieux aqueux de l'organisme et être éliminés
plus vite. Ceux qui ont une plus grande affinité pour les
lipides pourront être stockés dans les graisses, ce
qui constitue un risque accru pour les personnes obèses.
Les produits qui interagissent avec les récepteurs
hormonaux peuvent être plus dangereux dès les faibles
doses car ces récepteurs sont accessibles, les hormones
naturelles étant elles-mêmes véhiculées
vers leurs cibles par le sang. Les produits qui interagissent avec
le système nerveux doivent, pour atteindre leur cible, traverser
la barrière hémato-encéphalique (barrière
entre le sang et le cerveau).
Lorsqu'on essaye, non pas de prévoir mais
de comparer nos résultats à ce que l'on sait des
effets de ces produits sur les humains, on voit déjà une
bonne corrélation. Si l'on en juge par les problèmes
de santé qui affectent les agriculteurs, principaux utilisateurs
de plusieurs des produits que nous avons testés, on peut
se douter que ces produits ont un potentiel cancérigène,
neurotoxique et peuvent perturber le système endocrinien
(des effets oestrogéniques pourraient être à l'origine
des nombreux cas constatés de stérilité, malformations
génitales ou cancers hormono-dépendants comme celui
du sein ou de la prostate).
Or, nos analyses montrent que la plupart des
pesticides testés perturbent les mécanismes cellulaires
qui protègent du cancer, ceux qui assurent le contrôle
qualité des protéines (dont une mauvaise conformation
pourrait expliquer des maladies comme celles d'Alzheimer ou de
Parkinson), ainsi que les très sensibles récepteurs
d'hormones stéroïdes.
Attention ! Nos résultats montrent donc
que beaucoup de substances testées forcent les cellules à déréguler
l'expression de gènes connus pour marquer l'entrée
dans les voies pathologiques que nous avons sélectionnées.
Ceci ne signifie pas que la substance induira nécessairement
ces pathologies chez l'homme, d'une part parce que les cellules
disposent, en règle générale, de capacités
pour corriger les dérégulations et s'échapper
de la voie pathologique, d'autre part, et en l'absence de cette
capacité de correction, la cellule peut d'elle-même,
ou sous l'effet de signaux extérieurs, déclencher
son apoptose (suicide) afin d'éviter de "contaminer" ses
congénères avec la pathologie dont elle souffre et,
enfin, parce qu'il peut exister dans l'organisme des mécanismes
de contrôle extérieurs à telle ou telle classe
de cellules (par exemple, des cellules du système immunitaire
peuvent détruire des cellules cancéreuses). Il faut
cependant remarquer que ces capacités de correction ne sont
pas universelles (du fait du polymorphisme génétique
humain, les individus sont plus ou moins équipés à cette
fin), et que certaines cellules deviennent rebelles et ignorent
le signal apoptotique.
S'il peut donc paraître excessif d'affirmer
que telle substance provoque nécessairement telle pathologie
parce qu'elle a engagé la cellule dans la voie de cette
pathologie, l'effet toxique de la substance sur la cellule est,
pourtant, un avertissement très sérieux de son potentiel
pathologique, qui peut s'exprimer dans une partie de la population,
du fait du polymorphisme génétique, du sexe, de l'âge
ou de l'état sanitaire de la personne.
Il appartient aux autorités et aux consommateurs,
avertis de ce potentiel, de peser les avantages et les risques
avant de décider de l'usage de la substance. De même
que les fumeurs qui savent lire sont avertis que "fumer tue" depuis
que c'est inscrit sur les boîtes de cigarettes, ainsi les
risques des substances chimiques devraient être portés à la
connaissance des utilisateurs potentiels.
Certains choisiront sans doute de courir le risque
et n'en seront peut-être pas affectés, de même
que tous les fumeurs ne meurent pas du cancer des poumons. Mais,
du moins, qu'il soit permis à ceux qui le souhaitent, de
se soustraire à ce risque.
Pour certaines des substances que nous avons
testées, des monographies sont disponibles sur le site internet
du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).
Evidemment, des résultats d'expériences
sur les animaux sont présentés... mais la conclusion
n'est pas extrapolée aux humains ! Bravo pour cette preuve
de bon sens !
Or cela soulève deux questions : à quoi
servent les expériences sur les animaux ? Qu'attendent les
autorités pour évaluer les risques pour les humains
?
1,4-dioxane : des cancers sont observés,
suite à l'administration à des souris, des rats et
des cobayes, mais ces cancers touchent des organes différents
selon l'espèce animale. Une étude portant sur des
travailleurs exposés à cette substance n'a pas relevé de
signes cliniques. Conclusion : preuves suffisantes de cancérogénicité pour
les animaux mais seulement "possible" cancérigène
pour les humains. Faut-il attendre des morts pour que le risque
pour les humains soit reconnu ?
4-aminobiphenyl : des travailleurs exposés
ont développé des cancers de la vessie. Lapins, chiens,
souris et rats ont aussi développé des cancers mais
dans différents organes selon l'espèce. Comment adopter
la meilleure prévention possible ?
Acétaminophène (paracétamol)
: Des cancers des voies urinaires ont été observés
chez des personnes utilisant ce médicament en Australie.
Chez d'autres personnes, il s'est révélé hépatotoxique.
Chez les rats, on a constaté des cancers (parfois différents
entre rats mâles et rats femelles), ainsi que l'atrophie
testiculaire, la toxicité hépatique et rénale.
Des troubles de la synthèse d'ADN ont été observés
sur des cellules de souris ou de rat, mais pas sur des cellules
de hamster ou de cobaye. Il était temps qu'on regarde sur
les cellules humaines !
Acrylamide : cancérigène pour les
animaux, cancérigène "probable" pour les
humains. Des troubles du système nerveux ont été observés
chez des travailleurs exposés. Des rats et des souris ont
vu leur fertilité diminuer. Cette substance est connue pour
induire des mutations et des troubles de la synthèse de
l'ADN. Nous aurions pu conclure la même chose en quelques
jours, à peu de frais et sans exposer qui que ce soit...
Aldicarb : très toxique. Induit des dommages à l'ADN
et des mutations sur des cellules humaines en culture. Nous aurions
aussi pu en dire cela et bien plus ! N'a pas été testé sur
des animaux de laboratoire, d'après les responsables du
CIRC. En effet, ce n'est pas la peine...
Aldrine : cancers du foie chez les souris mais
pas chez les rats. Pas de conclusion pour les humains malgré l'observation
d'aberrations chromosomiques sur des cellules humaines en culture.
Et le principe de
précaution ?
Carbaryl : des sarcomes chez les rats, pas de
cancers chez les souris, pas de données pour les humains.
Regardez donc nos résultats !
Dicofol : des cancers du foie chez les rats mâles,
pas d'effets sur la reproduction ou le développement foetal
des souris mais des problèmes pour le développement
embryonnaire chez les rats. Ressemblons-nous plus aux rats ou aux
souris ?
Heptachlor : parmi des travailleurs exposés à cette
substance parmi d'autres, on a observé un "léger
excès de cancers du poumon". Chez les souris mâles
et femelles, des cancers du foie. Chez les rats, des cancers de
la thyroïde. Toxicité pour la reproduction des souris,
des rats et des visons. Conclusion, preuves suffisantes pour les
animaux mais seulement "possible" cancérigène
pour les humains. Comment les autorités comptent-elles établir
les preuves ?
Lindane : quatre cas de leucémies parmi
des travailleurs exposés. Des cancers chez les rats et les
souris. Conclusion, preuves suffisantes pour les animaux mais seulement "possible" cancérigène
pour les humains. Les patients leucémiques et leurs familles
apprécieront...
Methoxychlor : cancers des testicules chez les
souris de souche Balb/c mais pas chez les souris de souche C3H.
Décidément, les modèles souris ne sont pas
fiables, même pour les souris !
La revue 60 millions de consommateurs de juillet-août
2005 consacrait un dossier aux insecticides :
"En 2002, des spécialités à base
de perméthrine ont provoqué le décès
de nombreux chats." Cette substance fait partie de la famille
des pyréthrinoïdes, "de loin, la famille la plus
représentée dans notre panier.
On les trouve dans tous nos produits contre les
moustiques et contre les insectes volants. Ils sont majoritaires
dans les produits contre les insectes rampants, et sont largement
utilisés dans les antiparasitaires pour chiens et chats.
[...] "Les pyréthrinoïdes de synthèse sont
très sûrs", affirme le Dr Robert Garnier, du
Centre antipoison de Paris. [... Ils] peuvent néanmoins être à l'origine
de fourmillements intenses en cas de contact direct et prolongé avec
le corps."
"L'utilisation de produits à base
de fipronil en agriculture est donc suspendue depuis début
2004. Mais, dans notre panier, nous ne pouvions pas manquer d'en
ramasser, car le fipronil est la substance active de
l'antiparasitaire vedette du moment." Conclusion des autorités
: "Il n'y a pas actuellement d'élément indiquant que l'exposition
au fipronil constitue un risque pour la santé de l'homme, dans les conditions
d'emploi préconisées." Mais "les animaux récemment
traités ne sont pas autorisés à dormir avec les propriétaires,
surtout les enfants." Ah ! Quand même...
ANTIDOTE EUROPE - Contact : Claude Reiss (33(0)1
60 12 14 54) ; Hélène Sarraseca (33 (0)4 68 80 53
32) - http://www.antidote-europe.org
Extraits du N° 179 (juillet-août 2007)
de L'ERE NOUVELLE
Revue bimestrielle - Abonnement annuel 29 euros à L'ERE NOUVELLE, BP
171, 06407 CANNES cedex. (specimen contre 3 timbres)
Directeur et rédacteur en chef : Pierre LANCE
Site Internet : http://assoc.wanadoo.fr/lerenouvelle/pub
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