Stress et santé - Gestion
du stress et santé publique
Argumentaire relatif
aux demandes de subventions
L’Europe en proie
au stress
Selon les auteurs
d’un nouveau rapport de l’Agence européenne
pour la sécurité et la santé au travail,
basée à Bilbao, intitulé “Research
on Work-related stress” (“Recherche sur le
stress lié au travail”) [ 1], le problème
du stress au travail, qui touche déjà près
d’un travailleur européen sur trois [ 2],
risque de s’aggraver si l’Europe n’accorde
pas davantage d’attention aux interventions ayant
pour objet la gestion du stress.
Le rapport, fondé sur une étude
de grande envergure de la littérature scientifique,
indique que le niveau élevé de stress lié au
travail en Europe fait l’objet d’une grande préoccupation
et représente un défi pour toutes et tous en
ce qui concerne les effets sur la santé des travailleurs,
les coûts occasionnés et l’impact économique
sur les sociétés ainsi que les coûts
sociaux supportés par les pays européens.
Selon le rapport, le problème du stress au travail dépend généralement
de la conception et de la gestion de l’organisation du travail. Le stress
provient d’un déséquilibre entre les exigences perçues
dans le travail et la capacité de l’individu de faire face à ces
exigences. Les effets ne sont pas uniquement de nature psychologique mais touchent également
la santé physique, le bien-être ainsi que la productivité des
individus.
Les facteurs pouvant influer sur le niveau de stress comprennent la culture
et la fonction organisationnelle, le rôle du travailleur au sein de l’organisation,
le plan de carrière, la charge de travail, le rythme de travail ainsi
que le milieu physique de travail. Les changements rapides du monde du travail,
où ces facteurs sont en constante mutation, peuvent augmenter leur effet.
Le rapport indique que le stress lié au travail constitue un risque
de santé et de sécurité qui devrait être traité de
la même façon logique et systématique que les autres problèmes
de santé et de sécurité. La gestion du stress au travail
devrait se fonder sur l’adaptation et l’application d’une “approche
du cycle de contrôle” [ 3] similaire à celle utilisée
dans les modèles contemporains de gestion du risque et évoquée
dans la législation de l’Union européenne relative à la
santé et à la sécurité.
Le rapport identifie un nombre croissant de signes démontrant
l’efficacité des interventions ayant pour objet la gestion du
stress.
Ces interventions, particulièrement au niveau organisationnel,
sont bénéfiques tant pour la santé de l’individu
que pour celle de l’organisation et devraient faire l’objet d’un
examen et d’une évaluation plus approfondis. Il faut effectuer
davantage de recherches sur les méthodes et les pratiques communes
de traitement du stress sur le lieu de travail et évaluer efficacement
ces procédés. Des modèles ou solutions pratiques pouvant être
transférés à d’autres situations de travail doivent
en outre faire l’objet de recherches et être évalués
et partagés au niveau européen.
Peter Skinner [ 4], membre britannique du Parlement européen, a déclaré : “Ce
rapport de l’Agence confirme l’idée avancée depuis
longtemps selon laquelle le stress au travail représente un risque important
en matière de sécurité et de santé en Europe. Le
Parlement européen attend désormais de la Commission qu’elle
assure un « suivi » de ces résultats en vue de combattre
ce risque touchant un tiers des travailleurs européens.”
En évoquant le rapport, Anna Diamantopoulou, Commissaire européen
chargée de l’Emploi et des Affaires sociales, a déclaré pour
sa part : “Le stress au travail doit désormais être reconnu
par toutes les personnes concernées comme un risque réel lié au
travail. Les employeurs, les employés ainsi que les gouvernements
devraient intensifier la prévention dans ce domaine. Pour traiter
ce problème croissant, de bonnes pratiques de gestion du stress sont
nécessaires sur le lieu de travail. Les travaux de la Commission dans
le domaine du stress lié au travail étayent et complètent
les résultats du rapport de l’Agence [ 5].”
Hans-Horst Konkolewsky, Directeur de l’Agence européenne, a ajouté : “L’Agence
européenne s’engage à présent à mettre à profit
le travail fourni dans le cadre de ce rapport et à aborder les aspects
pratiques de ce problème en élaborant toute une série
de véritables modèles ou solutions pratiques en vue de gérer
le stress sur le lieu de travail.”
Pour plus d’informations
Andrew Smith ou Alun Jones, Agence européenne pour la sécurité et
la santé au travail, Tél. : +34 94 479 5733 ou +34 94 479 4377,
adresses e-mail : smith@osha.eu.int ou jones@osha.eu.int.
Une fiche d’information synthétique ainsi que le rapport complet
sont disponibles en ligne à l’adresse suivante : http://agency.osha.eu.int/publications
Bibliographie
[ 1] L’Agence européenne a
publié un rapport d’information sur l’état
de la recherche concernant le stress au travail. Le rapport
offre un aperçu des dernières connaissances
scientifiques relatives à des questions allant de
la définition et de la mesure du stress à des
stratégies d’adaptation et à la gestion
du risque. Il a été rédigé pour
l’Agence par le professeur Tom Cox CBE, le Dr Amanda
Griffiths et Eusebio Rial-González de l’Institute
of Work, Health and Organisations (I-WHO), Université de
Nottingham, Royaume-Uni.
[ 2] Il a été démontré que le stress lié au
travail touche des millions de travailleurs européens dans divers secteurs
d’activité.
A titre d’exemple, la “Seconde étude
européenne relative aux conditions de travail, 1997”, publiée
par la Fondation européenne de Dublin, indique que 28% des travailleurs
ont signalé des problèmes de santé liés au stress
(problème le plus souvent cités après les dorsalgies).
Ainsi, chaque année, environ 41 millions de travailleurs européens
sont touchés par le stress au travail, ce qui se traduit par la perte
de plusieurs millions de journées de travail.
[ 3] Le cycle de contrôle est le “processus systématique
par lequel les dangers sont identifiés, les risques analysés
et gérés et les travailleurs protégés”. Cette
approche de résolution des problèmes constitue une stratégie
bien établie pour combattre les risques physiques au travail tels qu’ils
sont décrits dans la législation européenne actuelle ainsi
qu’un moyen utile d’évaluation de l’ensemble des
risques psychosociaux au travail.
[ 4] Rapporteur désigné par la Commission de l’Emploi et
des Affaires sociales du Parlement européen pour l’Agence européenne
pour la sécurité et la santé au travail.
[ 5] Le rapport de la Commission “Guidance on work-related stress – Spice
of life or kiss of death” (“Lignes directrices relatives au stress
lié au travail – Le piquant de la vie ou le baiser de la mort”)
présente les lignes directrices recommandées par la Communauté européenne
aux Etats membres de l’UE en matière de gestion du stress sur
le lieu de travail.
(Source : http://agency.osha.eu.int/)
Enquête épidémiologique
sur la prescription d'antidépresseurs
1991-1992. G. MENARD Centre Régional de Pharmacovigilance, CHRU Pontchaillou,
Avenue du Pr Léon Bernard, 35043 RENNES CEDEX.
Objectifs
Une enquête épidémiologique régionale a été réalisée
auprès de médecins libéraux (généralistes
et psychiatres) afin d'étudier la prescription des antidépresseurs.
Les objectifs de l'enquête résidaient dans la définition
du profil du malade traité, les critères de la maladie elle-même
et la prescription avec évaluation subjective de son efficacité.
Méthodologie
Une enquête longitudinale, par voie postale, a été effectuée
au niveau des quatre départements bretons. Les médecins, inclus
après tirage au sort, recueillent les données sur une semaine
pour les psychiatres, sur quinze jours pour les généralistes.
Les malades inclus étaient ceux vus en consultation sur cette période
et dont le traitement comprenait au moins un antidépresseur. Les résultats
sont présentés de façon descriptive. Les différences
existant entre les deux groupes de patients (malade suivi par un généraliste
ou un psychiatre) seront analysées par l'intermédiaire d'une
régression logistique.
Résultats
La participation des médecins a été décevante :
seuls 21% des généralistes et 37% des psychiatres ont répondu
favorablement à la demande d'enquête. Sur les 111 patients inclus,
on note une forte prédominance du sexe féminin (76%). 42% des
malades sont sans occupation professionnelle. Le diagnostic précis est établi
dans 96% des cas. Le syndrome dépressif majeur est dominant (54% chez
les généralistes et 36% chez les psychiatres). Le traitement
est jugé adapté (75% des cas) et entraîne une amélioration
subjective en moins de 6 mois pour 59% des patients. Les rechutes sont
toutefois nombreuses (52% des malades). Les antidépresseurs
les plus prescrits sont de type sérotoninergique. Aucune différence
significative n'est retrouvée entre les deux groupes de patients, hormis
la présence d'associations médicamenteuses.
Publications
MENARD G, ALLAIN H, BENETON C, N'GUYEN JM. Enquête épidémiologique
sur la prescription d'antidépresseurs. Psychologie Médicale,
1992, 24, 1550-1554.
Insomnie et consommation
d'hypnotiques en population générale. Evaluation
cognitive du retentissement diurne de l'insomnie 1993-1995
- M. OHAYON Centre de Recherche Philippe Pinel de Montréal
10905 Henri-Bourassa Est, MONTREAL, Québec, H1C
1H1 (Canada), Tél (514) 648.8461.
Objectifs
Cette étude conduite à Montréal porte sur les troubles
du sommeil et la consommation de psychotropes dans la population générale.
Les auteurs ont pour but d'identifier les facteurs déterminant la consommation
de psychotropes utilisés pour leurs effets hypnotiques.
Méthodologie
L'étude a été réalisée en population générale à Montréal à partir
d'un échantillon représentatif constitué de 1723 sujets
parlant français. Les interviews ont toutes été réalisées
par téléphone. 3 groupes de sujets ont été identifiés
: - les utilisateurs avec trouble du sommeil, - les non-utilisateurs avec trouble
du sommeil, - les non-utilisateurs sans trouble du sommeil. En comparant les
utilisateurs et les non-utilisateurs sans trouble du sommeil, les auteurs examinent
8 variables : l'âge (>= 55 ans), le sexe, la présence d'une
maladie physique, le fait de consulter, l'insatisfaction par rapport à l'endormissement
et la quantité de sommeil, une phase d'endormissement de plus de 15
minutes, des rêves absents ou rares. Ces variables sont associées
de façon significative à la consommation de psychotropes. Quand
les utilisateurs sont comparés aux non-utilisateurs avec troubles du
sommeil, 3 variables sont associées à la consommation de psychotropes
: l'âge, le fait d'avoir été marié, la fréquence
des réveils nocturnes.
Résultats
1. La consommation de psychotropes pour insomnie concerne 5% de la population
générale à Montréal. Ces produits sont habituellement
prescrits par un médecin généraliste (72,9%). 2. 4,5%
de la population utilisent des benzodiazépines (88,2% de l'ensemble
des utilisateurs de psychotropes). 3. Cette utilisation de psychotropes est
habituellement chronique. Elle est plus fréquente chez les femmes
et les personnes âgées. 4. Il apparaît que l'utilisation
de psychotropes n'augmente pas la qualité du sommeil, lorsque les
utilisateurs sont comparés aux insomniaques non traités pour
ce qui est de leur satisfaction.
(Source : http://psydoc-http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/recherche/Rech/AnGFEP/psychotropes.html)
Conséquences du stress sur la santé psychologique
et somatique
Les demandes relatives aux tâches
et aux rôles dans l’organisation seraient les
sources les plus fréquemment rapportées comme étant
responsables des problèmes de santé psychologique
au travail (1).
Plusieurs études démontrent
un lien significatif entre la surcharge de travail et des
problèmes de santé psychologique de même
que certains désordres physiques tels les maladies
coronariennes et un taux élevé de cholestérol (2).
(1) Collings, C.H. (1984). Stress
in the workplace. In J.A. Weiss et al. (ed.).
Behavioral Health: A Handbook of Health Enhancement and
Disease Prevention. New York: John Wiley & Sons.
(2) House, J. (1974). Occupational
stress and coronary heart disease: A review and theoretical
integration. Journal of Health and Social Behavior,
15: p. 12-27.
GESTION DU STRESS À LA SUITE D’UN INCIDENT CRITIQUE
A titre de comparaison avec notre pays, voici
l'un des objectifs politiques du Canada suite à un
incident de vie critique.
1. Fournir des services de gestion du stress à la
suite d’un incident critique (GSIC), étant donné que
les employés du Service correctionnel du Canada (SCC)
sont susceptibles d’être impliqués dans
des incidents critiques en raison de la nature de leur travail.
(Source : http://www.csc-scc.gc.ca/text/plcy/cdshtm/253-2-cde_f.shtml)
De plus en plus de déprimés
La France comptait 7 fois plus de personnes
déprimées en 1996 qu’en 1970. Comment
une telle épidémie a-t-elle pu se répandre ?
Sommes-nous tous des dépressifs en puissance ?
Et si une partie de ces dépressions n’en était
pas réellement ? Quelques éclaircissements…
Pour expliquer cette épidémie
de dépressions, les sociologues évoquent pêle-mêle
les conditions de vie qui deviendraient de plus en plus stressantes,
la violence psychologique que l’on subirait à tout
moment et en particulier sur son lieu de travail. Ce discours
rencontre l’adhésion du public, l’immense
succès en librairie de Marie-France Hirigoyen en témoigne.
Il s’est vendu 480 000 exemplaires de son livre "Le
harcèlement moral". Nous vivrions donc dans une
société dépressive, dont nombre de ses
membres auraient une prédisposition naturelle renforcée
par l’environnement.
La faute aux neurones !
Et si l’ampleur de "l’épidémie" de
dépression reflétait plus les progrès
du diagnostic que de la maladie ? C’est la démonstration
que fait Philippe Pignarre, chargé de cours sur les
psychotropes à l'université de Paris VIII,
dans son ouvrage, "Comment la dépression est
devenue une épidémie ?". Dans les
années 1950, les laboratoires pharmaceutiques ne s’intéressent
pas à la recherche et au développement des
psychotropes, estimant que d’un point de vue commercial
le marché était trop étroit. Mais depuis,
la tendance s’est inversée. La psychiatrie s’est éloignée
de la voie psychologique pour basculer vers la "psychiatrie
biologique". Si certaines personnes sont dépressives,
c’est qu’elles y sont prédisposées.
C’est en somme la faute aux neurones ! Pourtant,
aucun test biologique ne permet de diagnostiquer la dépression
fait remarquer Philippe Pignarre qui émet des doutes
sur cette nouvelle orientation.
Personnaliser le diagnostic
L’utilisation d’outils de diagnostic,
tel que le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux), développé à partir de 1952
par les psychiatres américains, serait en cause. Pour
le spécialiste des psychotropes, cette classification
des symptômes viserait tout autant à identifier
les dépressions qu’à "recruter des
patients" ! L’environnement dans lequel évoluent
les malades n’est pas suffisamment pris en considération.
Le risque n’est-il pas alors de tout "pathologiser" et
de médicaliser les moments de faiblesse, pourtant
normaux, tels que les deuils, les insomnies, les baisses
passagères du désir sexuel ?
Antidépresseurs à tout va !
La France semble particulièrement
touchée par cette épidémie de dépression,
au regard de sa consommation record d’antidépresseurs.
Entre 1991 et 1997, la quantité de boîtes vendues
a progressé de 42 %. Les médecins généralistes,
qui sont en première ligne dans la prise en charge
des patients, sont à l’origine de 75 %
des prescriptions d'antidépresseurs. Mais cette consommation
dépasse la réalité des déprimés.
Les patients et les médecins partagent la responsabilité de
cet excès de prescription. Car les professionnels
de santé doivent souvent faire face aux exigences
des patients. Ayant lu ou entendu parler de tel médicament
dans la presse, ces derniers les réclament "parce
que je le vaux bien". Il ne faut pas non plus négliger
le facteur économique. Les psychothérapies
ne sont pas prises en charge par l’assurance maladie,
car il n’existe pas de convention avec les psychologues,
quant aux psychanalyses, les dépassements souvent
importants découragent les patients. Alors que les
médicaments sont remboursés…
(Source : Doctissimo - Mathieu
Ozanam)
L'Express du 25/10/2004 : Étude /
L'état psy de la France par Jacqueline Remy
Menée sous l'égide de l'Organisation
mondiale de la santé, une enquête exceptionnelle
révèle l'étendue des troubles psychiques.
Et les peurs qu'ils continuent de susciter.
Jamais la folie n'avait paru si proche
et si lointaine. Protéiforme, elle ronge comme jamais
la société française, et pourtant elle
semble dédramatisée, apprivoisée, tout
en conservant son caractère effrayant et fatal. C'est
en tout cas le paradoxe qui frappe lorsqu'on découvre
les chiffres rendus publics au cours du colloque organisé à Lille
du 24 au 27 octobre - sous le titre «Images et réalités
de la santé mentale en France». Un tiers des
Français a déjà pris des médicaments «pour
les nerfs», de 5 à 15% ont suivi une psychothérapie
et, surtout, 30% présentent un trouble psychique au
moment de l'enquête - et ce ne sont pas des gens à part,
loin de là. Nous sommes tous, directement ou indirectement,
concernés par les dérapages de l'âme
: les trois quarts des Français connaissent un dépressif
dans leur entourage. Pourtant, alors que les rayons psy des
librairies débordent de manuels de recettes et qu'une
chaîne de télé n'hésite pas à proposer
un psy à domicile (M6), les Français ont peur
de la psychiatrie. A tort ou à raison.
Un tiers des Français a déjà pris
des médicaments «pour les nerfs»
Ces données sont tirées d'une
enquête exceptionnelle, dirigée par le psychiatre
Jean-Luc Roelandt et la psychologue Aude Caria pour l'Organisation
mondiale de la santé (OMS). Les équipes du
Centre collaborateur de l'OMS (CCOMS), en liaison avec la
Direction de la recherche, des études, de l'évaluation
et des statistiques (Drees), ont interrogé pas moins
de 36 000 personnes de plus de 18 ans dans la France
métropolitaine, selon la méthode des quotas.
Outre son ambition et son ampleur statistique, cette étude
a un intérêt majeur: elle mêle l'enquête épidémiologique
et l'approche socio-anthropologique. Les chercheurs ont «photographié» l'état
psychique des Français et tenté de percevoir
quelle image ils avaient de la folie et des soignants. Qu'est-ce
qu'un fou ? Comment ça s'attrape, la maladie mentale
? «La psychiatrie inquiète, affirme Aude Caria,
et ces représentations négatives entraînent
un retard dans l'accès aux soins.» Un retard
dû aussi à d'autres causes, précise-t-elle,
comme la réticence de certains médecins généralistes à l'idée
d'envoyer leurs patients chez le psychiatre - et réciproquement
- par peur de perdre un client ou du pouvoir.
Les Français aussi inquiètent.
Un chiffre, en particulier, stupéfie: 11% des personnes
interrogées ont connu un épisode dépressif
- au sens clinique du terme - dans les deux semaines précédant
l'entretien. Ce sont des femmes, dans 58% des cas environ,
alors que les pathologies les plus graves, comme les psychoses,
frappent davantage les personnes de sexe masculin (3,1%,
pour 2,5% de celles de sexe féminin). Les chômeurs
sont deux fois plus fragiles que les actifs (1 sur 5 est
touché). Plus on a de diplômes en poche, moins
on présente de problèmes de ce type: 7,6% des
Français passés par l'enseignement supérieur
souffrent de dépression, pour 19% des sans-diplôme.
Autre facteur de risque : être séparé ou
divorcé (17,4%), veuf (13,8%) ou célibataire
(13,2%). Au moment de l'enquête, seulement 8,5% des
gens mariés étaient concernés, ce qui
ne signifie pas, bien sûr, que le certificat de mariage
soit une amulette. La solitude peut être la cause ou
la conséquence d'un état dépressif.
Cumulée avec le chômage, c'est un cocktail toxique:
30% des Français dans cette situation venaient de
traverser un sale moment quand ils ont été interrogés
par les enquêteurs du CCOMS et 13% souffraient d'un
trouble dépressif récurrent. A partir de 50
ans, plus on avance en âge, plus le ciel se dégage.
Si 14% des 18-49 ans souffrent d'anxiété diagnostiquée,
seulement 1,5% des plus de 75 ans sont atteints.
Pour près de 7 Français sur
10, il est impossible de guérir le «fou»
Parfois, on passe à l'acte. 2% des
personnes interrogées avaient fait une tentative de
suicide pendant le mois précédant l'enquête
ou, récidivistes, elles y avaient très sérieusement
songé. Là encore, les chômeurs (4,7%),
les inactifs (3,1%) et les personnes séparées
ou divorcées (4,7%) sont plus exposés que d'autres.
La dépression, pourtant - c'est l'un des grands enseignements
de cette enquête - semble être considérée
par les Français comme un mal familier, qui n'aurait
pas grand-chose à voir avec la maladie mentale et
dont on peut guérir.
Lorsqu'on aborde la «folie»,
le ton change. Les trois quarts des Français croient
que le «fou», comme le «malade mental»,
ne peut être soigné sans médicaments.
69% pensent qu'il est impossible de le guérir et 90%
affirment que, si l'on y parvient, il ne sera pas totalement
sorti d'affaire. Plus grave, 45% des personnes interrogées
estiment qu'il faut être fou - ou malade mental (30%)
- pour commettre un meurtre. Pour 46%, celui qui commet un
viol ou un inceste est un «malade mental» (pour
39%, un «fou»).
Cette association entre la violence et
la folie désespère un peu Aude Caria et Jean-Luc
Roelandt, qui craignent de voir les malades mentaux rejetés.
D'autant que leur enquête - une «recherche-action»,
selon leur expression - a pour objectif affiché de
susciter de nouvelles pratiques psychiatriques et de lutter,
en accord avec la politique de l'OMS, contre l'exclusion
des personnes atteintes de troubles psychiques. Les Français
sont d'ailleurs conscients de ces discriminations: 95% d'entre
eux affirment que les malades de l'âme sont exclus
de leur milieu professionnel. En revanche, les amis et la
famille apparaissent à tous comme le meilleur rempart
contre les dérapages psychiques, à condition,
dans les cas graves, d'être aidés et accompagnés
par des équipes soignantes. De quoi réjouir
Aude Caria, qui y voit la confirmation de sa conviction : «Il
faut cesser de poser l'alternative famille ou hôpital,
dit-elle. Il faut faire entrer les structures de soins dans
la cité.» Mobiliser, décloisonner, tisser
des réseaux : cette obsession a en fait animé la
procédure même de l'enquête CCOMS, qui
a réuni un peu partout en France professionnels (40 équipes
de psychiatrie contactées), écoles d'infirmiers, élus
et associations. Premier résultat positif : le travail
commun au cours de l'enquête a, ici et là, débouché sur
la mise en place de vrais réseaux de soins inscrits
dans le maillage du quartier. C'était le but recherché.
(Source : http://www.lexpress.fr/info/sciences/dossier/psy/dossier.asp)
Des statistisques qui font
réfléchir...
1. Le coût du stress aux État-Unis
est de deux cent milliards de dollars.
2. Selon la compagnie Métropolitaine
Life Assurance, aux États-Unis, le nombre d'employés
absents par jour de travail est de 1 million.
3. En 1982, le pourcentage de Canadiens
qui ont vécu un stress excessif au cours de la dernière
année est de 60%.
4. Il y a 1300 travailleurs Québecois
qui meurent chaque année de problèmes cardio-vasculaires
liés au stress.
5. On évalue par jour le coût
des problèmes liés au stress dans les entreprises
canadiennes à 21 millions de dollars canadiens.
6. Les deux sources principales de stress
sont la finance et la famille.
7. Le problème de santé mentale
au Québec pour l'absentéisme, la baisse de
productivité, les réclamations à la
CSST, les frais de formation, de remplacement et les coûts
sociaux de maladie est de 4 milliards de dollars canadiens.
8. En 1987 le pourcentage de travailleurs
canadiens qui éprouvaient un problème de santé mentale
au travail était de 5%.
9. L'Institut canadien du stress évalue
qu'il y a une augmentation annuelle de stress de 5 à 7
%.
10. Selon l'Association canadienne de santé mentale,
le pourcentage d'employés subissant un stress exagéré au
travail est de 25 %.
11. Le coût annuel du traitement
par travailleur touchant les problèmes liés
au stress est de 1000$.
12. Aujourd'hui, les conséquences
négatives du stress se manifestent plus rapidement
chez l'individu qu'il y a vingt ans.
13. Selon une étude publiée
dans "Objectif Prévention", les indemnisations
pour invalidité de longue durée représentaient
moins de 2% au début des années 80. Les indemnisations
ont fait un bond impressionnant pour atteindre plus de 33%
en 1996.
14. Le "Chronic Diseases in Canada" révèle
que la dépression et l'angoisse ont coûté au
moins 14,4 milliards de dollars en traitements médicaux,
médicaments, perte de productivité et décès
anticipés en 1998.
15. Santé Québec révèle
une hausse considérable de la prévalence de
détresse psychologique chez les travailleurs, passant
de 17,3% en 1987 à 25,5% en 1993.
16. En sept ans, le nombre de déclarations à la
CSST acceptées en tant que lésions professionnelles
lièes aux problèmes de santé mentale
est passé de 530 à 994, pour des déboursés
annuels de 1,5 million de dollars.
17. Au Canada, les demandes de prises en
charge d'invalidité soumises avec diagnostic d'anxiété ne
représentaient que 11% du total des demandes en 1985;
en 1998, elles équivalaient à 29 % de toutes
les demandes.
18. C'est près de 500 000 canadiens
qui s'absentent de leur travail chaque semaine pour des problèmes
de santé mentale au travail.
19. Les coûts sociaux attribuables
aux problèmes de santé mentale au travail,
s'élèvent, au Canada, à plus de 20 milliards
par an et, seulement au Québec, ces coûts atteignent
tout près de quatre milliards de dollars annuellement.
20. Aux États-Unis, le temps de
travail moyen perdu en raison du stress a augmenté de
36% depuis 1995. On considère que 550 millions de
jours de travail sont perdus annuellement, 54% le seraient
en raison du stress.
21. L'impact financier du stress au travail
se chiffre à plus de 200 milliards de dollars par
année aux États-Unis.
22. Le groupe-conseil AON estime à 6%
de la masse salariale les coûts directs de l'absentéisme
et de l'invalidité, les coûts indirects liés
aux pertes de productivité, à l'administration
et au personnel de remplacement font augmenter le total à près
de 20%.
23. Entre 5% et 10% de tous les médicaments
payés par un assureur en 1995 étaient liés à la
santé mentale, soit environ 500 millions de dollars
et pour assumer les honoraires des psychologues un montant
de 25 millions de dollars est ajouté.
(Source : http://pages.infinit.net/laverste/)
Aux vues de la consommation française
d'anxiolytiques et d'antidépresseurs, les coûts
du stress sur la santé doivent être proportionnellement
supérieurs à ceux que l'on observe aux États-Unis
et au Canada.
Le coût du "Mal-Etre" en
Europe
Le stress au travail est la première
source d'arrêts maladie. Il coûte 20 milliards
d'euros à l'Union Européenne (en temps de travail
perdu et en coûts de santé) chaque année
et touche 28% des actifs.
(source : European Agency for Safety and Health, 2001).
Plus de 50% de l'absentéisme découle
du stress lié au travail.
(source : European Agency for Safety and Health, 2001)
23% des salariés souffrent de fatigue,
33% de mal de dos.
(source : European Agency for Safety and Health, 2001)
Les coûts liés au "mal-être" sont
lourds pour l'entreprise. Le stress au travail est à lui
seul la cause de 30% des arrêts maladie en Europe.
(source : European Agency for Health & Safety 2001).
27% des actifs souffrent d'insomnie au
moins une fois dans l'année. Chez les insomniaques,
les accidents de travail sont 8 fois plus fréquents,
le retard au travail plus marqué.
(Source : Louis Harris, Mai 2000).
La lombalgie représente 20% des
arrêts de travail et l'arrêt moyen est de 33
jours.
(Enquête CREDES).
La Fondation Européenne pour l'Amélioration
des Conditions de Vie et de Travail indique que 39 % des
salariés souffrent en France de douleurs dorsales.
(Enquête 2000)
71% des entreprises
se disent préoccupées
par l'augmentation du stress. Mais 65% des D.R.H n'ont
pour l'instant mis en place aucun dispositif pour le combattre. (source: Louis Harris pour VediorBis).
600 millions de journées
seraient perdues chaque année dans l'UE, pour un
coût estimé de 3 à 4% du PNB européen.
En France, 11% des salariés
ont eu 1 ou plusieurs arrêts de travail liés
au stress.
(Source : http://www.capital-sante.net/chiffres.htm)
Dépression: La psychothérapie
cognitive aussi efficace que la médication
Pour le traitement de la dépression
modérée à sévère, la
psychothérapie cognitive dispensée par un
thérapeute d'expérience s'est avérée
aussi efficace que la médication dans une recherche
(financée par une subvention de $4 millions du National
Institute of Health) publiée dans le numéro
d'avril des Archives of General Psychiatry. Dans l'ensemble,
selon les chercheurs, ces résultats ne supportent
pas la directive actuelle de l'American Psychiatric Association
selon laquelle la plupart des gens modérément à sévèrement
déprimés doivent être traités
par médication.
Deux cent quarante participants modérément à sévèrement
déprimés étaient assignés au
hasard à recevoir un traitement par antidépresseur
(Paxil, complété de lithium ou desipramine
au besoin après 8 semaines), un placebo ou une thérapie
cognitive pendant 16 semaines.
Après 8 semaines, la réponse
positive était de 50% dans le groupe recevant la médication,
43% dans le groupe de thérapie et 25% dans le groupe
placebo. Après 16 semaines, la réponse était
de 58% dans le cas de la médication et de la thérapie.
Les participants ayant reçu quatre mois thérapie
avaient le même taux de rechute après un an
que ceux qui avaient pris du Paxil tout au long de l'année.
Pour les participants ayant cessé le Paxil après
quatre mois leur taux de rechute était deux fois plus élevé que
celui du groupe de thérapie.
Selon un spécialiste qui étudie
l'efficacité de différentes thérapies,
alors qu'il y a davantage de recherchers portant sur la thérapie
cognitive, il y a plusieurs autres approches qui sont efficaces
pour la dépression. Les approches principales qui
ont été testées dans des essais cliniques
avec groupes au hasard ont tendance à être aussi
efficace quand l'allégeance du directeur de recherche
est contrôlée.
Source : Arch Gen Psychiatry. 2005;62:409-416.
(Science Daily, Psycport)
Compte tenu du déficit
chronique de la sécurité sociale, il est
donc particulièrement urgent de mettre en place
des actions de formations aux techniques de gestion du
stress et de relaxation qui ont fait les preuves de leur
efficacité.
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