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Notre association
a élaboré une action
en faveur des adolescents suicidaires.
Cette action, imaginée à un niveau
local puis développée à un
niveau national, a consisté dans un premier temps à créer
un site Internet afin d’offrir au plus grand nombre la possibilité d’obtenir
tout un ensemble d’informations, de techniques, de contacts,
de nouveaux liens sociaux et de moyens d’améliorer
leur situation.
Le site ADO
SOS, créé en 2004, a pour objectif premier de venir
en aide d'un point de vue humain et psychologique aux adolescents
en situation de fragilité.
En France, le suicide constitue
la deuxième cause de mortalité des adolescents.
Il nous est apparu indispensable et urgent de réaliser
cette action en leur faveur afin de leur permettre tout à la
fois de s'exprimer librement et de participer à un réseau
d'amitié et d'auto-support, notamment grâce à un
forum.
Partenaire du site Corsicafr.com,
je modère le forum "ADO SOS" qui s'y tient depuis
début 2005.
Les échanges concernent surtout le stress,
la dépression et le suicide ainsi que les moyens pour y
faire face.
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Dans
l’objectif
de venir en aide aux adolescents suicidaires,
j'ai adressé un dossier de demande de subvention
au Directeur de l'URCAM (Union Régionale des Caisses d'Assurance
Maladie de Corse).
Monsieur le Directeur,
J’ai l’honneur de solliciter de votre
haute bienveillance la possibilité d’obtenir une subvention
pour un premier poste salarié dont notre association a un
besoin vital pour parvenir à réaliser son action “ADO
SOS” en
faveur des adolescents suicidaires.
Cependant, après mon entretien téléphonique
avec Mme Versini, j’ai bien compris que l’octroi d’une
telle subvention était rare, aussi toute aide, si minime
soit-elle, nous permettant de contribuer à réaliser
notre action nous serait utile.
Pour réaliser ses objectifs, l’association “Espace
Création Bien-être” s’est dotée
de deux sites Internet auxquels nous ferons référence
par des liens qu’il vous sera possible de consulter en indiquant
l’adresse des pages mentionnées sur votre navigateur.
Ce dossier de demande de subvention 2005 figure dès à présent
sur notre site à la page :
http://espacecbe.free.fr/pages/proj1.html
La description de l’action ADO SOS se trouve
sur la page :
http://adosos.free.fr
1. Contenu et objectifs de l’action
: ADO SOS
Présentation de l’association Espace
Création Bien-être.
http://espacecbe.free.fr/pages/pres1.html
http://espacecbe.free.fr/pages/hist1.html
http://espacecbe.free.fr/pages/press1.html
http://espacecbe.free.fr/pages/press2.html
http://espacecbe.free.fr/pages/press3.html
http://espacecbe.free.fr/pages/stat1.html
http://espacecbe.free.fr/pages/fond1.html
Présentation de l’action ADO
SOS
Le suicide des adolescents constitue la deuxième cause de
mortalité de cette population dans notre pays. Chaque jour,
380 tentatives et 30 suicides ont lieu en France dont 26 % de leurs
auteurs ont moins de 30 ans. Ces chiffres alarmants doivent conduire
inévitablement les professionnels intervenant auprès
d'un public jeune à s'interroger sur le sujet. Prévenir
le suicide des jeunes. JOURNAL DE L'ANIMATION (LE), 2002, n° 27,
mars. - p. 65-80.)
Il est donc urgent d’apporter une aide psychologique
et psychothérapeutique à ces jeunes en grande difficulté.
Pour réaliser cette action prioritaire, l’association
a réalisé un site Internet destiné aux adolescents.
http://adosos.free.fr
L'idée centrale de ce site est de permettre aux adolescents
en difficulté de découvrir les témoignages
d'adolescents ou de jeunes adultes qui ont connu des moments suicidaires
et les réponses que d'autres ayant réussi à surmonter
leurs difficultés ont apportées.
http://agirpoursasante.free.fr/adosos/pages/pres1.html
Des techniques de gestion du stress leur sont
proposées
pour les aider à gérer leurs difficultés au
quotidien. Ces techniques qui ont fait les preuves de leur efficacité s’inspirent
de la synthèse de plusieurs dizaines de livres et d’une
centaine d’articles s’intéressant au domaine
de la santé. Pour une meilleure compréhension, elles
ont été adaptées au langage des jeunes.
http://agirpoursasante.free.fr/adosos/pages/tech1.html
Sur les bases de ces constats, et grâce à une subvention
de fonctionnement finançant un premier poste salarié à plein
temps de psychologue clinicien, notre association pourra réaliser
plusieurs actions entièrement gratuites pour les participants
:
* Des consultations psychologiques et psychothérapeutiques.
Elles ont pour but de permettre à l’adolescent de
:
- Faire le point de sa situation
- Déterminer un objectif réalisable à court
terme qu’il souhaite atteindre
- Explorer ses ressources personnelles (ses apprentissages réussis,
ses bons souvenirs...)
- L'initier aux techniques de gestion du stress
- Le guider vers un état de relaxation à partir d'exercices
de respiration, de relaxation musculaire progressive et de visualisation
Dans un état de relaxation approfondie, chacun peut créer
des liens entre ses ressources personnelles et les objectifs qu’il
souhaite atteindre.
Ces consultations seront effectuées soit par téléphone,
soit par e-mail, soit à domicile.
http://agirpoursasante.free.fr/adosos/pages/consult1.html
* Un forum.
Il permet aux jeunes de rompre leur solitude et de renouer un dialogue
et des liens sociaux avec leur semblables. L’idée
novatrice de ce forum est de créer un groupe d'auto-support
avec un objectif d’entraide. Chacun pourra donc aider l'autre à trouver
les meilleures solutions. Tout en sortant de l’isolement,
les jeunes pourront se rendre utiles à leur tour en apportant
leur aide à ceux qui en ont besoin.
http://agirpoursasante.free.fr/adosos/pages/for1.html
* Des activités.
Une initiation à la peinture, à la sculpture et à la
création vidéo permettra à ces jeunes de découvrir
de nouveaux modes d’expression et de réalisation tout
en valorisant leurs compétences.
http://agirpoursasante.free.fr/adosos/pages/activ1.html
- Une évaluation des résutats obtenus sera possible
grâce à un questionnaire s’inspirant de celui
présenté à la page :
http://agirpoursasante.free.fr/pages/pref1.html
2. Cette action est prioritairement destinée aux
adolescents en difficulté. Elle s’adresse préférentiellement
aux adolescents résidant en Corse mais restera ouvert à tout
adolescent résidant dans une autre région de France.
3. Les partenaires associés à cette
action seront : les institutions hospitalières publiques
et privées
ainsi que les associations spécialisées ou locales
intéressées par nos services. Une information concernant
notre action sera également adressée aux médias
(presse, radio, télévision).
4. Les activités seront réalisées
en Haute-Corse, au Domaine de l’Avidanella, à Santa-Luccia
di Moriani. Elles pourront également avoir lieu à domicile
ou au sein d’autres structures intéressées.
http://espacecbe.free.fr/pages/activ1.html
Pour ce qui concerne les consultations de psychologie
et de psychothérapie, elles seront effectuées soit par téléphone
soit par e-mail et réalisées de mon domicile,
Village de Lama, 20218 Lama.
http://espacecbe.free.fr/pages/cont1.html
5. La durée de globale de cette action sera d’un
an (reconductible en fonction du renouvellement du financement) à partir
de la date de réception de la subvention demandée.
La durée des consultations sera fonction de la demande et
des difficultés des adolescents concernés. Une orientation
vers des institutions de soins spécialisées sera éventuellement
proposée si l’état psychologique du jeune le
nécessite.
6. La méthode d’évaluation sera basée
sur le questionnaire proposé à la page :
http://agirpoursasante.free.fr/pages/pref1.html
Je vous remercie pour l’attention que vous
porterez à l’examen
de notre dossier et vous prie d’agréer, Monsieur
le Directeur, l’expression de mes respectueuses salutations.
Paul Zveguinzoff
Directeur de l’association
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Réponse de l'URCAM
datée du 19 avril 2005
Suite à votre dossier de demande de subvention, déposé
dans le cadre de l'appel à projet commun 2005, relatif à des actions
de santé publique et de prévention, le comité de sélection s'est
réuni le 24 mars 2005.
Cette instance a émis un avis défavorable concernant
les actions suivantes :
- "consultations psychologiques ateliers de création"
et "formation des professionnels" au motif que le coût
de ces deux projets comporte essentiellement la création d'un
poste.
En 2007, une nouvelle
demande de subvention a été
adressée au GRSP (Groupement Régional de Santé Publique) de
Corse. Elle a de nouveau été refusée. |
Argumentaire
relatif à la demande de subvention
Tiré de "Ados :
Les pilules du malheur" par Gilbert Charles - Gavés
d'antidépresseurs et
d'anxiolytiques, les jeunes Français sont de plus en plus
nombreux à tenter de se suicider. Des voix s'élèvent
pour dénoncer les tragiques effets secondaires de médicaments
mal prescrits.
«Je ne dis pas que ce sont les médicaments qui l'ont
tuée, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils
y sont pour quelque chose...» Foulard Hermès et Brushing
impeccable, Marie-Claude D., épouse d'un ingénieur
parisien et mère de quatre enfants, étouffe un sanglot
en évoquant sa fille cadette, Olivia, qui s'est suicidée
l'an dernier, à l'âge de 18 ans. «Elle était
rebelle et repliée sur elle-même, je ne comprenais
pas. Elle avait déjà fait une tentative à 14
ans. J'ai appris plus tard, en lisant son journal, qu'elle avait
subi une agression sexuelle et n'en avait jamais rien dit. Elle
a finalement réussi à passer son bac, mais s'est
remise à déprimer. Nous l'avons emmenée chez
un généraliste, qui lui a prescrit du Prozac. Deux
mois plus tard, elle n'allait pas mieux. Il a augmenté les
doses, en ajoutant un tranquillisant.» Un soir de novembre,
Olivia avale le contenu des boîtes de pilules après
avoir rédigé une lettre d'adieu. Elle se réveille
quelques heures plus tard dans un demi-coma et, constatant qu'elle
est toujours vivante, se hisse jusqu'à la fenêtre
et saute du 6e étage. «Elle avait une rage d'en finir,
soupire sa mère. Depuis, j'ai appris que ces médicaments
pouvaient favoriser les pulsions suicidaires. Et je m'interroge.»
«Je vois arriver dans ma consultation des
gamins de 11-12 ans avec des ordonnances de grand-mère comprenant
des calmants le matin et des somnifères le soir.»
Elle n'est pas la seule. Adhérente de l'association Phare
enfants-parents, Marie-Claude participe régulièrement
au «groupe de parole des parents endeuillés».
Chaque dernier samedi du mois, une vingtaine de pères et
de mères d'adolescents suicidés ou tués dans
des accidents de la route se retrouvent pour discuter et s'entraider
dans leur terrible épreuve. Un sujet revient souvent dans
les conversations: celui des psychotropes et de leurs effets secondaires.
Leurs enfants suicidés prenaient presque tous des anxiolytiques,
des somnifères ou des antidépresseurs pour calmer
leur mal de vivre. Des médicaments dont l'usage s'est banalisé ces
dernières années, chez les adultes comme chez les
jeunes, et dont les spécialistes dénoncent aujourd'hui
les abus et les risques.
La consommation de «pilules pour la tête» chez
les enfants et les adolescents connaît en France une véritable
explosion. "Je vois arriver dans ma consultation des gamins
de 11-12 ans avec des ordonnances de grand-mère comprenant
des calmants le matin et des somnifères le soir", s'indigne
Xavier Pommereau, chef de service de psychiatrie pour adolescents
du CHU de Bordeaux. "Certains sont carrément accros
aux médicaments
depuis deux ou trois ans et nous sommes parfois obligés
de les sevrer à l'hôpital, avant toute prise en charge.
Il y a une dérive évidente dans ce domaine depuis
quelques années: il est temps de tirer la sonnette d'alarme."
Les jeunes semblent recourir aux pilules au moindre malaise, comme
une gomme à effacer les problèmes. Selon une enquête
quadriennale de l'Inserm menée auprès de lycéens,
les adolescents français arrivent au deuxième rang
européen pour la consommation de médicaments «psy», à égalité avec
la Croatie: 19% des garçons et 26% des filles de 16-17 ans
reconnaissent en avoir pris au moins une fois, avec ou sans ordonnance.
Une étude menée à Strasbourg en 1989 a montré que
12% des enfants à l'école primaire étaient
traités avec force sirops ou pilules pour des troubles du
sommeil, dont les trois quarts depuis l'âge de 4 ans!
«Le phénomène s'est accéléré depuis
dix ans, note Manuel Bouvard, pédopsychiatre à l'hôpital
Charles-Perrens, à Bordeaux. Les psychotropes sont de plus
en plus souvent prescrits pour l'insomnie, l'agitation, l'anxiété ou
la boulimie, troubles qui n'ont rien à voir avec leur indication
de départ.» On prescrit un peu n'importe comment et à n'importe
qui: les spécialistes estiment que 6 à 7% des adolescents
sont réellement déprimés, dont la moitié ne
sont pas traités, alors que beaucoup d'autres sont mis sous
antidépresseur sans réelle justification. Contrairement à ce
qu'on pourrait croire, ce ne sont pas les psychiatres qui délivrent
le plus d'ordonnances, mais les généralistes, à l'origine
de 90% des prescriptions, y compris pour les enfants. Dans la moitié des
cas, les jeunes obtiennent le médicament sans passer par
le cabinet d'un médecin, en se servant simplement dans la
pharmacie de leurs parents. Les pilules font aussi l'objet de trafics
dans les cours de récréation des collèges
et des lycées. "On fustige le cannabis et l'alcool,
mais personne ne parle de la toxicomanie pharmaceutique", dénonce
le psychiatre Roland Broca, président de la Fédération
française de santé mentale. "Les médicaments
ne sont pas systématiquement recherchés en cas d'accident
de la route, mais je suis persuadé qu'ils sont responsables
de presque autant de morts que l'alcool."
Des relations difficiles avec l'école
et leur famille
Les jeunes Français seraient-ils victimes
d'une épidémie
de dépression? Bourrés de psychotropes, ils sont
aussi de plus en plus nombreux à essayer de se suicider,
comme les deux collégiennes de Calais qui ont disparu après
avoir annoncé leur geste sur Internet. Si le nombre de moins
de 25 ans qui «réussissent» reste stable (moins
d'un millier par an), celui des tentatives ne cesse de progresser:
entre 10 000 et 15 000 chaque année. Sans compter
les nombreux cas qui ne donnent pas lieu à hospitalisation
et passent inaperçus. "Ce chiffre a progressé de
40% depuis dix ans, en particulier chez les filles", explique Marie
Choquet, épidémiologiste à l'Inserm. "Les
pensées
suicidaires ne sont pas plus nombreuses qu'avant, mais il semble
que l'on passe de plus en plus facilement à l'acte, comme
si le geste se banalisait." La plupart des candidats au suicide
sont, apparemment, des ados comme les autres: ils ont des amis,
sortent souvent, ont une relation amoureuse dans 70% des cas; leur
consommation d'alcool ou de drogue n'a rien d'exceptionnel et leurs
parents sont en majorité mariés et vivent ensemble. «Mais
82% d'entre eux sont considérés comme déprimés,
poursuit Marie Choquet. Ils ont des relations difficiles avec le
système scolaire ou professionnel et surtout avec leur famille.
Les garçons sont deux fois moins touchés que les
filles, mais, chez eux, le malaise se traduit plutôt par
des comportements violents et des conduites à risque, comme
la toxicomanie. On voit aussi augmenter les gestes d'agression
contre soi-même, comme les scarifications, les tatouages
et les piercings.»
Dans 13 cas sur 15, ces molécules ne sont pas plus efficaces
qu'un placebo, et les patients sous traitement sont trois fois
plus nombreux à envisager le suicide
Peut-on établir une relation de cause à effet
entre la surconsommation de psychotropes et l'augmentation des
suicides en France? Aucun expert ne se risque à l'affirmer,
car les données épidémiologiques sont très
rares, sinon quasi inexistantes. Mais les doutes sur les effets
secondaires des pilules ne cessent de grandir. "Il est extrêmement
difficile de distinguer les effets des médicaments et ceux
de la dépression elle-même", note Bernard Golse, pédopsychiatre à l'hôpital
Necker, "mais on peut tout de même remarquer que la
moitié des
ados qui récidivent après une première tentative
de suicide utilisent les médicaments qu'on leur a prescrits,
et 60% d'entre eux réussissent." Mais il y a plus
grave. On découvre aujourd'hui que certains psychotropes
censés soigner les dépressifs ont une fâcheuse
tendance à favoriser les comportements agressifs et les
passages à l'acte suicidaire, en particulier chez les jeunes.
Des résultats d'études délibérément
dissimulés
Les antidépresseurs de la famille du Prozac
connaissent depuis une vingtaine d'années un formidable
succès.
Un Français sur dix s'est vu l'an dernier prescrire la «pilule
du bonheur» - comme les médias l'ont baptisée à son
apparition dans les années 1980 - alors que le taux de prévalence
de la dépression dans la population est estimé à moins
de 5%. Utilisés pour soigner les troubles de l'humeur, l'anorexie,
les coups de blues et les vraies dépressions, le Prozac
et ses cousins se sont aussi répandus chez les enfants et
les adolescents. Retour de bâton : Jugeant que les antidépresseurs
sont trop dangereux, le ministre de la Santé envisage maintenant
d'encadrer leur usage chez les moins de 18 ans.
Depuis le début des années 1990, des médecins
américains et européens ont commencé à suspecter
la fluoxétine (nom générique de la molécule
du Prozac) d'avoir des effets secondaires bien plus graves que
ceux qui sont stipulés sur la notice - perte d'appétit,
troubles du sommeil, baisse de la libido... Les témoignages
de patients faisaient souvent état de crises d'épilepsie,
de sautes d'humeur, d'accès de violence et d'idées
suicidaires. Plusieurs actions en justice ont été intentées
aux Etats-Unis par des familles de victimes de meurtres et de suicides
attribués au Prozac. Mais le fabricant, Eli Lilly, a toujours
réfuté ces accusations et gagné ses procès
- parfois en concluant des accords secrets avec les plaignants
pour qu'ils retirent leur plainte, comme en 1994. «Ce médicament
a été prescrit à plus de 50 millions de personnes
dans le monde et sa sécurité et son efficacité sont
bien établies», n'a cessé de marteler le laboratoire.
Pourtant, les preuves de sa dangerosité ne cessent de s'accumuler.
Après avoir été intriguées par des
anomalies dans une étude réalisée par le fabricant
mais jamais publiée, les autorités médicales
de chaque côté de l'Atlantique - la Food and Drug
Administration (FDA), aux Etats-Unis, et l'Agence européenne
du médicament - ont demandé en 2003 à consulter
toutes les données concernant les essais cliniques des antidépresseurs
dits de deuxième génération. Les résultats,
publiés en octobre 2004, laissent peu de place au doute:
ils indiquent que, dans 13 cas sur 15, ces molécules ne
sont pas plus efficaces qu'un placebo et que les patients sous
traitement sont trois fois plus nombreux à envisager le
suicide ou à faire une tentative. En décembre dernier,
le British Medical Journal a reçu un courrier anonyme contenant
des notes internes de la filiale allemande d'Eli Lilly, probablement
envoyé par un employé, qui montre que la firme a
tenté de dissimuler délibérément les
résultats d'études cliniques en demandant aux médecins
d'enregistrer les suicides de patients comme des «surdosages».
«C'est un abus de confiance criminel», s'emporte le Dr Robert
Bourguignon. «Dommage que ces informations n'aient pas été rendues
publiques il y a huit ans: j'aurais sans aucun doute gagné mon
procès». Ce médecin bruxellois, responsable
d'une agence d'information médicale indépendante,
s'est vu traîner en justice par Eli Lilly en 1997, pour avoir
publié dans une revue scientifique une étude réalisée
auprès de 500 confrères sur les effets secondaires
du Prozac, faisant état d'un nombre anormal de crises de
violence et de tentatives de suicide parmi leurs patients. Le laboratoire
a fait témoigner une brochette de spécialistes et
le Dr Bourguignon a été condamné pour diffamation.
Plus d'inhibitions, mais l'angoisse est toujours
là
Les effets délétères de la fluoxétine
sont particulièrement alarmants chez les jeunes patients.
Le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) est, lui aussi, accusé d'avoir édulcoré les
résultats d'une étude clinique de son antidépresseur,
le Deroxat, sur des adolescents. Les résultats montraient
un taux de tentatives de suicide huit fois plus important chez
les enfants traités avec la molécule que ceux sous
placebo. Le procureur de l'Etat de New York vient d'entamer une
action en justice contre GSK pour avoir caché les risques
du produit.
«Ces produits n'agissent
pas de la même façon
dans les cerveaux infantiles en formation. Leur effet neurologique
sont très différents avant l'âge adulte et
après 25 ans».
Comment un médicament peut-il pousser à se détruire?
La fluoxétine, la molécule active du Prozac, agit
en stimulant dans le cerveau la production de sérotonine,
un neuromédiateur impliqué dans l'impulsivité et
la régulation des comportements. «Le Prozac est un
excitant, un produit euphorisant: il lève les inhibitions
mais sans calmer l'angoisse», explique le Pr Edouard Zarifian, psychiatre
au CHU de Caen, et auteur d'un fameux rapport sur la surconsommation
des psychotropes en France. «La déprime est toujours là,
mais le sujet n'est plus prostré, il redevient actif, et
retrouve assez d'énergie pour se suicider.»
Les tests sur les mineurs : très chers
et trop complexes
Il n'y a pas que les antidépresseurs. Georges-Alexandre
Imbert, président de l'Association d'Aide Aux Victimes
des Accidents des Médicaments (AAA-VAM) - dont le fils
s'est suicidé - accuse pour sa part les benzodiazépines,
c'est-à-dire les somnifères. L'association recense
chaque année des centaines de témoignages de patients
traités aux psychotropes pris de délire, d'accès
de violence ou se suicidant. «La plupart prenaient du Valium,
du Xanax ou du Stylnox», affirme Imbert. «Comme ce vieillard de 75
ans qui a tué sa femme de 17 coups de couteau ou ce journaliste
parisien qui, victime d'une crise inexpliquée, a menacé sans
raison un agent de la circulation de lui faire avaler son képi
et de tuer sa mère, ce qui lui a valu un séjour derrière
les barreaux et un procès pour insubordination.» Richard
Durne, le forcené qui a abattu huit personnes dans la salle
du conseil municipal de Nanterre en mars 2002, était lui
aussi un dépressif chronique. C'est également le
cas de l'un des deux jeunes auteurs du massacre perpétré en
1999 au lycée de Columbine, dans le Colorado (12 morts),
pour lequel on invoque aujourd'hui l'influence de l'antidépresseur
Luvox avec lequel il était traité.
Une centaine de dossiers de l'AAA-VAM concernent
ainsi des cas d'enfants ou de jeunes adultes. Camille, 16 ans,
est depuis trois mois plongée dans un coma profond après une tentative
de suicide au Stylnox. Toxicomane à l'héroïne,
elle s'était fait prescrire ce somnifère pour prévenir
les crises de manque. «Le médecin qui a soigné ma
fille ne nous a jamais mis en garde contre les dangers de ce produit
et n'avait manifestement pas une formation adaptée»,
accuse aujourd'hui son père.
Le phénomène est d'autant plus inquiétant
que la moitié des psychotropes administrés aux enfants
en France n'ont été testés que sur des adultes
et sont contre-indiqués aux moins de 15 ans. Les laboratoires
renâclent à se lancer dans des essais cliniques sur
les mineurs, très chers et très complexes à réaliser
car il nécessitent le consentement des parents. D'autant
plus que le marché des moins de 15 ans n'est pas très
lucratif: ces derniers représentent 20% de la population
mais consomment seulement 5% des médicaments. Cela n'empêche
pas les médecins de prescrire aux jeunes des médicaments
pour adultes, sous leur propre responsabilité, en adaptant
souvent les posologies au jugé, en fonction de l'âge
du patient. «Le problème, c'est que ces produits n'agissent
pas de la même façon dans les cerveaux infantiles
en formation», explique Bernard Golse. «L'absorption d'une molécule
par l'organisme, sa transformation et son effet neurologique sont
très différents avant l'âge adulte et après
25 ans.»
Face à toutes ces dérives, les autorités
sanitaires tentent aujourd'hui de prendre des mesures. La FDA impose
depuis l'automne aux fabricants d'antidépresseurs d'imprimer
sur leurs boîtes de pilules un avertissement sur les risques
de «comportements violents ou suicidaires». L'Agence
européenne du médicament recommande aux médecins
de ne plus prescrire de psychotropes aux moins de 18 ans, sauf
pour les cas les plus graves, traités en milieu spécialisé.
C'est aussi l'avis de Philippe Douste-Blazy : Le ministre de la
Santé envisage d'imposer cette mesure dans le cadre de son
plan pour la santé mentale, présenté le 4
février.
Associer une psychothérapie aux médicaments
«Il ne faut pourtant pas diaboliser les psychotropes»,
estime le Dr Xavier Pommereau. «Ils sont souvent indispensables
pour débloquer
une situation de crise et permettre à l'adolescent de reprendre
pied. Mais ils ne doivent pas être la seule réponse à la
détresse. Les tentatives de suicide sont le résultat
d'une mauvaise prise en charge plutôt que de l'usage d'un
produit.» Tous les spécialistes le répètent:
les pilules ne soignent que les symptômes, elles ne traitent
pas les problèmes familiaux ou affectifs de l'adolescent,
la cause de sa dépression. C'est pourquoi la plupart d'entre
eux associent systématiquement une psychothérapie
aux médicaments. «Il n'y a rien de pire que l'ado
traîné par ses parents chez le médecin, qui
se voit prescrire une pilule sans qu'on prenne la peine de l'écouter»,
peste le pédopsychiatre Marcel Rufo. «En psy, ce qui soigne,
c'est le temps.» Il a fallu des années d'excès
pour apprendre la prudence avec les antibiotiques. Il va falloir
l'apprendre avec les psychotropes.
Source : L'Express
relayée par topchretien.com/
La conclusion de cet article
est d'associer systématiquement une psychothérapie
aux médicaments. C'est précisément ce niveau d'équilibre
et de complémentarité qui motive notre action.
Dépression: Antidépresseurs déconseillés
pour la dépression chez les enfants et ados
L'Agence européenne du médicament a refait une
mise au point sur l'usage des antidépresseurs pour les enfants
et adolescents de moins de 18 ans, dans le but d'harmoniser les
pratiques au sein de l'Union européenne. Elle réitère
la recommandation faite en décembre 2004 que la dépression
chez les enfants et les adolescents soit traitée en premier
lieu par la psychothérapie et de façon exceptionnelle
seulement par antidépresseurs pour les dépressions
plus sévères. Cette recommandation fait suite à l'identification
d'un risque suicidaire accru chez les jeunes traités par
antidépresseurs révélé par certaines études
cliniques.
Le traitement par antidépresseurs est également
déconseillé pour les troubles anxieux excepté dans
certains cas. Il reste autorisé pour le traitement des troubles
obsessionnels compulsifs ou du trouble déficitaire de l'attention
avec hyperactivité pour certains d'entre eux.
L'Agence française de sécurité sanitaire
des produits de santé (AFSSPS) a repris les mêmes
recommandations.
On estime que 95 000 enfants et adolescents étaient traités
chaque année par antidépresseurs dont 40 000 pour
dépression.
Source : La Tribune.fr, 25 avril 2005 |
Mise en garde contre un médicament
utilisé dans le traitement de l'hyperactivité
Suite à une mise en garde émise
par la Food and Drug Administration américaine et des
discussions avec Santé Canada, une mise en garde sera
apposée sur le Strattera®, un médicament utilisé pour
le traitement du déficit de l’attention / hyperactivité (DAH)
chez les enfants, pour prévenir ses utilisateurs qu'il
peut donner des pensées suicidaires.
Cette alerte fait suite à une analyse de plus d’une
douzaine d’études sur le Strattera®. 2200
enfants, dont 1357 prenaient ce médicament ont été suivis.
Il s’avère que 0,4% des enfants traités
ont rapporté des idées de suicide alors qu’aucun
enfant du groupe prenant un placebo n’a eu ce type de
pensées.
Santé Canada a l'intention d'effectuer une révision
de tous les médicaments utilisés pour soigner
le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité,
soit le Concerta, l'Adderall XR, le Dexadrine, le Ritalin et
l'Attenade.
Source : Psychomédia |
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Stratégie française
d'actions face au suicide 2000/2005
Introduction
Le nombre de suicides et de tentatives de
suicide reste particulièrement préoccupant. Chaque
année, en France, 160 000 personnes font une tentative
de suicide et 12 000 en meurent. C’est la première
cause de décès chez les jeunes adultes.
Le Gouvernement considère la prévention
du suicide comme un des axes majeurs de sa politique de Santé publique
et a demandé à Dominique GILLOT, Secrétaire
d’Etat à la Santé et aux Handicapés
de mettre en place un programme d’actions pour la période
2000 – 2005.
Cette stratégie a pour objectif, à travers
la prévention des suicides, de pouvoir apporter une réponse à la
souffrance psychique des suicidants, de développer des
actions d’accompagnements des jeunes et de leur famille,
d’améliorer la qualité des soins, enfin de
mieux coordonner les efforts de nombreux acteurs sur ce thème.
Ce programme d’actions pour la période
2000 – 2005 se décline selon 4 axes :
1 – Favoriser la prévention par un
dépistage accru des risques suicidaires. Les professionnels
doivent avoir des pratiques communes et des outils validés
pour évaluer les facteurs de risque de la crise suicidaire.
Une Conférence de Consensus (octobre 2000) produira des
recommandations sur ce thème. A partir des conclusions de
cette conférence, des formations pluri-professionnelles
seront organisées dans toutes les régions. Par ailleurs,
le soutien aux associations d’écoute et d’accueil
des personnes en souffrance psychique sera renforcé...
2 – Diminuer l’accès aux moyens
couramment mis en œuvre lors de suicides, que ces procédés
soient traumatiques (armes à feux, train...) ou toxiques
(médicaments...). Des études nationales sont mises
en place pour mieux comprendre les circonstances de ces suicides
et mettre en place des actions de prévention.
3 – Améliorer la prise en charge.
L’Agence Nationale de l’Accréditation et de
l’Evaluation en Santé (ANAES) a élaboré en
1998 des recommandations sur la «Prise en charge hospitalière
des personnes après une tentative de suicide».
Un audit clinique est en cours dans les établissements
de santé des 12 régions ayant un programme régional
de prévention du suicide. Cet audit clinique sera progressivement étendu à toutes
les régions. Par ailleurs des recommandations seront élaborées
sur les actions de prévention les plus pertinentes et
les dispositifs de téléphonie sociale.
4 – Améliorer la connaissance épidémiologique.
Un pôle d’observation spécifique au suicide
sera créé au sein de la Direction de la Recherche
des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques du Ministère
de l’Emploi et de la Solidarité. Il produira un bilan
quantitatif et qualitatif tous les ans.
Cette stratégie française d’actions
constitue une première étape de travail qui s’enrichira
chaque année de nouvelles actions ainsi que des évaluations
des actions mises en œuvre.
Favoriser la prévention par un dépistage
accru des risques suicidaires - Prévenir les tentatives
de suicides notamment chez les jeunes - Situations actuelles
Le suicide est la 2ème cause de mortalité chez
les 15-24 ans et la 1ère cause chez
les 25-34 ans. Si le taux global de suicides (tous âges confondus)
a tendance à diminuer légèrement depuis le
début des années 1990, les taux sont en augmentation
constante chez les adolescents et les jeunes adultes, particulièrement
de sexe masculin.
Pour cette population, le suicide est un symptôme du mal-être,
de la souffrance psychique ou de la détresse morale.
Les dispositifs d’accueils et d’écoute des jeunes et/ou
de leur famille sont des éléments importants de la prise en charge
de la souffrance psychique et donc de la prévention du suicide. Toutefois,
ces dispositifs sont confrontés aux mêmes difficultés de
repérages des conduites suicidaires que les autres structures.
Objectifs
Améliorer la cohérence et
renforcer le dispositif d’accueil et d’écoute
des adolescents et des jeunes adultes. Mettre en place des recommandations
sur le dépistage des facteurs de risque de la crise suicidaire.
Mesures
Circulaire renforcement des lieux d’accueil
et d’écoute pour les jeunes comme les points accueil
jeunes et les points écoute jeunes et parents, afin de les
intégrer dans les réseaux locaux de prévention
du suicide.
Organisation d’une conférence de consensus
en octobre 2000 par l’ANAES et la fédération
française de psychiatrie sur «la crise suicidaire
: mieux repérer et prendre en charge» et diffusion
des conclusions auprès de l’ensemble des acteurs impliqués.
En se basant sur ces recommandations, élaboration
de formations spécifiques des intervenants dans les dispositifs
d’accueil et d’écoute des jeunes, sur les conduites
suicidaires, leur repérage et leur prise en charge.
Coûts
Conférence de consensus et des audits : 0,5
MF
Formations suite aux conclusions de la conférence de consensus : 0,3
MF
Améliorer la formation des intervenants
Situation
De multiples formations sont proposées sur
la prévention du suicide et de la prise en charge des personnes
suicidantes. Ces formations doivent être pluridisciplinaires.
La prise en charge des personnes en crise suicidaire doit être
individualisée. Elle implique souvent plusieurs professionnels
du champ sanitaire, psychologique et social, et nécessite
une continuité dans le temps.
Objectifs
Améliorer le contenu des formations sur la
crise suicidaire.
Favoriser les formations interdisciplinaires dans le cadre d’un plan
de formation national.
Sensibiliser les personnels des établissements scolaires (conseillers
d’éducation, enseignants...) au repérage de la souffrance
psychique des jeunes. Former au travail en réseau autour de la prise
en charge des personnes en crise suicidaire.
Mesures
Organisation d’une session de formation nationale
de formateurs régionaux sur la question des crises suicidaires, à partir
d’un contenu reprenant les conclusions de la conférence
de consensus sur la crise suicidaire...
Organisation de trois journées interrégionales
(éducation nationale / santé) destinées aux
personnels médico-sociaux et aux inspecteurs d’Académie
de l’Education Nationale pour les sensibiliser aux problèmes
liés à la souffrance psychique des jeunes et à la
prévention du suicide.
Mise en place d’un travail de partenariat
pour le soutien des équipes éducatives confrontées à la
souffrance psychique des jeunes, entre le dispositif spécifique
des classes-relais de l’éducation nationale et les
secteurs de pédo-psychiatrie ou les centres médico-psycho-pédagogiques.
(Circulaire du 24 juillet 2000).
Mise en place de formations «d’échange
de pratiques» permettant notamment la valorisation d’actions
développées par les différents acteurs du
champ sanitaire et social.
Coûts
Coût formation de formateurs : 0,5 MF.
Coût partenariat classe-relais / les secteurs
de pédo-psychiatrie : 3,1 MF.
Diminuer l'accès aux moyens létaux
- Mieux comprendre les circonstances des suicides et diminuer l’accès
aux moyens létaux - Situation actuelle
Les principaux moyens utilisés pour les tentatives
de suicides sont les armes à feu, les chutes volontaires
sous les transports en commun et les surdosages médicamenteux.
Ainsi chaque année, 2900 personnes se suicident par arme à feu
(un tiers des suicides masculins et 10% des suicides féminins).
En France, 23% des foyers détiennent une arme à feu.
5 millions de personnes chassent ; 140 000 sont licenciées
dans des clubs de tir dont 40 000 sont pratiquantes régulières.
La SNCF et la RATP recensent respectivement 300 et 150 suicides
par an. Les médicaments sont responsables de 11% des décès
par suicide chez les hommes et de 27% chez les femmes. Des études
ont montré que la disponibilité plus ou moins grande
de ces moyens pouvait avoir un impact sur l’évolution
du nombre de suicides, en prévenant les suicides
impulsifs, mais nous manquons de données sur ce thème
en France.
Objectifs
Diminuer l’accès aux armes à feu,
améliorer leur sécurisation et responsabiliser les
détenteurs d’armes à feu en identifiant mieux
les circonstances de leur utilisation dans les suicides et les
tentatives de suicide,
Améliorer la mise en sécurité des sites publics (SNCF
/ RATP) dans lesquels sont recensés les tentatives de suicide,
Mieux limiter l’accès à certains médicaments et
responsabiliser leurs utilisateurs.
Mesures
Mise en place d’une étude sur la mortalité par
suicide par arme à feu afin de préciser l’origine,
l’utilisation et le stockage des armes pour adapter une politique
de responsabilisation des détenteurs d’armes à feu.
Mise en place d’une étude sur les intoxications
médicamenteuses volontaires suivies dans les services de
réanimation : circonstances de l’acte suicidaire ;
nature des produits et fréquence d’utilisation.
Mise en place d’une étude, dans une
ou deux régions pilotes, pour évaluer l’intérêt «des
autopsies psychologiques» (analyse des circonstances psychologiques
qui ont entouré le suicide).
Mise en place d’un travail interministériel
pour sécuriser les sites les plus souvent utilisés
dans les tentatives de suicide.
Intégrer la responsabilisation des détenteurs
d’armes à feu et des possesseurs de médicaments
dans les campagnes de communication sur les accidents domestiques
par le développement du concept de «Maison sûre».
(CNAM / CFES).
Coûts
Coût de l’enquête sur les armes à feu
: 0,5 MF 2001.
Coût de l’étude dans les services
de réanimation : 0,8 MF 2001.
Coût de la formation «autopsies psychologiques» :
0,2 MF 2001.
Améliorer la prise en charge - Situation
Identifier et prendre en charge les personnes en
crise suicidaire est complexe. Le mal-être n’est pas
toujours exprimé ou verbalisé. Lorsqu’il est
exprimé, il peut ne pas être entendu. Lorsque la crise
suicidaire est repérée, les professionnels du champ
médical ou psychosocial ne savent pas toujours comment agir
face à la détresse de la personne. La prise en charge
des personnes suicidantes nécessite l’intervention
d’acteurs de champs différents.
Un jeune suicidant sur 4 est hospitalisé. 17% quittent l’hôpital
dans les 12 heures ; 83% sont transférés (41% en pédiatrie
; 17% dans un service d’urgence ; 9% en psychiatrie ; 28% dans d’autres
services de médecine générale. 21% ne rencontrent
pas de spécialiste «psy»). Il est pourtant important
de ne pas banaliser la tentative de suicide et de prendre en compte non seulement
les aspects somatiques induits mais aussi la souffrance psychique (pré)existante.
L’ANAES a élaboré et diffusé en 1999 des recommandations
de bonnes pratiques sur «la prise en charge hospitalière des
adolescents après une tentative de suicide». A la suite de recommandations,
des audits ont déjà été réalisés
dans 60 hôpitaux situés dans les 10 régions. Ces recommandations
peuvent être élargies aux autres publics (adultes, personnes âgées).
Objectifs
Améliorer la prise en charge à l’hôpital
des personnes suicidantes et éviter les récidives.
Améliorer les partenariats entre les services d’urgences et les
partenaires extérieurs (médecins généralistes ;
associations d’accueil et d’écoute ; structures médico-sociales)
pour favoriser la cohérence, la globalité et la continuité de
la prise en charge.
Favoriser l’individualisation des réponses.
Mesures
Généralisation des audits cliniques
ANAES sur les prises en charge aux urgences des établissements
de santé des personnes ayant fait une tentative de suicide
;
Renforcer et développer les lits d’hospitalisation
pour adolescents et les lits de pédopsychiatrie dans les
17 départements qui en sont actuellement dépourvus.
Coût des audits cliniques : 0,5 MF.
Améliorer la qualité des actions de
prévention primaire et favoriser la mise en place d’actions
d’éducation pour la santé
Situation
Le suicide est multifactoriel. L’élaboration
d’un message de prévention primaire est complexe.
Les études récentes insistent sur les modalités
de communication (les communications trop spécifiques peuvent
avoir des effets délétères). En matière
de prévention primaire précoce, les experts et les
conclusions des études nationales et internationales préconisent
d’intégrer la problématique du suicide dans
une prévention primaire plus globale du mal-être ou
de la souffrance psychique. Les tentatives de suicide
consistent un des symptômes de ce mal-être.
Objectif
Elaborer des outils de prévention
(vidéo, brochures, affiches,...) permettant le dialogue
entre professionnels et jeunes sur le thème du mal-être.
Mesures
Renforcer la pédagothèque du CFES
sur le thème du suicide et développer sa capacité de
recensement, d’expertise, de diffusion des outils de prévention
et de recommandations sur leur mode d’utilisation.
A partir de la pédagothèque, labelliser
des actions d’éducation pour la santé développant
la capacité des jeunes à prendre en charge leurs
problèmes ou de rechercher le dialogue avec l’adulte.
Coût
Coût du développement de la pédagothèque
pour la prise en compte du suicide : 0,2 MF.
Etablir des recommandations de pratiques pour les
acteurs de prévention travaillant en dehors de l’hôpital
Situation
La mobilisation des acteurs de prévention,
notamment dans le cadre des programmes régionaux de prévention
du suicide, a permis de développer de nombreuses actions
innovantes. notamment répertoires recensant les acteurs
locaux impliqués dans la prévention du suicide ; intervention
de psychologues dans les missions locales ; formations
de médecins généralistes ; formations interdisciplinaires,
interventions en milieu scolaire ; services de téléphonie
sociale... Des évaluations en cours en évaluent la
pertinence.
Objectif
Diffusion de pratiques validées sous forme
de recommandations pour favoriser la cohérence et la qualité des
actions, valoriser et mobiliser les acteurs de terrain.
Mesures
Poursuite des évaluations et diffusion de
nouvelles recommandations. (Les premières diffusions de
recommandations auront lieu en 2001, suite aux évaluations
conduites en 1999 et 2000).
Mise en place d’une évaluation et élaboration
d’un cahier des charges ou d’une charte qualité pour
les associations d’accueil et les services de téléphonie
sociale œuvrant dans le champ de la prévention du
suicide (Union Nationale de Prévention du Suicide).
Coût
Coût des nouvelles évaluations / recommandations
: 0,2 MF en 2001.
Coût de l’évaluation des services
de téléphonie sociale : 0,22 MF en 2001.
Améliorer l’accompagnement des familles
ou des proches
Situation :
La survenue d’un décès
par suicide nécessite pour le professionnel chargé d’en
faire l’annonce, d’un savoir-faire spécifique
et justifie souvent la mise en place d’un soutien psychologique
pour la famille ou les proches. Or, peu d’institutions
ont un protocole pour annoncer les décès, a fortiori
en cas de suicide. De même, les associations qui agissent
sur ce thème n’ont pas de cahier de charges. Enfin,
le soutien psychologique des endeuillés n’est pas
systématiquement proposé.
Objectifs
Améliorer les conditions d’annonce,
par les institutions, du décès par suicide. Consolider
l’action des associations intervenant dans l’accompagnement
des familles et des proches.
Favoriser l’accès à des entretiens de soutien psychologique
pour les endeuillés qui le souhaitent.
Mesures :
Evaluation des propositions faites par un groupe
de travail de l’administration pénitentiaire / santé d’un
décès par suicide aux familles ou aux proches, et
diffusion aux autres institutions (police, sapeurs pompiers, établissements
de santé...).
Elaboration de recommandations sur l’accompagnement
des personnes endeuillées après un suicide en lien
avec les associations d’accueil et d’écoute.
Identifier et renforcer des lieux d’accueil
et d’écoute associatifs ou hospitaliers susceptibles
d’assurer le soutien psychologique des familles et proches
après un suicide (groupe de parole ; consultation).
Coût :
Coût du renforcement des structures d’accueil
et d’écoute : 1 MF en 2002.
Programmes régionaux de prévention
du suicide
Situation :
60% des personnes ayant fait une TS récidivent,
ce qui augmente de manière importante le risque de décès.
Il est donc essentiel d’agir au plus près du lieu
où est repérée la personne en crise suicidaire
(médecine générale, structure sanitaire
et / ou sociale...), d’où l’importance du
travail transversal ou en réseau. L’offre de prise
en charge sanitaire et sociale existe mais les informations sur
cette offre doivent être plus facilement disponibles et
la coordination doit être améliorée pour
assurer une meilleure efficacité de la prise en charge.
Objectif
Améliorer le travail de partenariat
et / ou en réseau dans la prise en charge de personnes
en crise suicidaire en incitant l’ensemble des régions à se
doter d’un programme de prévention du suicide en
particulier dans le cadre des programmes régionaux de
santé.
Mesures
Les programmes de prévention du suicide doivent
au minimum être en mesure de proposer :
- des outils d’information sur les acteurs locaux de prévention
du suicide ;
- une organisation de la prise en charge médico-sociale en réseau
;
- un plan de prévention primaire.
Coût
En 2001 : 8 MF dans le cadre des PRS.
Améliorer la connaissance - Mieux connaître
la situation épidémiologique - Situation
On manque de données sur la mortalité liée
aux tentatives de suicides et aux suicides. De surcroît les
données disponibles sont souvent parcellaires, non analysées
et donc difficiles à utiliser au niveau national. On recense
actuellement 12.000 décès annuels par suicide. On
estime qu’en réalité, il serait de l’ordre
de 14.000. Cette sous-estimation est liée à la méconnaissance
de la procédure postcertification par les médecins
généralistes (respect de l’anonymat, peur d’une
autopsie systématique ; problèmes liés aux
assurances, difficulté à identifier la nature suicidaire
de certains décès ; données incomplètes
transmises par certains instituts médico-légaux).
De même, il existe une augmentation des décès
par suicide des personnes en institutions notamment en psychiatrie
et en milieu carcéral (2 à 4% des suicides surviennent
lors d’une hospitalisation psychiatrique ; en milieu carcéral,
en 1999, on dénombre 125 décès par suicide
contre 47 en 1975). Ce phénomène qui concerne toute
l’Europe (ex. : en Grande-Bretagne, 10 à 15% des suicides
concernent des patients sortis d’une hospitalisation psychiatrique
depuis moins de quatre semaines) ; est largement sous-estimé.
Objectifs
Mieux connaître l’épidémiologie
des conduites suicidaires (décès par suicide, tentatives
de suicide, idées suicidaires) en :
- renforçant la fiabilité des indicateurs de mortalité en
population générale,
- mettant en place des indicateurs sur la mortalité par suicide dans
les institutions (établissements de santé notamment psychiatriques,
maisons de retraite, établissements scolaires, prisons...),
- créant un lieu de synthèse des données concernant le
suicide,
- favorisant la recherche épidémiologique sur cette question.
Mesures
Mise en place d'un pôle d’observation
en continu sur la prévention du suicide :
- bilan des données épidémiologiques disponibles au niveau
national et régional
- élaboration d’un plan national d’indicateurs de suivi
de l’évolution des conduites suicidaires et de leur prise en charge.
- élaboration de tableaux de bord régionaux et nationaux des
suicides en institutions.
Elaboration d’un protocole national d’harmonisation
des pratiques de déclaration des décès par
suicide et diffusion de ces recommandations à l’ensemble
des médecins généralistes.
Mise en place d’un protocole national de transmission
des données de mortalité par les instituts médico-légaux.
Coût
Brochures à destination des médecins
généralistes : 0,1 MF en 2001.
Mieux connaître les tentatives de suicides
prises en charge par les établissements de santé et
par les médecins généralistes
Situation
Les tentatives de suicide prises en charge par les
hôpitaux ou en médecine générale sont
mal connues. Au niveau des urgences hospitalières, elles
ne sont pas recensées par le PMSI si les personnes concernées
ne sont pas hospitalisées. En ville, peu de données
sont disponibles. Pourtant les médecins généralistes
sont des acteurs importants de la prise en charge de la crise suicidaire. En
effet, une majorité de suicidés consulte un médecin
dans les jours ou les semaines précédant leur mort.
Objectif
Améliorer l’épidémiologie
des tentatives de suicide prises en charge aux urgences des établissements
hospitaliers et en médecine générale.
Mesures :
Intégrer dans le programme de médicalisation
du système d’information (PMSI) des établissements
de santé et notamment des services d’urgence, des
indicateurs concernant toutes les tentatives de suicide arrivant
aux urgences.
Mise en place de recueils de données sur
les tentatives de suicide au sein du réseau sentinelle «médecins
généralistes» de l’INSERM.
Améliorer les connaissances en population
générale et mieux connaître les perceptions
du public
Situation
Hormis les données tirées du « Baromètre
santé-jeunes » du CFES et du sondage fait par l’Union
Nationale de Prévention du Suicide en 1999, il existe peu
de données sur les tentatives de suicide en population générale
et l’opinion de la population française sur le suicide.
L’offre de prise en charge sanitaire et sociale
existe mais les informations sur cette offre doivent être
plus facilement disponibles et la coordination doit être
améliorée pour assurer une meilleure efficacité de
la prise en charge.
Objectif :
Améliorer les connaissances et les perceptions
de la population générale sur les suicides pour mieux
appréhender les connaissances, les attentes sur ce sujet
et adapter les actions de prévention du suicide.
Mesures
Soutien à l’Enquête d’opinion
réalisée tous les deux ans par l’UNPS.
Extension du "Baromètre santé-jeunes" à la
population générale sur plus de 13 000 sujets avec
items sur le suicide pour mieux appréhender les tentatives
de suicide et leur prise en charge.
Elaboration d’outils d’information sur
les acteurs locaux de prévention du suicide au niveau des
régions.
Coût
Coût de l’enquête d’opinion
: 0,1 MF.
Source : http://www.infosuicide.org/ |
Repères bibliographiques
Prévenir le suicide des jeunes. In JOURNAL DE L'ANIMATION
(LE), 2002, n° 27, mars. - p. 65-80.
Chaque jour, 380 tentatives et 30 suicides
ont lieu en France dont 26 % de leurs auteurs ont moins de 30 ans.
Ces chiffres alarmants doivent conduire inévitablement les
professionnels intervenant auprès d'un public jeune à s'interroger
sur le sujet.
Suicides : comprendre, prévenir. In CULTURES en mouvement,
2002, n° 44, février. - p. 21-49.
Les conduites suicidaires sont inexplicables au sens réducteur
de causalité simple. Protestation contre la vie, vertige
de liberté, chaque trajectoire demeure singulière.
Dépression et tentatives
de suicide à l'adolescence.
/ Daniel MARCELLI ; Collaborateur Elise BERTHAUT. - Masson (Editeurs),
2001. - 264 p. - (Les âges de la vie).
Les liens évidents entre dépression et tentative
de suicide ont imposé par souci de cohérence d'aborder
conjointement ces deux problèmes, même si, tout particulièrement à l'adolescence,
il y a des distinctions à établir entre ces deux
registres de pathologie, ce à quoi on essaie de répondre
ici.
Mortalité (La) chez les jeunes. / Jean-Pascal ASSAILLY.
- Presses Universitaires de France, 2001. - 126 p. : Tableaux.
- (Collection encyclopédique, que sais-je n° 3614).
De quoi meurt-on aujourd'hui en France lorsque l'on a moins de
25 ans ? Cet ouvrage analyse à la fois l'épidémiologie,
la sociologie et la géographie de la mortalité chez
les jeunes et les facteurs psychologiques et sociaux qui expliquent
la fréquence de leurs comportements dangereux, au point
qu'ils sont responsables des deux principales causes de décès à cet âge
: les accidents de la route et le suicide.
Suicides et tentatives de suicide
en France. In ETUDES ET RESULTATS, 2001, n° 109, avril. -
8 p.
Les tentatives de suicide sont majoritairement le fait des femmes,
surtout des jeunes. Ce numéro donne toutes les données
chiffrées sur ce phénomène.
Adolescents, la crise nécessaire. / Stéphane CLERGET.
- Fayard (Librairie Arthème), 2000. - 339 p.
Les changements chez l'adolescent sont nombreux et souvent difficiles à vivre
pour lui et son entourage. Que signifient ces changements et comment
y répondre ? Cet ouvrage révèle en termes
clairs aux parents.
Agir (L') adolescent. / Christian
HOFFMANN. - St Agne : Erès
(Editions), 2000. - 94 p. - (Le bachelier).
L'agir adolescent inquiète les adultes. Cet ouvrage aborde
ce rapport toujours complexe de l'adolescent et de son entourage à l'acte.
Il apporte un éclairage nouveau sur cette dimension particulière
de l'opération adolescente : l'agir qui s'exprime souvent
dans des passages à l'acte violents comme la délinquance,
ou fusionnels comme la passion amoureuse.
Prévenir la répétition du passage à l'acte.
In ACTUALITES SOCIALES HEBDOMADAIRES, 2000, n° 2152, 4 février.
- p. 25-26.
Entre 15 et 24 ans, près de 1000 jeunes meurent chaque année,
par suicide. Les psychiatres s'estiment mieux à même
de prévenir - d'éventuelles et fréquentes
- récidives.
Prévention (La) du suicide des jeunes est possible. In
MOUV'ANCE, 2000, n° 88, octobre. - p. 6-11.
La question des tentatives du suicide est préoccupante certes,
mais leur occurrence est faible, révèle l'enquête
du GTN troubles de la conduite et du comportement.
Prévention des conduites suicidaires chez l'enfant et l'adolescent.
/ Marc WINDISCH. In JOURNAL DES PSYCHOLOGUES (LE), 2000, n° 180,
septembre. - p. 36-40.
Une unité mobile s'est constituée en 1997 pour intervenir
dans les établissements scolaires dans l'après-coup
du décès d'un élève. Cette intervention
en urgence procède par étapes, suivant une méthodologie
précise qui permet notamment d'aider les adultes à contenir
l'angoisse collective et de repérer les élèves à risque.
Souffrance des jeunes : le rapport
qui fait mal. In PHOSPHORE, 2000, n° 228, juin. - p. 50.
Une étude tire la sonnette d'alarme sur le mal-être
des ados d'aujourd'hui.
Suicide (Le) : cette envie d'en
finir. In PHOSPHORE, 2000, n° 232,
octobre. - p. 64-67.
Ça revient comme des obsessions. Les idées noires,
la peur de vivre. De ne jamais s'en sortir. Et l'on se dit que l'on
veut mourir.
Suicide (Le), mythe et réalité. In LIEN SOCIAL,
2000, n° 543, 14 septembre. - p. 4-9.
Celui qui attente à sa vie ne le fait ni par courage ni
par lâcheté. Il le fait par désespoir, car
dans l'instant il n'imagine pas pouvoir continuer à supporter
un jour de plus sa souffrance. Explications sur un sujet tabou
qui tue 12 000 personnes chaque année dont mille jeunes
entre 15 et 24 ans.
Cris de jeunes. / Guy GILBERT. - Salvator (Editions) ; Novalis
(Editions Les), 1999. - 287 p.
Prêtre-éducateur, l'auteur donne des réponses à des
questions que des jeunes lui ont souvent posées : "Que
pense-tu de l'avortement ?", "La sexualité, pour
toi curé, c'est quoi ?", "Le divorce ? La violence,
le suicide, etc..." Face aux épreuves et aux souffrances
qu'elles insinuent, l'auteur présente ses réponses
comme un morceau d'espoir.
Repères pour la prévention
des conduites à risques.
T.1 : Guide pratique ; T.2 : Guide théorique - BULLETIN
OFFICIEL DE L'EDUCATION NATIONALE, 1999, n° Hors-série,
9, 4 novembre 1999. - 56 p.
Après une énumération des différentes
conduites à risque rencontrées dans les établissements
scolaires dans le tome 1, le tome 2 rappelle les différents
textes officiels sur la prévention de ces conduites et tente
de les resituer et de les expliquer dans un environnement social.
Souffrances et violences : psychopathologie des contextes familiaux.
/ Dir. Patrick Ange RAOULT. - Harmattan (Editions L'), 1999. -
326 p. : Figures. - (Psychologiques).
Cet ouvrage analyse les violences familiales et apporte des réponses
proposées par les divers professionnels (psychologues, psychanalystes,
pédiatres, alcoologues, médecins scolaires, assistants
sociaux, infirmiers), éclairées par les approches
de l'anthropologue et du sociologue.
Suicide (Le). / François CAROLI, Marie-Jeanne GUEDJ. -
Flammarion (Domino), 1999. - 126 p. : Annexes. - (Dominos, n° 200).
Si le suicide fait l'objet de réflexions et d'interprétations
philosophiques et morales depuis l'Antiquité, c'est seulement
au début du XXe siècle qu'on commence à l'étudier
sous l'angle de la psychopathologie. A travers une approche épidémiologique
et clinique, les auteurs nous permettent de comprendre comment
et pourquoi une personne peut-être amenée à accomplir
cet acte. Ils traitent ensuite du cas particulier de l'adolescent
et de l'entourage du suicidé, ou suicidant, avant d'exposer
les moyens préventifs à mettre en œuvre.
Tentative (La) de suicide :
un appel pressant. / Caroline HELFTER. In INFORMATIONS SOCIALES,
1999, n° 79/1999.
- pp. 88-95.
Entre 11 et 19 ans, 5 % des jeunes ont fait une tentative de suicide
et 2 % en ont fait plusieurs. Comment éviter ces récidives
et le passage à l'acte. Le CHU de Valenciennes s'efforce
de promouvoir une démarche globale, articulant soin et dépistage.
Adolescence en crise ? Vers le droit à la
reconnaissance sociale. / Michel FIZE. - Hachette Livre, 1998.
- 137 p. - (Pédagogies
pour demain. Questions d'éducation).
Le temps de l'adolescence ne pourrait-il être le temps d'une
reconsidération des conduites parentales où la famille
devrait aider patiemment l'adolescent à effectuer cet indispensable
passage en répondant à son manque par une confiance
accrue et en gérant le repli sur soi par des interventions
ajustées, judicieuses et valorisantes ?
Adolescent (L') et la mort.
/ COLLECTIF. - Le Bouscat : Esprit du temps (L'), 1998. - 151
p. - (Adolescents, n° 31).
L'adolescent, comme tout être humain est confronté à la
mort, la sienne propre et à celle des autres plus ou moins
proches. Les auteurs apportent leurs réflexions sur : l'adolescent
en deuil, l'adolescent en fin de vie, la perte d'un adolescent
et les situations à risques.
Baromètre santé jeunes 97/98. / Dir. Jacques ARENES,
Marie-Pierre JANVRIN, François BAUDIER ; Préfacier
Bernard KOUCHNER. - CFES, 1998. - 328 p.
Cet ouvrage présente une enquête sur la santé des
jeunes réalisée auprès de 4 000 jeunes de
12 à 19 ans. Les résultats ont été analysés
par une équipe pluridisciplinaire : médecins, statisticiens,
démographes, psychologues... Une attention particulière
a été portée à l'environnement du jeune
(pair et adulte), à sa qualité de vie et à sa
perceptioon subjective de la santé.
Prévenir le suicide des adolescents. / Anne ULPAT. In ACTUALITES
SOCIALES HEBDOMADAIRES, 1998, n° 2086, 25 septembre. - pp.
23-24.
Chaque année, 40 000 jeunes de 15 à 24 ans tentent
de se suicider. Sepia, une association alsacienne, a mis en place
une structure de formation des professionnels et d'intervention
auprès des jeunes, afin d'écouter leur souffrance.
Illégitime (L') violence. La violence et son dépassement à l'adolescence.
/ Dir. François MARTY. - Erès (Editions), 1997. -
145 p. - (Actualité de la psychanalyse).
Cet ouvrage est une tentative de compréhension de ce défi
posé à la théorie et à la pratique
psychanalytiques par l'acte violent des adolescents. Les meilleurs
spécialistes de la question donnent leur point de vue et
font part de leurs interrogations.
Quand l'adolescent va mal :
l'écouter, le comprendre, l'aimer.
/ Xavier POMMEREAU. - Lattès (Editions Jean-Claude), 1997.
- 238 p.
Tous les adolescents ne sombrent pas dans la fugue, la drogue,
le suicide. Mais ils sont de plus en plus nombreux à s'abandonner
au mal-être permanent. Cet ouvrage s'adresse aux parents.
Il fait le point sur l'adolescence et ses difficultés et
apporte un éclairage précis. Il permet surtout d'analyser
les réactions parentales aux états de crise et propose
de nouveaux modèles de relation.
Suicide (Le). In ENFANCE MAJUSCULE,
1997, n° 38, décembre.
- p. 13-27.
Le suicide des adolescents est la deuxième cause de mortalité après
les accidents de la route.
L'écoute doit être une priorité permanente
pour ceux qui ont choisi d'aider ces enfants désespérés.
Adolescent (L')
suicidaire. / Xavier POMMEREAU. - Dunod (Editeur), 1996. - 238
p. : Annexes. - (Enfances cliniques).
Cet ouvrage s'adresse à tous ceux qui sont confrontés à des
jeunes gens qui souffrent au point de mettre leur vie en jeu. Il
leur propose de mieux les comprendre pour mieux les aider.
De l'adolescence. - LIEN (LE),
1996. - 40 p. - (n° 158, mars
1996).
Ce numéro explore quelques pistes pour mieux connaître
les jeunes alors que la notion d'"adolescence" est assez
récente tant au niveau de la gestion que de la psychanalyse.
Adolescence et suicide. Des aspects épidémiologiques
et psychopathologiques aux perspectives thérapeutiques.
/ Dir. Françoise LADAME, Jérôme OTTINO, Claus
PAWLAK. - Masson (Editeurs), 1995. - 198 p. - (Médecine
et psychothérapie).
Cet ouvrage, à la fois mise au point et réflexion
sur un problème d'actualité, intéressera les
psychiatres et les psychologues mais aussi les médecins
praticiens confrontés quotidiennement aux problèmes
de l'adolescence.
Adolescentes, adolescents. Psychopathologie
différentielle.
/ Alain BRACONNIER. - Bayard Editions, 1995. - 211 p.
En matière de psychopathologie, l'égalité entre
les sexes existe-t-elle ? A l'adolescence, les filles sont plus
nombreuses que les garçons en consultation de psychiatrie.
On constate aussi que chaque sexe développe des pathologies
différentes : l'anorexie mentale et les tentatives de suicides
sont plus fréquentes chez les filles alors qu'il y a plus
de suicides "réussis" et de délinquance
chez les garçons.
Cet ouvrage rassemble les recherches et les réflexions des
meilleurs spécialistes de l'adolescence. On y trouvera l'ensemble
des données épidémiologiques sur le sujet
ainsi que l'éclairage de chercheurs en sciences sociales,
cognitives, anthropologiques et psychanalytiques.
Pourquoi le suicide chez les
adolescents ? In LIEN SOCIAL, 1995, n° 303, avril. - p. 5-10.
Le passage à l'âge adulte se révèle
très difficile pour nombre d'adolescents qui mettent fin à leur
vie. Explications sur ce phénomène endémique
qui augmente en période de crise sociale et constitue la
deuxième cause de mortalité après les accidents
de la route.
Réapprendre à vivre à 18 ans. In ETUDIANT
(L'), 1995, n° 168, novembre. - p. 34-38.
Un reportage au centre Jean-Abadie à Bordeaux, où adolescents
et jeunes adultes tentent de retrouver le goût de vivre après
une tentative de suicide.
Suicide (Le) : en parler pour l'éviter.
/ Pascale LEROY. In TALENTS/ PT 2, 1994, n° 11, juin, août.
- p. 36-39.
12 000 morts par suicide chaque année en France, un nombre
en augmentation de 30 % depuis 1970. Le suicide représente
la première cause de mortalité chez les 25-34 ans
avec 1706 morts, et la deuxième chez les 15-24 ans, avec
791 morts, juste après les accidents de la route. Des chiffres.
Un constat. Et le silence. Signe d'indifférence ou aveu
d'impuissance ? Il y a pourtant beaucoup à faire pour prévenir.
Suicide (Le) des jeunes. / Béatrix GREGOIRE. In JEUNESSE
AU PLEIN AIR/PJ 2, 1994, n° 350, novembre-décembre.
- p. 19-23.
Face au suicide ou aux tentatives de suicide des 15-24 ans, l'adulte
hésite souvent entre la dramatisation et la banalisation.
La meilleure attitude reste une attention constante aux difficultés
psychologiques des adolescents : l'état d'alerte permanent.
ADRESSES DES REVUES CITEES
ACTION JEUNESSE
Analyses Etudes Formation Conseil - AEFC
7 impasse Chartière
75005 Paris
Tél. : 01 53 10 39 40
Fax : 01 53 10 39 30
ACTUALITES SOCIALES HEBDOMADAIRES
187-189, quai de Valmy
75494 PARIS Cedex 10
Tél : 01 41 29 98 73
Site : www.ash.tm.fr
CULTURES en mouvement
14, avenue du 24 août
06600 ANTIBES
Tél : 04 92 90 44 10
Fax : 04 92 90 44 11
L'ECOLE DES PARENTS
Fédération nationale des écoles des parents
et des éducateurs
5, impasse Bon Secours
75543 PARIS Cedex 11
Tél : 01 44 93 44 70
Fax : 01 44 93 44 84
Site : http://www.ecoledesparents.org/
EMPAN -
ARSEAA
7, Chemin de Colasson
31081 TOULOUSE Cedex
Tél : 05 61 19 24 00
Fax : 05 61 76 17 61
ENFANCE MAJUSCULE
Fédération des comités Alexis Danan
2, place Bir Hakeim
92100 BOULOGNE
Tél : 01 46 21 47 09
Fax : 01 46 21 13 05
ETUDES ET RESULTATS
Ministère de l'emploi et de la solidarité. DRESS
5, place des Cinq martyrs du lycée Buffon
75696 Paris Cedex 14
Tél : 01 44 36 90 00
Fax : 01 44 36 91 30
Site : www.sante.gouv.fr
INFORMATIONS SOCIALES
Caisse nationale des allocations familiales
23, rue Daviel
75634 PARIS Cedex 13
Tél : 01 45 65 52 52
JEUNESSE AU PLEIN AIR
21, rue d'Artois
75008 Paris
Tél.: 01 44 95 81 20
Fax : 01 45 63 48 09
est devenue : LOISIRS EDUCATION (à partir du n° 390)
LE JOURNAL DE L'ANIMATION
12, rue Raymond Poincaré
55800 REVIGNY
Tél : 03 29 70 56 33
Fax : 03 29 70 57 74
JOURNAL DES PSYCHOLOGUES
8, rue de l'hôpital Saint-Louis
75010 PARIS
Tél : 01 53 38 46 46
Fax : 01 53 38 46 40
MOUV'ANCE
Association nationale des communautés éducatives
145, boulevard de Magenta
75010 PARIS
Tél : 01 44 63 51 15
Fax : 01 42 85 56 14
PHOSPHORE
Bayard Presse
3-5, rue Bayard
75393 PARIS Cedex 08
Tél : 01 44 35 65 50
Fax : 01 44 35 60 42
Site : www.phosphore.com
REALITES FAMILALES
Union nationale des associations familiales
28 place Saint Georges
75009 PARIS
TALENTS
BAYARD PRESSE CONTACT BP 1 -
99505 PARIS ENTREPRISES
Tél : 01 44 21 60 00
Source : http://www.injep.fr/docu/prod/BIBLIO_EL/biblioelsuicide.html
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Observatoire National des
Prescriptions et Consommations des Médicaments - Juillet
1998
Agence du médicament - Direction des Etudes et de l’Information
Pharmaco-Economiques
ETUDE DE LA PRESCRIPTION ET DE LA CONSOMMATION DES ANTIDEPRESSEURS
EN AMBULATOIRE
Ce travail a été réalisé avec la collaboration
d’Isabelle Gasquet, par Pascale Zagury, Martine Pigeon, Olivier
Davy, Catherine Denis, Karine Rozet et Danielle Golinelli sous
la direction de Frédéric Fleurette, Directeur des
Etudes et de l’Information Pharmaco-Economiques à l’Agence
du Médicament. Pour l’élaboration de ce rapport,
un groupe de travail a été sollicité. Nous
tenons particulièrement à remercier Monsieur le Professeur
Edouard Zarifian qui a bien voulu présider ce groupe ainsi
que les experts le constituant :
- Monsieur le Professeur Jean-François Dartigues, Bordeaux
- Monsieur le Docteur Philippe Lesieur, Paris
- Monsieur le Docteur Gilles Mignot, Nice
- Monsieur le Professeur Jean-Louis Montastruc, Toulouse
- Monsieur le Professeur Michel Petit, Rouen.
Monsieur le Professeur Georges Lagier a été également
sollicité et a bien voulu analyser et critiquer ce document.
Nous remercions également les personnalités du Comité d’Orientation
de l’Observatoire qui ont bien voulu guider notre travail
et relire ce document, notamment son Président, Monsieur
le Professeur Gilles Bouvenot et sa vice-présidente Madame
le Docteur Evelyne Eschwège. Les membres du Comité d’Orientation
sont :
- Bernard Avouac - Gilles Mignot
- Claude Béraud - Jean Lamarche
- Françoise Cabane - Pierre-Jean Lancry
- Jean-René Corrèze - Michèle Larreur
- Dominique Costagliola - Jean-Louis Montastruc
- Michel Detilleux - Jean-Pierre Moreau
- Janine Goujard - Denis Pouchain
- Jean-Louis Imbs - Patrice Queneau
- Patrice Jaillon - Catherine Sermet
- Dominique Lagarde - Pierre Simon
- Emile Lévy - Marcel Vinot
- François Locher - Denis Vital-Durand
- Christian Marty - Edouard Zarifian
Enfin, nous remercions les personnes de la Direction des Etudes
et de l’Information Pharmaco- Économiques pour leur participation,
notamment Messieurs Philippe Cavalié et Guy Rostoker.
SOMMAIRE
I. INTRODUCTION
II. SOURCES D’INFORMATION
2.1. ETUDES REALISEES PAR LES SERVICES DES CAISSES D’ASSURANCE
MALADIE.
2.2. ANALYSE DE LA LITTERATURE
2.3. ANALYSE DES VENTES
2.4. COMPARAISONS INTERNATIONALES
2.5. DONNEES FOURNIES PAR LES INDUSTRIELS
III. ANALYSE DE LA PRESCRIPTION DES ANTIDEPRESSEURS
3.1. PRESCRIPTIONS DES ANTIDEPRESSEURS : RECOMMANDATIONS ACTUELLES
3.2. ANALYSE CRITIQUE DE LA METHODOLOGIE DES ETUDES DISPONIBLES
3.2.1. Problèmes de définition de la dépression
caractérisée
3.2.2. Problèmes liés à la réalisation
des enquêtes
3.2.2.1. Les enquêtes épidémiologiques sur
la dépression
3.2.2.2. Les enquêtes épidémiologiques sur
les prescriptions des antidépresseurs
3.3. FREQUENCE ET FACTEURS DE RISQUE DE LA DEPRESSION CARACTERISEE
EN POPULATION GENERALE
3.3.1. Prévalence
3.3.2. Evolution temporelle de la fréquence de la dépression
3.3.3. Facteurs de risque socio-démographiques
3.4. CARACTERISTIQUES DE PRESCRIPTION ET DE CONSOMMATION DES ANTIDEPRESSEURS
IV. COMPARAISONS INTERNATIONALES
4.1. ANALYSE DES PRESCRIPTIONS DANS LE DIAGNOSTIC DE DEPRESSION
4.1.1. Analyse du recueil des données
4.1.2. Résultats
4.2. SYNTHESE
V. CONCLUSIONS
ANNEXE : EVOLUTION DES VENTES DES PSYCHOTROPES EN FRANCE
BIBLIOGRAPHIE
I. INTRODUCTION
La plupart des informations disponibles tend à attirer l’attention
sur la consommation des psychotropes comme problème de santé publique. De fait, l’étude sur la consommation des psychotropes
réalisée à partir de l’Enquête
Décennale Santé (1991/1992) indique que 11,3 % de
la population âgée de plus de 18 ans a consommé un
ou plusieurs psychotropes régulièrement, sur une
période d’au moins six mois, dont 7,3 % un anxiolytique,
3,6 % un hypnotique, 2 % un antidépresseur et 0,7 % un neuroleptique.
Cette proportion de consommateurs de psychotropes croît avec
l’âge : après 50 ans pour les femmes et 60 ans
pour les hommes, plus d’une personne sur six a consommé un
ou plusieurs psychotropes.
Les psychotropes représentent en 1997, en terme de ventes,
201 millions d’unités en officine et 9,4 millions à l’hôpital.
En chiffre d’affaires, ils représentent 4,8 milliards
de francs en officine et 366 millions à l’hôpital.
Il est à noter que les traitements sont parfois initiés à l’hôpital
puis continués en ville. Le nombre d’unités
de ventes des médicaments psychotropes a augmenté de
7 % entre 1991 et 1997. Dans le même temps, les ventes en
valeur des psychotropes ont augmenté de 53 %, alors que
celles de l’ensemble du marché officinal ont eu une
croissance de 33 %. Les psychotropes représentent en 1997
environ 6 % du marché officinal et 2,6 % du marché hospitalier,
en valeur. Une analyse de l’évolution des ventes de
psychotropes, présentée en annexe, montre que cette
dernière porte essentiellement sur les ventes d’antidépresseurs.
L’objectif de ce rapport est d’analyser les facteurs
d’ordre médical pouvant expliquer la place
prépondérante acquise par les antidépresseurs
dans les ventes (en 1997, ils représentent 51 % du marché des
psychotropes en valeur) et d’étudier l’adéquation
de cette consommation aux besoins de la population.
Dans cette perspective, il a été étudié :
- L’évolution de la fréquence de la dépression,
- Les déterminants de la prescription d’un traitement
par antidépresseur dans les troubles dépressifs,
- La conformité de ces prescriptions aux pratiques actuellement
recommandées.
Pour répondre à ces questions, une synthèse
des résultats disponibles concernant l’épidémiologie
de cette pathologie est présentée. Puis une revue
des travaux portant sur les prescriptions des antidépresseurs
en population générale a été réalisée.
Enfin, les habitudes de prescriptions des médecins généralistes
français ont été comparées à celles
des médecins généralistes du Royaume-Uni et
de l’Allemagne.
II. SOURCES D’INFORMATION
2.1. ETUDES REALISEES PAR LES SERVICES DES
CAISSES D’ASSURANCE
MALADIE
- Caisse Nationale d’Assurance Maladie des professions indépendantes
(CANAM)
- Mutuelle Sociale Agricole (MSA)
- Caisse Nationale d’Assurance Maladie des travailleurs salariés
(CNAM)
2.2. ANALYSE DE LA LITTERATURE
Elle avait pour objectif d’identifier les travaux portant
sur :
1) l’épidémiologie de la dépression
2) les modalités de prescriptions dans cette pathologie
La stratégie de recherche documentaire a été la
suivante :
Quatre bases de données différentes ont été interrogées
:
- Medline
- Embase
- Pascal
- Biosis
La recherche a été limitée aux années
1993/1997 pour Medline, Embase et Pascal, à l’année
1997 pour Biosis.
Les mots clés utilisés sont : * pour Medline Embase
et Biosis :
- Anti-anxiety agents and human - Europe or european
- Antidepressive agents and human - Depression and epidemiology
- Antipsychotic agents and human - Neuroleptic agent and human
- France or French
- Consumption or prescription or prescrib $ or medication or drug
utilization or Physician or practic $. * pour Pascal
- anxiolyt + or benzodiazepin + or psychotrop + or neurolep + or
antidepress
- France ou Français
- consommation + ou prescription ou médecin ou généraliste
- Europe + ou pays
Avec ces mots clés, 192 articles ont été identifiés
dans la base Pascal, 285 dans Medline, 77 dans Embase et 5 dans
Biosis.
Agence du médicament - Direction des Etudes et de l’Information
Pharmaco-Economiques 6
Après lecture des titres et des résumés, 119
articles ou rapports ont été retenus selon qu’il
s’agissait d’études :
· d’épidémiologie descriptive et analytique
dans un pays européen ou d’Amérique du Nord sur
les troubles dépressifs (mesurés à partir d’outils
diagnostiques validés) dont la méthodologie est présentée,
· de pharmaco-épidémiologie réalisées
en France sur la prescription ou la consommation d’antidépresseurs
dont la méthodologie est présentée,
· de pharmaco-épidémiologie réalisées
en France apportant des données sur les caractéristiques
cliniques des sujets auxquels sont prescrits des antidépresseurs.
Du fait de la rareté de ces études, toutes celles repérées
ont été sélectionnées. La méthodologie
en est discutée dans le rapport. De plus, ont été pris
en compte les articles ou rapports répondant à au moins
un de ces critères et disponibles à l’Agence
du médicament : articles très récents, rapports
non diffusés.
2.3. ANALYSE DES VENTES
L’approche quantitative des prescriptions a été réalisée
par l’analyse des ventes en unités et en chiffre d’affaires.
Les données de ventes sont issues de la déclaration
relative aux ventes de spécialités pharmaceutiques
adressée à l’Agence du Médicament par
les laboratoires pharmaceutiques. Les chiffres d’affaires
y sont exprimés en « prix fabricant hors taxe »,
et le nombre d’unités correspond au nombre de conditionnements
(nombre de boîtes) vendus.
Cet indicateur n’exprime qu’une tendance puisqu’il
ne tient compte ni des différentes tailles de conditionnements
(intra et inter spécialités), ni des posologies,
ni des durées de traitement.
2.4. COMPARAISONS INTERNATIONALES
L’Agence du Médicament a commandé des données à la
société Informations Médicales et Statistiques
(IMS) pour la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne afin
de comparer les prescriptions d’antidépresseurs faites
par les médecins généralistes dans l’indication « dépression » dans
ces trois pays. Puis une analyse de ces données a été réalisée
par la Direction des Etudes et de l’Information Pharmaco-Economiques.
2.5. DONNEES FOURNIES PAR LES INDUSTRIELS
Les principales firmes pharmaceutiques commercialisant des antidépresseurs
ont été contactées afin de savoir si elles
disposaient d’études sur les modalités de prescription
et/ou de consommation de ces produits. Les laboratoires ayant fourni
des données sont SmithKline Beecham, Lilly France et Janssen-Cilag.
III. ANALYSE DE LA PRESCRIPTION DES ANTIDEPRESSEURS
3.1. PRESCRIPTIONS DES ANTIDEPRESSEURS : RECOMMANDATIONS ACTUELLES
· En préambule, il faut préciser que les antidépresseurs
:
- Ne sont pas le seul traitement de la dépression. Un soutien
psychologique structuré est nécessaire pour la prise
en charge des sujets déprimés. Les psychothérapies
peuvent occuper une place importante dans le traitement, notamment à distance
de la phase aiguë. Ce point est clairement explicité dans
le texte officiel des Références Médicales
Opposables concernant les
antidépresseurs (1).
- Ne sont pas actifs sur toutes les dépressions. Les études
montrent que les antidépresseurs sont efficaces sur 60% à 70%
des dépressions dites caractérisées (2).
- Sont actifs sur d’autres troubles psychiatriques que la
dépression. Certains antidépresseurs ont montré une
efficacité sur d’autres pathologies psychiatriques
comme les troubles obsessionnels compulsifs ou certains troubles
anxieux paroxystiques. Une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM)
a été donnée à certains antidépresseurs
dans ces indications.
· L’indication principale des antidépresseurs,
celle commune à tous les antidépresseurs est le «traitement
de l’épisode dépressif majeur, c’est à dire
caractérisé », selon la terminologie choisie
par la commission d’AMM. Ce terme "épisode dépressif
majeur" est une traduction possible du terme anglosaxon “major
depressive disorder” pouvant également être traduit
par dépression caractérisée. Dans ce rapport,
le terme dépression caractérisée sera utilisé car
le terme “majeur” n’est pas synonyme de sévère,
et peut prêter à confusion (3).
La dépression caractérisée (DC) est définie
par des symptômes suffisamment aigus, nombreux, durables
et invalidants. Les critères diagnostiques actuellement
reconnus internationalement pour l’évaluation des
antidépresseurs au cours des essais cliniques sont ceux
de la DSM-IV (4) :
* Critères diagnostiques
A. Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir été présents
pendant une même période d’une durée
de deux semaines et avoir représenté un changement
par rapport au fonctionnement antérieur ; au moins un des
symptômes est soit une humeur dépressive, soit une
perte d’intérêt ou de plaisir.
· Humeur dépressive présente pratiquement toute
la journée, presque tous les jours, signalée par le
sujet ou observée par les autres. Eventuellement, irritabilité chez
l’enfant et l’adolescent.
· Diminution marquée de l’intérêt
ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités
pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée
par le sujet ou observée par les
autres).
· Perte ou gain de poids significatif en l’absence de
régime, ou diminution ou augmentation de l’appétit
presque tous les jours. Chez l’enfant, prendre en compte l’absence
de l’augmentation de poids attendue.
· Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
· Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les
jours (constaté par les autres, non limité à un
sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement
intérieur).
· Fatigue ou perte d’énergie presque tous les
jours.
· Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive
ou inappropriée (qui peut être délirante) presque
tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable
d’être malade).
· Diminution de l’aptitude à penser ou à se
concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée
par le sujet ou observée par les autres).
· Pensées de mort récurrentes (pas seulement
une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes
sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis
pour se suicider.
B. Les symptômes ne répondent pas aux critères
d’épisode mixte.
C. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative
ou une altération du fonctionnement social, professionnel
ou dans d’autres domaines importants.
D. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques
directs d’une substance ou d’une affection médicale
générale.
E. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un
deuil, c’est à dire après la mort d’un être
cher, les symptômes persistent pendant plus de deux mois
ou s’accompagnent d’une altération marquée
du fonctionnement, de préoccupations morbides de dévalorisation,
d’idées suicidaires, de symptômes psychotiques
ou d’un ralentissement psychomoteur.
On distingue trois stades de sévérité (léger,
moyen et sévère) dans la dépression caractérisée
en fonction de la présence ou non de symptômes supplémentaires
par rapport au nombre requis pour le diagnostic et selon l’impact
des troubles sur le fonctionnement professionnel, relationnel et
social.
· Deux indications supplémentaires des antidépresseurs
sont possibles dans le cadre de la dépression caractérisée.
Il s’agit des “ épisodes sévères
chez les patients hospitalisés” et de la “ prévention
des récidives”. Aucun antidépresseur ne possède
actuellement en France cette dernière indication.
· En dehors de la dépression caractérisée,
les indications de l’AMM reconnues en France pour certains
antidépresseurs sont les suivantes :
- troubles obsessionnels-compulsifs,
- prévention des attaques de panique avec ou sans agoraphobie,
- algies rebelles,
- énurésie nocturne de l’enfant dans le cas
où toute pathologie organique a été exclue.
· Enfin, les modalités d’utilisation des antidépresseurs
ont été précisées récemment dans
le cadre des Références Médicales Opposables
(1) :
Le traitement médicamenteux d’un patient déprimé
n’est qu’un aspect de sa prise en charge, qui comporte
d’autres mesures thérapeutiques (psychothérapies
interpersonnelles, psychothérapies
comportementales...) et la prise en compte de facteurs sociaux.
- Il n’y a pas lieu d’associer systématiquement
en début de traitement à un antidépresseur
:
· un anxiolytique,
· ou un hypnotique,
· ou un thymo-régulateur,
· ou un neuroleptique.
Si l’importance de l’anxiété, de l’insomnie,
de l’agitation, du risque de levée de l’inhibition,
justifie une co-prescription, celle-ci doit être brève
et rapidement réévaluée.
- Il n’y a pas lieu de prescrire en première intention
plus d’un antidépresseur à doses antidépressives,
lors de la mise en route du traitement d’un état dépressif.
- Il n’y a pas lieu de poursuivre un traitement antidépresseur
plus de 6 mois, après l’obtention de la rémission
complète de l’épisode dépressif, sauf
en cas d’antécédents d’épisodes
dépressifs majeurs caractérisés récurrents
et rapprochés.
3.2. ANALYSE CRITIQUE DE LA METHODOLOGIE DES ETUDES DISPONIBLES
Dans la suite de ce rapport seront étudiées l’épidémiologie
de cette affection, puis les conditions de diagnostic et de prescription
des antidépresseurs dans leur indication principale qu’est
la dépression caractérisée.
3.2.1. Problèmes de définition de la dépression
caractérisée
La définition de la dépression caractérisée
repose sur un cumul de symptômes, durant au moins 15 jours,
sans qu’il existe de marqueurs “ objectifs” (par
exemple biologiques), ni de seuil permettant de faire une distinction
nette entre des troubles psychiatriques caractérisés,
et ceux qui ne le sont pas. Le choix de ce seuil se fait sur un
faisceau de preuves cliniques et épidémiologiques.
Il s’est ainsi avéré indispensable de définir
des standards diagnostiques utiles pour pouvoir comparer les résultats
des différentes études de recherche clinique ou épidémiologique.
Ces standards, d’élaboration récente, sont
encore sujets à des modifications en fonction des travaux
de validation successifs. D’autre part, l’utilisation
de ces standards diagnostiques pour définir les indications
des antidépresseurs et en recherche, a permis de mettre
l’accent sur leur relative discordance avec les diagnostics
faits par les cliniciens en pratique réelle. C’est
ce que confirme une étude menée en 1990-1992 par
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) auprès
de médecins généralistes dans 15 villes de
14 pays (dont Paris pour la France) (5,6).
Ces difficultés de repérage des patients atteints
de dépression caractérisée expliquent en partie
l’écart observé entre les indications des antidépresseurs
(qui se basent sur les standards internationaux de diagnostic de
dépression caractérisée) et les modalités
de prescription actuelles. Des travaux récents ont montré que
le profil psychosocial des sujets présentant des troubles
dépressifs “mineurs” comme les “ dépressions
sub-syndromales” (7,8) ou les “ dépressions
brèves récurrentes” (9,10,11) est proche de
celui des patients présentant une dépression caractérisée.
Mais ces troubles mineurs sont rarement isolés chez un même
sujet ; il existe le plus souvent une tendance à la succession
dans le temps d’une dépression caractérisée
et de ces troubles “mineurs” chez les mêmes sujets,
ou inversement (10).
Il y a donc un risque de confusion entre dépression caractérisée
et troubles dépressifs “mineurs” qui ne peuvent
pas être considérés comme de nouvelles entités
de la “maladie dépressive caractérisée”.
Si la présence de ces troubles dépressifs mineurs
permet d’identifier des sujets à risque élevé de
dépression caractérisée, il n’y a pas
d’argument qui justifierait d’un traitement antidépresseur
de ces troubles dépressifs “mineurs”.
3.2.2. Problèmes liés à la réalisation
des enquêtes
3.2.2.1. Les enquêtes épidémiologiques sur
la dépression
La dépression caractérisée étant un
phénomène morbide relativement peu fréquent,
il est nécessaire d’inclure dans les enquêtes épidémiologiques
un nombre important de sujets (plusieurs milliers) pour obtenir
des estimations suffisamment précises, ce qui pose des problèmes
logistiques et de coût (12). La grande taille des échantillons
nécessaire à ces études justifie l’utilisation
d’outils diagnostiques très structurés comportant
des questions fermées.
Ces questionnaires peuvent être remplis soit directement
par le sujet comme le Diagnostic Interview Schedule Self Administered
(DISSA) (13) ou le Composite International Diagnosis Interview
simplified (CIDIS) (14), soit par un enquêteur non clinicien
comme le Diagnostic Interview Schedule (DIS) (15), le Composite
International Diagnosis Interview (CIDI) (16) ou le Mini International
Neuropsychiatric Interview (MINI) (17). Ces outils ont été élaborés
pour avoir une bonne fiabilité intercotateurs (ils donnent
les mêmes résultats quel que soit l’enquêteur)
; mais ils peuvent manquer soit de sensibilité (sous-estimation
du nombre de dépressions caractérisées, comme
c’est le cas du DIS), soit de spécificité (surestimation).
D’autre part, les problèmes de santé mentale
en général, et les troubles dépressifs en
particulier sont des sujets délicats car il faut aborder
des questions très personnelles, comme les conduites suicidaires.
Ainsi, le taux de non-réponses par refus, souvent élevé (15% à 30%),
peut augmenter la marge d’erreurs des résultats malgré les
ajustements réalisés. Cependant, le biais est probablement
peu important et il irait plutôt dans le sens d’une
sous-estimation de la fréquence réelle des troubles
psychiatriques en population générale (14,18,19).
Les enquêtes dites transversales (recueil des données
sur une période courte) ne permettent pas d’aborder
d’une façon très fiable les épisodes
morbides anciens en raison de biais potentiels de mémorisation
(oubli sélectif de certains événements) et
de biais de sélection (probabilité différente
d’un sous-groupe d’être inclus dans l’étude
du fait d’antécédents de troubles psychiatriques).
Les enquêtes longitudinales ou prospectives sont des enquêtes
onéreuses comportant un biais lié aux perdus de vue,
possiblement atteints de troubles psychiatriques. A ce jour, aucune étude
de méthodologie fiable n’a été réalisée
en France sur un échantillon représentatif national.
L’étude DEPRES (20), réalisée en 1995
en population générale dans plusieurs pays d’Europe
par une société d’études de marché pour
le laboratoire SmithKline Beecham, pose des problèmes méthodologiques.
L’étude a été effectuée dans
le cadre d’une enquête de biens de consommation et
sa méthodologie est présentée de façon
incomplète. Le déroulement de l’enquête
est peu explicité, les modalités de sélection
des consommateurs manquent de clarté; il n’y a pas
d’estimation possible du taux des non-réponses car,
lors de l’échantillonnage, tout sujet refusant de
participer a été remplacé par un autre sujet
de même
catégorie, ce qui peut être source de biais. Aussi,
les données de prévalence issues de cette enquête
n’ont pas été retenues.
3.2.2.2. Les enquêtes épidémiologiques sur
les prescriptions des antidépresseurs
Les études récentes sur la prescription des antidépresseurs
en France, comme l’enquête décennale santé (Institut
National de la Statistique et des Etudes Economiques - INSEE, Centre
de Recherche d’Etude et Documentation en Economie de la Santé -
CREDES, Service de Statistiques, des Etudes et des Systèmes
d’Information - SESI)
(21), l’enquête de la CANAM (22) ou celle de la MSA
(23) ne permettent pas d’identifier les motifs de prescription.
Les études, dont certaines ont été réalisées
pour l’industrie pharmaceutique, prenant en compte à la
fois le diagnostic et la prescription (ou la consommation) des
antidépresseurs sont rares et doivent être considérées
avec prudence. En effet, soit elles sont réalisées
au sein d’un panel SOFRES (24,25,26), soit elles portent
sur des populations générales urbaines ayant un recours
aux soins plus élevé que la moyenne nationale (27,28,29).
Quant à l’étude de l’OMS (6), elle concerne
uniquement les sujets consultant en médecine générale à Paris
; de plus, sa méthodologie ne permet pas l’extrapolation
de ses résultats à l’ensemble de ces consultations
en France. En ce qui concerne l’enquête DEPRES (20),
dont la méthodologie est décrite ci-dessus, elle
fournit aussi des données sur l’utilisation des antidépresseurs.
Mais pour les raisons décrites ci-dessus, les résultats
de cette enquête n’ont pas été pris en
compte dans le rapport. Enfin, il n’existe pas à ce
jour de dispositif de mesure de la consommation des antidépresseurs
qui prenne en compte le diagnostic psychiatrique, réalisé selon
une méthodologie validée et qui permettrait d’étudier
l’évolution de l’usage des antidépresseurs
(enquêtes transversales répétées ou
suivi d’une cohorte). Ce type de dispositif de surveillance
devrait pourtant être mis en place si l’on veut suivre
l’évolution dans le temps des modalités de
prescription et mesurer l’impact des actions mises en place
pour améliorer la prescription et la consommation des psychotropes
(RMO, actions de formation,...).
3.3. FREQUENCE ET FACTEURS DE RISQUE DE LA DEPRESSION CARACTERISEE
EN POPULATION GENERALE
Les études réalisées sont le plus souvent
des enquêtes transversales bien qu’il existe quelques
enquêtes longitudinales. Seules les enquêtes ayant
une méthodologie comparable ont été sélectionnées
: enquêtes réalisées à domicile à l’aide
d’un outil diagnostique structuré validé, générant
un diagnostic de dépression caractérisée selon
les critères internationaux.
3.3.1. Prévalence
D’après ces études, le taux de prévalence
annuelle de dépression caractérisée varierait
entre 3 % et 10 % avec le plus souvent une prévalence proche
de 5 % (notamment en France). En France, il n’existe pas
d’étude réalisée sur une population
représentative de la population nationale. Les études
présentées dans le tableau 1 (27,28) ont été réalisées
en milieu urbain et parisien, non représentatif de la population
nationale du fait de ses caractéristiques socio-démographiques.
3.3.2. Evolution temporelle de la fréquence de la dépression
Une augmentation de la fréquence des troubles dépressifs
(notamment de la dépression caractérisée)
dont l’ampleur serait peu importante, a été mise
en évidence grâce à l’analyse de différentes
sources de données (enquêtes en population, suivis
de cohorte, statistiques de décès, statistiques hospitalières,
enquêtes familiales). Elle serait le fait de troubles dépressifs
plus précoces chez les adolescents et jeunes adultes (34,35,36).
L’explication de ce phénomène n’est pas
aisée et plusieurs facteurs pourraient intervenir conjointement
:
- Un effet “ période” dû aux événements
historiques (effet crise économique).
- Un effet “ génération” ou “ cohorte” dû à une
modification de la vulnérabilité d’une génération
(effet lié à des modifications importantes du fonctionnement
social).
- Un effet “ âge” dû au vieillissement
de la population.
3.3.3. Facteurs de risque socio-démographiques
Plusieurs facteurs ont été identifiés :
- Le sexe : les femmes présentent deux fois plus de dépressions
caractérisées que les hommes (37).
- Le statut matrimonial : les sujets séparés ou divorcés
sont significativement plus souvent déprimés que
les autres sujets. Ce risque semble plus marqué pour les
hommes que pour les femmes (38).
- Le niveau social (niveau de revenu ou niveau scolaire) : un niveau
social privilégié diminue la probabilité de
dépression caractérisée (30).
La relation entre chômage et dépression caractérisée
n’a pas été étudiée jusqu’à présent
en France selon une méthodologie suffisamment rigoureuse
pour permettre des conclusions.
En revanche, une étude menée en région parisienne
auprès de personnes recevant le Revenu Minimum d’Insertion
(39) et deux études menées en Amérique du
Nord (USA et Canada) auprès des sans-abris (14,40) montrent
pour ces deux populations, des taux de dépression caractérisée
plus élevés que dans le reste de la population.
3.4. CARACTERISTIQUES DE PRESCRIPTION ET DE CONSOMMATION DES ANTIDEPRESSEURS
L’analyse de la prescription et de la consommation des antidépresseurs
a pour objectif d’évaluer la proportion de patients
qui, souffrant d’une dépression caractérisée,
consultent, celle des patients réellement diagnostiqués
lors de cette consultation, celle des sujets traités, ainsi
que le caractère approprié des prescriptions. Comme
cela a été mentionné plus haut, il y a peu
d’études en France comportant à la fois des
données fiables sur les diagnostics psychiatriques et sur
la prescription ou la consommation d’antidépresseurs.
Les études SOFRES, réalisées à deux années
d’intervalle selon une méthodologie comparable, fournissent
des résultats intéressants qui demandent néanmoins à être
confirmés.
L’ensemble des résultats disponibles suggère
:
· Une tendance à l’augmentation de la consommation
d’antidépresseurs depuis 10 ans. En 1987, 2
% de la population générale déclare consommer
des antidépresseurs
(21,28,29) et 3,5 % en 1996 (26). Cette tendance semble être
confirmée par les résultats d’une enquête
régionale, réalisée sur une période de
deux mois en 1997, ce qui limite l’extrapolation à la
population générale, qui indique que 3,6 % de la population âgée
de plus de 15 ans a consommé un antidépresseur (source
CNAM, non publiée). La consommation d’antidépresseurs
est plus élevée chez les personnes âgées
(41).
Entre deux tiers et trois quarts des sujets sous antidépresseur
sont des femmes (22,24,26,42). L’âge moyen des sujets
est variable selon les études : entre 52 et 64 ans (22,26,43).
Le principal prescripteur d’antidépresseurs est le
médecin généraliste. Il est à l’origine
de 70 % à 85 % des prescriptions, que ce soit en initiation
ou en renouvellement (22,23,24,26,42). Ce rôle prédominant
des médecins généralistes dans la prescription
des antidépresseurs est plus important pour les ISRS (antidépresseurs
les plus récents) que pour les imipraminiques (23,24,43,44).
· La question des dépressions non identifiées
est insuffisamment évaluée. Se pose ici d’abord
la question de la proportion de patients déprimés qui
ne consultent pas. Aucune étude récente d’une
qualité méthodologique suffisante ne permet d’évaluer
cette proportion. Puis se pose la question des patients qui ayant
consulté ne sont pas diagnostiqués comme déprimés.
Une seule étude publiée (6), réalisée
par l’OMS dans 15 villes de 14 pays en médecine générale,
permet d’estimer pour l’ensemble de ces villes cette
proportion à environ 50 % ; le pourcentage de dépressions
diagnostiquées à Paris serait l’un des plus élevés.
· D’après l’étude menée en
1987 à Savigny, 12 % des sujets présentant une dépression
caractérisée sont traités par antidépresseurs
(28,29). Selon une autre étude, elle aussi réalisée
en Ile de France en 1991, 35 % des sujets présentant une dépression
caractérisée sont traités par antidépresseur
(27). Cependant, il s’agit d’études anciennes
et non représentatives de la population française.
· Plus d’un tiers des prescriptions d’antidépresseur
(toutes sous-classes confondues) se font en dehors des indications
de l’AMM : environ 20 % des patients sous antidépresseur
(prescrit par un médecin généraliste dans plus
de deux tiers des cas) ne présentent aucun diagnostic psychiatrique
caractérisé selon le MINI/CIDI (24,25,26) ; les autres
patients (environ 10 %) présentent un des diagnostics suivants
: anxiété généralisée, épisode
maniaque, psychose, trouble phobique, trouble de la conduite alimentaire.
Une tendance à l’augmentation des prescriptions hors
AMM semble se dessiner si l’on compare les deux études
SOFRES (35 % en 1994 et 46 % en 1996) (24,25,26).
· Les deux tiers des patients sous antidépresseur prennent
simultanément un autre psychotrope; les anxiolytiques occupent
la première place et sont co-prescrits dans la moitié des
prescriptions d’antidépresseur (22,23,43), alors que
la RMO précise qu’il n’y a pas lieu d’associer
systématiquement en début de traitement par antidépresseur
un anxiolytique.
· Les enquêtes SOFRES ont montré dans la majorité des
cas que la durée du traitement par antidépresseur est
longue : supérieure ou égale à 6 mois, dans
60 % à 70 % des cas et supérieure à un an dans
50 % des cas (24,25,26), alors que la RMO préconise qu’il
n’y a pas lieu de poursuivre un traitement antidépresseur
plus de 6 mois, après l’obtention de la rémission
complète de l’épisode dépressif.
IV. COMPARAISON INTERNATIONALE
Une comparaison internationale a été réalisée
par la Direction des Etudes et de l’Information Pharmaco-Economiques à partir
des données commandées par l’Agence du Médicament à la
société IMS.
4.1. ANALYSE DES PRESCRIPTIONS DANS LE DIAGNOSTIC DE DEPRESSION
N’ayant pu disposer pour le Royaume-Uni et l’Allemagne
de données sur la fréquence des prescriptions d’antidépresseur
dans les pathologies autres que la dépression, ni d’informations
suffisamment complètes sur l’ensemble des prescriptions
d’antidépresseur toutes pathologies confondues, l’Observatoire
s’est limité à l’étude de ces
prescriptions dans le diagnostic de dépression. En outre,
il n’a pas été possible d’analyser l’adéquation
du traitement par antidépresseur aux patients le recevant
dans ces deux pays.
Cette analyse porte sur le traitement par le médecin généraliste
de la dépression en France, au Royaume-Uni et en Allemagne.
Son objectif est de décrire les habitudes de prescription
des médecins (proportion de patients traités par
antidépresseur, co-prescription) lorsque le diagnostic de
dépression a été établi.
4.1.1. Analyse du recueil des données
Les données recueillies portent sur l’évolution
entre 1995 et 1997 du nombre de diagnostics de dépression
ayant fait l’objet d’une prescription par les médecins
généralistes exerçant en médecine libérale
et des prescriptions induites (par classe et par produit) dans
cette maladie.
Selon IMS, le nombre de médecins généralistes
est de 60 500 en France, 36 200 au Royaume-Uni, 45 687 en Allemagne
ce qui représente respectivement 62 %, 100 % et 50 % de
l’ensemble des médecins exerçant en ville (spécialistes
compris). Les spécialistes ont été exclus
du champ de l’étude en raison de l’indisponibilité des
données correspondantes au Royaume-Uni. La taille des panels
de médecins varie selon les pays (400, 500 et 900 médecins
généralistes par trimestre respectivement en France,
au Royaume-Uni et en Allemagne). Alors que le panel est permanent
au Royaume-Uni, il est tournant ou partiellement tournant en Allemagne
et en France. La fréquence de renouvellement des médecins
n’est pas précisée, pas plus que leur mode
de sélection. La période de recueil est continue
sur 3 mois au Royaume-Uni. Elle est de 7 jours consécutifs
par trimestre en France et en Allemagne. Compte tenu de la méthode,
aucun de ces trois panels de médecins ne permet un suivi
longitudinal des patients. Le recueil de l’information est
informatisé au Royaume-Uni alors qu’il se fait sur
support papier en France et en Allemagne. Au Royaume-Uni, le médecin
choisit le diagnostic sur une liste pré-établie,
alors qu’en France et en Allemagne le médecin inscrit
le diagnostic selon sa propre terminologie. Les diagnostics sont
ultérieurement recodés selon la classification internationale
CIM-9 (45) par la société IMS, alors que la CIM-10
a été depuis publiée. Cette méthode
ne permet pas de vérifier l’exactitude du diagnostic
donné par le médecin généraliste. Le
diagnostic retenu, la « dépression » regroupe
les « dépressions névrotiques », les « réactions
dépressives brèves », les « réactions
dépressives prolongées » et les « troubles
dépressifs non classés ailleurs » de la classification
CIM-9.
Les critères de sélection permettant d’assurer
la représentativité des médecins varient selon
le pays: France - Age, sexe, région d’installation,
activité, taille de l’habitat où se trouve
le cabinet
Royaume-Uni - Ancienneté, sexe, région d’installation
Allemagne Sexe, région d’installation, taille de l’habitat
où se trouve le cabinet
Il est important de rappeler que la méthodologie d’échantillonnage
de ces panels de médecins et le calcul des coefficients
d’extrapolation n’étant pas détaillés,
il n’est pas possible de juger de leur représentativité nationale
et de considérer comme définitivement validées
les données produites.
La classe des antidépresseurs (N6A) retenue par IMS comporte
des molécules qui ne bénéficient pas de l’indication « Dépression » en
France (Lithium, Valpromide, par exemple). Par ailleurs, le sulpiride,
considéré comme antidépresseur en Allemagne
mais pas en France, n’est pas inclus dans cette classe.
Les données présentées dans ce rapport sont:
- Le nombre de diagnostics de dépression sur une période
d’un an. Il s’agit du nombre de
consultations pour dépression réalisées par
an. Un patient pouvant consulter plusieurs fois par an, ce nombre
ne reflète pas la prévalence de la maladie (nombre
de sujets atteints de dépression par an). Il est aussi exprimé sous
forme de diagnostics (consultations) pour 1000 habitants.
- Le nombre de prescriptions (d’une classe ou d’un
médicament) pour un diagnostic de dépression: il
s’agit du nombre de lignes d’ordonnance prescrites
annuellement pour le diagnostic (ou la consultation). Les résultats
sont présentés sous forme d’un pourcentage
exprimant le nombre moyen de prescriptions pour 100 diagnostics
de dépression ce qui peut correspondre au pourcentage de
diagnostics traités par un médicament ou une classe
s’il y a peu de co-prescriptions au sein de cette classe.
La part relative des antidépresseurs parmi les traitements
de la dépression est également indiquée. Les
résultats concernent l’ensemble de la population des
patients (tous âges confondus).
Cette analyse a pour but de comparer les modalités de traitement
de la dépression par les médecins généralistes.
Elle ne permet en aucun cas de comparer le nombre total de prescriptions
d’antidépresseurs dans les trois pays. Elle ne permet
pas non plus de connaître l’utilisation des antidépresseurs
en dehors de cette pathologie.
4.1.2. Résultats
L’ensemble des résultats concerne uniquement les pratiques
de prescription des médecins généralistes.
En 1997, le nombre de consultations pour dépression, ayant
donné lieu à un traitement, est légèrement
plus élevé en France (163 / 1 000 habitants) qu’au
Royaume-Uni (155 / 1 000) et nettement supérieur à celui
de l’Allemagne (68 / 1 000). La croissance est plus importante
au Royaume-Uni depuis 1995 qu’en France (33,6 % contre 18,4%).
En Allemagne, ce nombre de consultations est stable (tableau 3).
Les intervalles de confiance des résultats n’ont pu être
calculés à partir des données fournies.
Ce nombre de consultations ne reflète pas la prévalence
de la dépression, les patients pouvant consulter plusieurs
fois par an.
Nombre de consultations de médecins généralistes
pour dépression, ayant fait l’objet d’une prescription
(pour 1 000 habitants).
Le nombre de prescriptions d’antidépresseurs pour
cent diagnostics de dépression en 1997 est élevé en
France et à un moindre degré au Royaume-Uni (respectivement
93,7 et 86,3 % des cas) ; il est moins élevé en Allemagne
(62,1 %).
Nombre d’antidépresseurs prescrits pour 100 diagnostics
de dépression en 1997.
En 1995 et 1996, le nombre moyen de prescriptions d’antidépresseurs
pour cent diagnostics était légèrement inférieur à celui
de 1997 pour les trois pays (91,6 % pour la France, 84,7 % pour
le Royaume-Uni, 58,7 % pour l’Allemagne en 1995, et respectivement
91,7 %, 85,1 % et 61,3 % pour l’année 1996).
Nombre de prescriptions d’antidépresseurs dans la
dépression et part relative des principales classes d’antidépresseurs
en 1997.
La part relative des dix premiers antidépresseurs est plus
faible en Allemagne (51,9 %) qu’en France et au Royaume-Uni
(respectivement 87,2 % et 81,8 %). Ceci pourrait être expliqué par
un choix plus important de produits en Allemagne (développement
de génériques). Les médecins généralistes
allemands privilégient les imipraminiques (35 % des prescriptions
d’antidépresseurs) et la phytothérapie (15
%). Les médecins généralistes allemands se
distinguent des médecins des deux autres pays d’une
part par la prescription de phytothérapie, d’autre
part par la faible prescription d’ISRS. Cette dernière
classe est prescrite en proportion sensiblement comparable en France
et au Royaume Uni (respectivement 54,1 % et 46,3 %). Le nombre
des prescriptions pour dépression (tous produits confondus)
est nettement inférieur au Royaume-Uni qu’en France
(10 794 000 contre 18 045 000). Il est encore plus bas en Allemagne.
L’analyse du rapport "nombre total de prescriptions
sur nombre de consultations" permet une estimation des co-prescriptions
(classe des psychotropes et autres).
Nombre total de prescriptions et nombre de
prescriptions rapporté au
nombre de consultations pour dépression.
En France, les anxiolytiques sont le plus souvent co-prescrits
avec les antidépresseurs. En effet, le nombre d’anxiolytiques
prescrits pour 100 diagnostics de dépression est de 57 %,
alors que les antidépresseurs sont prescrits dans 93,7 %
des cas. Or dans les RMO, il est indiqué qu‘il n’y
a pas lieu d’associer systématiquement en début
de traitement par antidépresseur un anxiolytique.
En revanche, il n’y a pratiquement pas de co-prescriptions
au Royaume-Uni et en Allemagne.
4.2. SYNTHESE
En France, le nombre de consultations pour dépression (163
/ 1 000 habitants en 1997) est légèrement supérieur à celui
du Royaume-Uni (155 / 1 000) et nettement plus élevé que
celui de l’Allemagne (68 / 1000). Chez les patients déprimés
ayant fait l’objet d’une prescription par un médecin
généraliste, la proportion de diagnostics traités
par antidépresseur est plus importante en France (93,7 %)
qu’au Royaume-Uni (86,3 %) et est nettement supérieure à celle
de l’Allemagne (62,1 %). Parmi les dix produits les plus
prescrits, les ISRS sont les antidépresseurs les plus utilisés
en France et au Royaume-Uni, alors qu’en Allemagne ce sont
les imipraminiques et la phytothérapie. Le
nombre de prescriptions toutes classes thérapeutiques confondues chez les patients
déprimés est nettement supérieur en France.
Ceci s’explique par l’importance des co-prescriptions
notamment d’anxiolytiques de la part des médecins
français, contrairement aux recommandations en vigueur.
V. CONCLUSIONS
Parmi les quatre grandes classes de psychotropes
(antidépresseurs,
neuroleptiques, anxiolytiques et hypnotiques), les antidépresseurs
sont ceux qui ont connu la plus grande croissance de leurs ventes.
Ils représentent en 1997, 51 % du marché en valeur
des psychotropes, ce qui correspond à une hausse de 97 %
ces six dernières années. Ce phénomène
est lié à l’augmentation rapide des ventes
des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
qui représentent actuellement la majorité des antidépresseurs
utilisés en France. L’objectif de ce rapport a été d’analyser
les facteurs d’ordre médical pouvant expliquer cette évolution
ainsi que l’adéquation de la consommation des antidépresseurs
aux besoins de la population. Les données concernant tant
l’épidémiologie de la dépression caractérisée
que l’analyse des modalités de son traitement sont
peu nombreuses et de fiabilité parfois discutable. Il apparaît
donc important de promouvoir des études pharmaco-épidémiologiques
en France (de type études transversales répétées
ou suivis de cohorte, en population représentative nationale).
Néanmoins, de l’ensemble des sources d’information
qui ont été analysées, les éléments
de conclusion suivants peuvent être présentés.
· D’après les études publiées,
réalisées tant en France qu’à l’étranger
et sélectionnées en raison de leur rigueur méthodologique,
de 3 à 10 % de la population générale aurait
souffert au cours de l’année précédente
d’au moins un épisode de dépression caractérisée.
Cette prévalence serait de l’ordre de 5 % en France.
Une légère augmentation de la fréquence de ces
troubles, ou du moins de leur autodéclaration, a été suggérée
par certains travaux ; elle serait le fait de troubles dépressifs
d’apparition plus précoce. Etant donnée son amplitude
qui semble modérée, cette augmentation ne pourrait
expliquer qu’une partie de la croissance de la consommation
des antidépresseurs. Des études épidémiologiques
complémentaires apparaissent nécessaires pour étayer
cette hypothèse.
· L’ensemble des données actuellement disponibles
semble indiquer qu’un certain nombre de patients présentant
un épisode de dépression caractérisée
ne sont pas pris en charge médicalement. Aucune étude
récente ne permet d’estimer avec précision cette
proportion. Aussi est-il indispensable, avant toute autre mesure,
de quantifier rapidement et de la manière la plus objective
ce phénomène.
· Par ailleurs, plusieurs travaux indiquent de façon
convergente qu’il existe une mauvaise adéquation du
traitement par antidépresseur aux patients le recevant :
- plus d’un tiers des antidépresseurs (toutes classes
confondues) sont prescrits en dehors des indications de l’AMM
: environ 20 % des patients sous antidépresseur ne présentent
aucun diagnostic psychiatrique étayé ; les autres
patients (environ 10 %) présentent un des diagnostics suivants:
anxiété généralisée, épisode
maniaque, psychose, trouble phobique, trouble de la conduite alimentaire.
Une tendance à l’augmentation des prescriptions hors
AMM est observée.
- la durée de prescription excède 1 an dans plus
de 50 % des cas, contrairement à la RMO en vigueur. Ainsi,
le caractère inapproprié des prescriptions d’antidépresseur
peut expliquer pour partie l’importance actuellement constatée
de la consommation de ces médicaments.
· Les deux tiers des patients sous antidépresseur prennent
simultanément un autre psychotrope ; les anxiolytiques occupent
la première place et sont co-prescrits dans la moitié des
prescriptions d’antidépresseur, ce qui est contraire à la
RMO en vigueur.
· Une étude spécifique visant à comparer
les habitudes de prescriptions des médecins généralistes
français à celles des médecins généralistes
du Royaume-Uni et de l’Allemagne a été réalisée
pour ce rapport. Elle indique que le nombre de consultations pour
un diagnostic de dépression en France (163 pour 1 000 habitants)
est légèrement plus élevé que celui observé au
Royaume-Uni (155 pour 1 000 habitants) et nettement supérieur à celui
observé en Allemagne (68 pour 1000 habitants). Parmi
les patients déprimés traités, la proportion de diagnostics
traités par antidépresseur est là aussi supérieure
en France (93 %) par rapport au Royaume-Uni (86 %) ; elle est très
inférieure en Allemagne (62 % des cas). En ce qui concerne
les produits utilisés, la France et le Royaume-Uni privilégient
les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine,
l’Allemagne les imipraminiques et la phytothérapie.
Les médecins français se distinguent de leurs
confrères
allemands et britanniques par la fréquence des co-prescriptions
; cette étude confirme que les anxiolytiques sont les psychotropes
le plus souvent co-prescrits avec un antidépresseur en France. Cette
pratique est très peu observée au Royaume-Uni
et en Allemagne. De l’ensemble de cette analyse, il apparaît
souhaitable que des actions de formation des médecins puissent être
mises en oeuvre afin d’améliorer l’adéquation
de la prise en charge médicale aux situations cliniques
dans le respect des référentiels existants.
ANNEXE : Evolution des ventes des psychotropes en France
1. EVOLUTION DES VENTES DE PSYCHOTROPES
L’évolution des ventes en France des quatre principales
classes pharmaco-thérapeutiques de psychotropes entre 1991
et 1997 est présentée. Ces quatre classes sont :
- les antidépresseurs,
- les anxiolytiques (tranquillisants),
- les hypnotiques (somnifères) et sédatifs,
- les neuroleptiques.
L’analyse des ventes a été effectuée à partir
des données issues des déclarations relatives aux
ventes de spécialités pharmaceutiques faite à l’Agence
du Médicament. Ces données sont exprimées
en quantités (unités de ventes) et en valeur (chiffres
d’affaires hors taxes - CAHT).
Le nombre des unités de ventes correspond au nombre de conditionnements
vendus (nombre de boîtes). Les chiffres d’affaires
sont exprimés en Prix Fabricant Hors Taxes (PFHT, en francs
courants). Les ventes de psychotropes sont essentiellement réalisées
en officine tant en quantités (201 millions d’unités
en 1997 en officine contre 9,4 millions à l’hôpital)
qu’en valeur (4 792 millions de francs en 1997 en officine
et 366 millions à l’hôpital).
Les psychotropes représentent 6 % du marché total
des médicaments (remboursables ou non) en ville contre 2,6
% du marché des médicaments hospitaliers, en valeur.
Cependant, les traitements sont parfois initiés à l’hôpital
puis continués en ville.
Le nombre d’unités de ventes des médicaments
psychotropes a augmenté de 7 % entre 1991 et 1997. Dans
le même temps, leur chiffre d’affaires hors taxes a
augmenté de 52,9 %
1.1. Evolution en quantités des psychotropes
En 1997, les anxiolytiques sont les médicaments psychotropes
les plus vendus (68,9 millions d’unités) devant
les hypnotiques et sédatifs (63,5 millions), les antidépresseurs
(47,6 millions) et les neuroleptiques (20,9 millions).
Evolution des unités vendues des quatre
principales classes de psychotropes.
Depuis 1991, la tendance des ventes d’anxiolytiques est décroissante
(- 9,9 %), stable pour les neuroleptiques (+ 2 %), croissante pour
les hypnotiques et sédatifs (+ 10,8 %) et surtout pour les
antidépresseurs (+ 42,5 %).
1.2. Evolution en valeur des psychotropes
En 1997, les antidépresseurs ont représenté le
plus important chiffre d’affaires (2425,1 millions de francs)
avec une tendance croissante très prononcée (+ 97,1
%) depuis 1991. Viennent ensuite les anxiolytiques (985,6 millions)
avec une tendance globalement stable (+ 1,4 %). Les hypnotiques
et sédatifs (716,4 millions) et les neuroleptiques (664,9
millions) présentent tous les deux une tendance croissante
(respectivement + 34,6 % et + 65,9 %).
Evolution du chiffre d’affaires des
quatre principales classes de psychotropes.
La progression des neuroleptiques s’explique notamment par
une revalorisation des prix des anciennes spécialités
et par la mise sur le marché de nouvelles spécialités
de prix élevé. L’évolution en valeur
des hypnotiques s’explique en grande partie par la mise sur
le marché de petits conditionnements (boîtes de 7
au lieu de boîtes de 20) des « benzodiazépines
et apparentés » afin de favoriser le bon usage, mesure
encouragée financièrement par une hausse relative
du prix de ces spécialités.
Il faut noter la place prépondérante prise par les
antidépresseurs : 50,6 % du chiffre d’affaires total
réalisé par les psychotropes en 1997 (contre 39,2
% en 1991).
Les trois autres classes se partagent le reste du marché :
20,6 % pour les anxiolytiques,
14,9 % pour les hypnotiques ou sédatifs,
13,9 % pour les neuroleptiques.
2. EVOLUTION DES VENTES DES ANTIDEPRESSEURS
L’évolution (en indice) des chiffres d’affaires
est comparée aux unités de ventes des antidépresseurs.
Ces deux séries présentent des tendances croissantes,
le chiffre d’affaires augmentant plus rapidement que les
unités de ventes.
Evolution des ventes d’antidépresseurs en quantités
et en valeur.
Deux facteurs permettent d’expliquer cette augmentation :
- la hausse du prix de certains antidépresseurs déjà commercialisés
en 1991, mais surtout
- la part de marché acquise, pendant la période concernée,
des nouveaux antidépresseurs plus chers que les autres antidépresseurs
(effet de structure).
Afin de réaliser une étude plus détaillée
des ventes d’antidépresseurs, nous avons distingué l’évolution
des différentes sous-classes pharmacologiques :
- les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
(ISRS),
- les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO),
- les inhibiteurs non sélectifs de la recapture des monoamines,
dont les imipraminiques,
- les autres antidépresseurs.
Les ventes d’ISRS ont augmenté de manière importante
(de 7,6 millions d’unités en 1991 à 24,2 millions
en 1997). Ils sont désormais les antidépresseurs
les plus vendus avec 50,9 % des ventes, cette évolution
s’étant faite au détriment des trois autres
sous-classes d’antidépresseurs.
Evolution et répartition des ventes en quantités
des antidépresseurs.
La position prédominante des ISRS est confirmée parmi
les antidépresseurs en terme de chiffre d’affaires
avec 1 629 millions de francs réalisés en 1997 (67,2
%).
En résumé, les ventes de psychotropes ont augmenté de
7 % en quantités et de 52,9 % en valeur entre 1991 et 1997.
Cette augmentation est principalement liée aux ventes des
antidépresseurs : si l’on ne considère que
les neuroleptiques, les hypnotiques et sédatifs et les anxiolytiques,
le taux de croissance des quantités vendues est négatif
- 0,6 % et celui du chiffre d’affaires est de + 24,3 %. La
croissance en quantités (+ 2 %) des neuroleptiques est relativement
faible comparée à celle en valeur (+ 65,9 %).
Cette différence doit être attribuée à un
effet prix et à un effet de structure :
- mise sur le marché de nouvelles molécules à des
prix plus élevés,
- revalorisation tarifaire de produits anciens.
Les hypnotiques ont quant à eux enregistré une croissance
en valeur liée à la mise sur le marché de
petits conditionnements à un prix plus élevé que
les anciennes présentations.
Les antidépresseurs se distinguent par une forte croissance
en quantités (+ 42,5 %) et en valeur (+ 97,1 %). Ils représentent
la part la plus importante des ventes de psychotropes en terme
de chiffre d’affaires (50,9 %). Ce sont les Inhibiteurs Sélectifs
de la Recapture de la Sérotonine (ISRS) qui contribuent
principalement à la hausse des ventes.
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