Psychiatrie - Collectif contre les
traitements psychiatriques dégradants - Forum - Archive 2
 |
Psychiatrie
- Collectif contre les traitements psychiatriques dégradants.
Inscrit le: 11 Jan 2005
Messages: 544
Localisation: Haute Corse
Posté le: 01 Fév 2005 11:45 Sujet
du message: Collectif contre les traitements psychiatriques
dégradants.
|
ALLEINS, le 24 Mars 2004
Docteur Jean Philippe LABREZE
Collectif des médecins et des citoyens contre
les traitements dégradants de la psychiatrie.
449 Rue de L’Egalité
13980 ALLEINS
|
A Monsieur DOUSTE-BLAZY
Ministère de la Santé et de la protection sociale.
8 Avenue SEGUR
75007 PARIS |
Monsieur le Ministre,
Le Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements
dégradants de la psychiatrie, que j’ai souhaité créer
au début de l’année 2004, s’est fixé comme
objectif de dénoncer les « traitements » psychiatriques
dont les effets hautement délétères ont été amplement
démontrés par la communauté scientifique et
d’obtenir leur interdiction.
A ce titre, j’ai l’honneur d’attirer votre
attention sur la pratique de l’électrochoc (ou sismothérapie).
Depuis des décennies, les défenseurs de cette méthode,
niant ses effets néfastes, continuent de promouvoir son
usage. Bien qu’il soit quasiment impossible d’obtenir
des statistiques concernant la mise en œuvre de cette méthode
dans notre pays, l’extrapolation des statistiques concernant
certains de nos partenaires européens ou les Etats-Unis,
permet de supposer que 20 à 30 000 de nos concitoyens,
peut-être même davantage, se voient administrer chaque
année des électrochocs.
Dans une note d’information de la Direction Générale
de la Santé (N° 2000-522 du 16 octobre 2000) relative
aux réponses à apporter à la mise en cause
du recours à l’électroconvulsivothérapie
(ou ECT), Madame C. d’Autume, sous-directrice de la santé des
populations, souligne que « les instructions ministérielles
du 16 août 1996 rappellent, s’agissant de l’ECT,
qu’en application du décret n° 95-1000 du 6 septembre
1995 portant code de déontologie médicale, article
36, le consentement de la personne examinée ou soignée
doit être recherché dans tous les cas et qu’il
doit être apporté au patient toute information nécessaire
sur les bénéfices attendus et les effets indésirables éventuels,
en applications de l’article 35 du décret précité ».
L’article 35 du code de déontologie médicale
stipule en effet que : « Le médecin doit à la
personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il
conseille, une information loyale, claire et appropriée
sur son état, les investigations et les soins qu’il
lui propose ».
L’article L.1111.2 du code de la santé publique
rappelle quant à lui que : « Toute personne
a le droit d’être informée sur son état
de santé. Cette information porte sur les différentes
investigations, traitements ou actions de prévention qui
sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle,
leurs conséquences, les risques fréquents ou graves
normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que
sur les autres solutions possibles et sur les conséquences
prévisibles en cas de refus ».
Le qualificatif Loyal me semble être, dans ce contexte,
le mot clé. S’agissant d’une méthode
susceptible d’endommager irrémédiablement le
système nerveux des patients auxquels elle est administrée
et de compromettre définitivement toute chance de réel
rétablissement (cf analyse du Professeur BREGGIN jointe
en annexe), toute omission ou information erronée revêt
une portée toute particulière et représente
un manquement grave, susceptible d’engager, à mon
sens, la responsabilité juridique de celui qui la délivre.
Trois points majeurs méritent d’être plus
particulièrement soulignés :
- Ainsi que le résume le Professeur BREGGIN, dans le document
joint en annexe et basé sur l’analyse rigoureuse de
la littérature scientifique concernant ce sujet, la plupart
des études contrôlées sur l’électrochoc
indiquent que ce traitement n’est pas plus efficace que le
placebo et produit ses effets soi-disant thérapeutiques
en lésant le cerveau des patients et en provoquant un dysfonctionnement
mental global.
- Les documents remis aux patients auxquels
ont été proposés
des électrochocs ne mentionnent pas ou minimisent considérablement
les risques graves inhérents à cette méthode,
privant ainsi les patients de la possibilité de se déterminer
en toute connaissance de cause,
- L’assertion selon laquelle les électrochocs, que
ce soit en première intention ou après échec
d’une chimiothérapie, représentent la seule
alternative pour prévenir le risque suicidaire (assertion
souvent utilisée pour promouvoir les électrochocs,
faire peser un sentiment de culpabilité et exercer une contrainte
inacceptable sur les praticiens qui refuseraient d’y recourir)
s’avère totalement fausse (cf analyse du Professeur
BREGGIN).
En conséquence, compte tenu de l’abondante littérature
médicale démontrant les effets hautement délétères
et irréversibles de cette méthode ainsi que son absence
d’efficacité, considérant le rapport bénéfices/risques,
très nettement et indiscutablement en sa défaveur,
le Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements
dégradants de la psychiatrie considère que l’information
délivrée aux patients susceptibles de recevoir des électrochocs
ou à leur famille n’est pas conforme aux données
actuelles de la science et constitue à ce titre une information
déloyale pouvant être également qualifiée
de manquement à l’éthique et de faute, en droit
général.
Nous avons la responsabilité de tirer aujourd’hui
tous les enseignements des erreurs du passé. Qui nierait
aujourd’hui que les lobotomies dont furent victimes des dizaines
de milliers de patients furent une véritable et inadmissible
tragédie. Allons nous accepter encore longtemps que la mauvaise
foi de certains et leur totale incapacité à se remettre
en cause conduisent des milliers de patients venus demander de
l’aide à se voir administrer un « traitement » hautement
préjudiciable, dont les effets destructeurs sur le cerveau
peuvent être assimilés à ceux produits par
la lobotomie ?. Ainsi, le Professeur Karl PRIBRAM, M.D ,
Ph.D, neurochirurgien, Directeur du Laboratoire de Neuropsychologie
de l’Université de Stanford déclarait : « Je
préfèrerais subir une lobotomie mineure plutôt
qu’une série de chocs électroconvulsifs (.).
Je sais trop bien à quoi ressemble le cerveau après
une série de chocs et ce n’est pas très agréable à voir ».
(APA Monitor, Sept.-Oct. 1974, [pp].9-10).
Certes, les conditions d’administration de l’électrochoc
ont aujourd’hui changé. L’anesthésie
et la curarisation préalables ont réduit à néant
les complications fracturaires (qui concernaient rappelons le plus
de 20% des patients), mais elles n’ont aucunement diminué les
lésions cérébrales, bien au contraire. En
effet, ainsi que le souligne le Professeur BREGGIN, du fait de
l’anesthésie et de la curarisation, il est établi
que les équipes administrant des électrochocs utilisent
des courants d’intensité supérieure, majorant
ainsi les effets néfastes.
Persuadé qu’un examen attentif des faits ne peut
que valider le point de vue développé dans ce courrier
et refusant absolument le statu quo et la perpétuation des
mêmes erreurs, je me permets aujourd’hui, Monsieur
le Ministre, de solliciter votre intervention. Je veux croire que
le médecin que vous êtes aura à cœur
de promouvoir la seule réponse conforme, selon nous, à l’éthique
médicale, c’est-à-dire l’interdiction
définitive de cette méthode indigne de notre pays
et de notre médecine.
Espérant pouvoir compter sur votre aide pour l’accomplissement
de cette tâche et vous remerciant dès à présent
pour l’attention portée à la lecture de ce
courrier, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre,
l’expression de mes très respectueuses salutations.
Docteur Jean Philippe LABREZE
Pour
accéder directement au forum...
Psychiatrie - Collectif contre les traitements
psychiatriques dégradants - Forum - Archive 2
|