Notre initiative ADO SOS
a pour objectif de venir en aide aux adolescents suicidaires et
de les orienter au mieux à un niveau local en tenant rigoureusement
compte des recommandations émises par l'AFSSAPS (Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Produits
de Santé) :
Bon usage - Mise au point - Le bon
usage des antidépresseurs
chez l’enfant et l’adolescent - Janvier 2008
Introduction
Dans l’Union européenne, les
médicaments antidépresseurs
inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
(ISRS) et apparentés
(1), à l’exception de la fluoxétine, sont déconseillés
dans le traitement de la dépression chez l’enfant
et l’adolescent. Cette recommandation, datant d’avril
2005, fait suite à la mise en évidence d’un
risque de comportement suicidaire (idées suicidaires, tentatives
de suicide) et/ou hostile (agressivité, comportement d’opposition,
colère) associé à l’utilisation chez
l’enfant et l’adolescent des antidépresseurs
ISRS et apparentés.
Les données disponibles pour les antidépresseurs
tricycliques justifient qu’ils soient également déconseillés
chez l’enfant et l’adolescent dans cette même
indication.
Depuis août 2006, la fluoxétine (Prozac®)
bénéficie d’une autorisation européenne
de mise sur le marché dans le traitement des épisodes
dépressifs majeurs (c’est à dire caractérisés)
d’intensité modérée à sévère,
en association à un traitement psychothérapeutique,
chez les enfants de 8 ans ou plus n’ayant pas répondu à 4 à 6
séances de psychothérapie seule.
De nouvelles données expérimentales, évaluées
dans le cadre de cette extension d’indication, ont mis en évidence
des effets délétères de la fluoxétine
sur la croissance et la maturation sexuelle chez le rat juvénile.
Un risque similaire ne pouvant être exclu à ce jour
chez l’homme, l’Afssaps souhaite actualiser les recommandations
de prescription et de suivi des antidépresseurs chez l’enfant
et l’adolescent publiées dans la mise au point de
février 2006. Celle-ci avait pour objectif de définir
le bon usage des antidépresseurs au cours de la dépression
chez l’enfant et l’adolescent, dans les situations
particulières où, après une évaluation
clinique du rapport bénéfice/risque, le recours à ces
médicaments peut être justifié.
Diagnostic clinique de la dépression chez l’enfant
et l’adolescent
Comme chez l’adulte, il est rappelé que
:
- le diagnostic de dépression chez l’enfant ou chez
l’adolescent ne peut se poser qu’à l’issue
d’une évaluation clinique à la recherche de
tous les symptômes et critères définis par
les classifications internationales : DSM-IV (en annexe) ou éventuellement
CIM 10 ;
- l’appréciation de l’intensité des
symptômes relève de l’évaluation clinique
et éventuellement d’échelles validées
;
- l’évaluation du risque suicidaire doit être
systématique avant toute prise en charge d’un épisode
dépressif.
L’expression de la dépression varie selon l’âge
chez l’enfant et chez
l’adolescent : La dépression chez l’enfant est
rare (prévalence 0,5 %). Elle est plus fréquente
chez l’adolescent (prévalence 3%) [1].
A l’adolescence, le sex ratio est de 2 filles pour 1 garçon
(ce ratio est l’inverse de celui de l’enfant), le risque
suicidaire augmente et les symptômes diffèrent de
ceux rencontrés chez l’adulte. Plus on s’approche
de l’âge adulte, plus le tableau devient caractéristique.
La dépression de l’enfant s’accompagne de difficultés
comportementales, relationnelles, familiales et scolaires, durables
et souvent d’apparition brutale. Elle se traduit le plus
souvent par une attitude générale de retrait ou au
contraire par une irritabilité et une agitation inhabituelle.
La dépression de l’adolescent peut s’exprimer
par un désinvestissement scolaire brutal, par des plaintes
somatiques masquant la dépression chez les filles, ou par
des passages à l’acte (agressifs ou anti-sociaux)
chez le garçon.
Ces troubles sont distincts de la « crise d’adolescence » et
le risque de les sous-estimer est important.
Selon les conclusions d’une expertise de l’Inserm,
la dépression chez l’enfant et plus particulièrement
chez l’adolescent est fréquemment associée à un
risque suicidaire important [1].
En France, le suicide des jeunes est la deuxième cause
de décès entre 15 et 24 ans (700 décès
par an).
La prescription d’antidépresseurs n’est pas
adaptée aux situations d’urgence, qui nécessitent
une prise en charge immédiate, éventuellement en
milieu hospitalier.
Bénéfices / risques inhérents aux médicaments
antidépresseurs chez l’enfant et l’adolescent
A l’exception de la fluoxétine (Prozac®), les
antidépresseurs ISRS et apparentés n’ont pas
d’autorisation de mise sur le marché (AMM), dans l’Union
européenne, dans le traitement de la dépression chez
les patients de moins de 18 ans.
Le 1er juin 2006, l’Agence Européenne du médicament
(EMEA) a considéré que le rapport bénéfice-risque
de la fluoxétine était favorable dans le traitement
des épisodes dépressifs majeurs (c’est-à-dire
caractérisés) d’intensité modérée à sévère,
en association à un traitement psychothérapique,
chez les enfants de 8 ans ou plus n’ayant pas répondu à 4 à 6
séances de psychothérapie seule.
Toutefois, l’EMEA a demandé au laboratoire Lilly
de s’engager à réaliser des études complémentaires
sur le profil de sécurité du Prozac®.
Cette demande fait suite aux résultats d’une étude
pré-clinique chez le rat juvénile montrant des effets
délétères de la fluoxétine sur la croissance,
sur la maturation sexuelle, sur la fonction sexuelle, et sur les
organes sexuels, en particulier des atteintes testiculaires irréversibles.
Les résultats de ces études complémentaires
chez l’animal juvénile, visant à mieux caractériser
ces atteintes, ne sont pas disponibles à ce jour.
En attente de ces résultats pré-cliniques complémentaires,
et en raison de préoccupations liées au profil de
sécurité d’emploi de la fluoxétine chez
les enfants et adolescents traités, l’Afssaps met
en place un dispositif national de surveillance, axé particulièrement
sur le développement sexuel et la croissance.
Dans ce contexte, un groupe d’experts (pédiatres,
pédopsychiatres, endocrinologues, toxicologues) a été chargé de
proposer des recommandations de prescription et de suivi des enfants
et adolescents traités par la fluoxétine.
La mise au point publiée par l’Afssaps en février
2006 nécessite d’être actualisée pour
intégrer ces nouvelles informations, et sera remise à jour
si besoin lorsque les résultats pré-cliniques complémentaires
seront disponibles.
L’utilisation des autres antidépresseurs ISRS et
apparentés est déconseillée pour cette classe
d’âge dans le traitement de la dépression*,
en raison du risque de comportement suicidaire (idées suicidaires,
tentatives de suicide) et de comportement hostile (agressivité,
comportement d’opposition, colère) mis en évidence
chez des enfants et adolescents traités par ISRS au cours
d’essais cliniques.
Les résultats de l’évaluation menée
par l’EMEA ont fait l’objet d’un communiqué de
l’Afssaps le 25 avril 2005.
Le risque de comportement suicidaire et de
comportement hostile identifiés avec la fluoxétine lors des essais cliniques,
n’est pas différent de celui observé avec les
autres ISRS.
Le risque potentiel des autres antidépresseurs ISRS et
apparentés sur la croissance et la maturation sexuelle n’est
pas connu, notamment au vu de l’absence de données
chez l’animal juvénile. Cependant, quelques cas de
retard de croissance chez des enfants traités ont été rapportés
dans la littérature [2].
Les conséquences à long terme d’un traitement
par ISRS et apparentés chez l’enfant et l’adolescent,
notamment sur la fertilité, ne sont pas connues.
Les données issues de méta-analyses récentes
conduites à partir d’études cliniques réalisées
chez l’enfant et/ou l’adolescent [3, 4, 5] n’ont
pas permis de démontrer l’efficacité des antidépresseurs
tricycliques dans le traitement des troubles dépressifs
de l’enfant et de l’adolescent.
De plus, la fréquence et la gravité des effets indésirables
cardio-vasculaires (en comparaison avec le groupe placebo) sont
significativement plus élevées dans la population
traitée par antidépresseurs tricycliques, ces effets
pouvant entraîner un risque létal en cas de surdosage.
Le risque de comportement suicidaire des antidépresseurs
tricycliques ne serait pas différent de celui des ISRS et
apparentés [6].
Place des antidépresseurs dans la dépression de
l’enfant et de l’adolescent
Chez l’enfant
Le traitement de première intention doit être psychothérapique.
Un traitement antidépresseur peut être envisagé en
cas d’absence d’amélioration car l’antidépresseur
peut améliorer les résultats de la psychothérapie
en facilitant son déroulement.
Chez l’adolescent
Dans la plupart des cas, le
traitement de première intention
est psychothérapique.
Cependant, le recours à un
médicament antidépresseur pourra se justifier en
première intention dans les épisodes dépressifs « caractérisés » d’intensité sévère
:
- épisodes dépressifs caractérisés,
c’est à dire définis par la classification
du DSM-IV ou de la CIM-10 ;
- d’intensité sévère définie
en fonction de l’évaluation du nombre et de l’intensité des
symptômes dépressifs et de leur retentissement.
La prescription d’un antidépresseur pourra par ailleurs
s’envisager en deuxième intention en cas d’efficacité insuffisante
de la prise en charge psychothérapique ou en cas d’aggravation.
Il est recommandé, dans tous les cas, d’accompagner
la prescription d’antidépresseur d’une prise
en charge psychothérapique adaptée.
Il n’est pas recommandé de traiter par antidépresseur
:
- les épisodes dépressifs caractérisés
mais d’intensité légère, ou modérée
;
- les symptômes dépressifs ne correspondant pas aux épisodes
dépressifs caractérisés selon le DSM-IV ou
la CIM-10 : symptômes isolés ou en nombre insuffisant
pour remplir les critères DSM IV ou durée de l’épisode
dépressif inférieure à 15 jours ;
- les symptômes d’intensité sévère
mais transitoires.
Dans ces trois situations, il est cependant
recommandé d’entreprendre
une prise en charge adaptée :
- être à l’écoute
du patient et lui apporter un soutien psychologique ;
- sensibiliser l’entourage et la famille
et les associer au suivi du patient ;
- revoir le patient pour suivre l’évolution des symptômes.
Modalités de prescription
Le traitement pharmacologique par antidépresseur
chez un enfant ou un adolescent :
- ne doit pas se substituer à la psychothérapie,
qui est le traitement de première intention ;
- doit s’accompagner d’une surveillance étroite
et de la recherche d’un comportement suicidaire, particulièrement
en début de traitement.
Le choix de l’antidépresseur doit prendre en compte
le profil de sécurité d’emploi propre à chaque
médicament.
Sa prescription doit prendre en compte l’ensemble des bénéfices
attendus et des risques, et en particulier les risques de surdosage.
La prescription de la fluoxétine chez l’enfant pendant
les périodes pré- et péri-pubères devrait être
effectuée par un psychiatre/pédopsychiatre, et être
accompagnée d’une prise en charge comprenant un suivi
de la croissance et de la maturation sexuelle.
Par prudence, cette recommandation s’applique à l’ensemble
des ISRS et apparentés.
La prescription d’un antidépresseur pendant la période
post-pubère, chez l’adolescent, peut être effectuée
soit par un pédopsychiatre/psychiatre, soit par un généraliste.
Posologie
L’objectif est d’atteindre progressivement la posologie
minimale efficace en tenant compte du poids par rapport à l’adulte
et de la réponse clinique en se référant aux
AMM en vigueur dans l’indication de la dépression
de l’adulte. Il est recommandé de commencer par la
dose la plus faible. De même que chez l’adulte, la
durée totale du traitement d’un épisode pourrait
se situer entre 6 mois et un an.
Prévention des récidives
Les troubles dépressifs présentent un risque de
récidive. Une fréquence élevée de récidive
constitue un risque de pronostic péjoratif.
Une prise en charge psychothérapique adaptée constitue
l’élément essentiel de la prévention
des récidives.
De plus, des conseils donnés au patient et à son
entourage, notamment de consulter rapidement son médecin
en cas de modification de l’humeur, sont nécessaires
pour détecter précocement l’apparition d’une
récidive.
Conduite d’un arrêt de traitement
L’arrêt de la prise d’un antidépresseur
ne doit pas se faire à l’initiative du patient ou
de sa famille sans accompagnement du médecin.
L’arrêt du traitement sera toujours progressif sur
plusieurs semaines ou mois pour prévenir le risque de rechute.
Il sera programmé avec le patient et son entourage.
Suivi du patient
Risque de comportement suicidaire et/ou hostile
Il faut rechercher de façon active le risque suicidaire
tout au long du traitement quelles que soient les modalités
de prise en charge et en particulier si un traitement antidépresseur
est mis en route. L’expérience clinique a montré que
lors du traitement de la dépression et quelle que soit la
thérapeutique utilisée, le risque suicidaire peut
augmenter en début de traitement.
Dans le cas où le traitement par antidépresseur
n’est pas justifié d’emblée, il est recommandé de
réévaluer la situation à intervalles réguliers.
Si la mise en route d’un traitement par antidépresseur
est nécessaire, il est très important de mettre en
place une surveillance étroite du patient (notamment pendant
les premières semaines) et de réévaluer régulièrement
le traitement.
Il faut rechercher avec l’aide de l’entourage du patient
tout signe d’apparition d’un comportement hostile (agressivité,
comportement d’opposition, colère) ou d’un comportement
suicidaire (idées et/ou menaces suicidaires, tentatives
de suicide), notamment en début de traitement.
La survenue récente (ou l’aggravation) de symptômes,
tels qu’insomnie, irritabilité, anxiété,
agitation, nervosité et a fortiori idées suicidaires
nécessite des consultations plus fréquentes.
Une communication médecin/famille efficace facilite le
bon déroulement du traitement du patient.
Risque sur la croissance et la maturation sexuelle
Si un traitement par fluoxétine est prescrit avant ou pendant
la puberté, il doit être accompagné d’une
surveillance de la croissance et du développement pubertaire,
incluant le suivi de la courbe staturo-pondérale (poids,
taille, BMI) et de l’état de maturation clinique (stade
de Tanner).
Si le traitement par fluoxétine se prolonge au delà de
3 mois, une consultation par un pédiatre endocrinologue
doit être envisagée en cas de doute sur le déroulement
de la croissance ou de la maturation sexuelle, et une surveillance
du bilan endocrinien est recommandée.
Par prudence, ces recommandations s’appliquent à l’ensemble
des ISRS et apparentés, pour lesquels des cas de retard
de croissance chez des enfants traités ont été rapportés,
bien qu’il n’existe pas à ce jour de données
expérimentales suffisantes pour suspecter un risque similaire
de ces antidépresseurs sur la maturation sexuelle.
La réévaluation du rapport bénéfice/risque
du traitement par antidépresseur doit être envisagée
en cas de ralentissement ou d’arrêt de la croissance,
ou de retard de la maturation sexuelle.
Le syndrome de sevrage
De même que chez l’adulte, des symptômes sévères
peuvent apparaître lors de l’arrêt trop rapide
d’un traitement antidépresseur, tels qu’irritabilité,
anxiété, vertiges ou troubles du sommeil.
Un traitement prolongé, une posologie élevée,
un arrêt brutal ou une demivie courte de l’antidépresseur
constituent des facteurs de risque de survenue du syndrome de sevrage.
Ce syndrome survient dans les jours suivant l’arrêt
du traitement et peut durer une semaine en moyenne.
Il est important de respecter et de faire respecter
par le patient et son entourage les règles d’arrêt de traitement,
consistant en une diminution progressive de la posologie, afin
de réduire les risques d’apparition de ces symptômes.
Dans le cas où un syndrome de sevrage surviendrait, il
est important de rassurer le patient sur le caractère transitoire
des symptômes, de revenir temporairement si nécessaire à la
posologie précédente de l’antidépresseur
avant de reprendre un sevrage encore plus progressif.
Information au patient
Comme chez l’adulte, il est souhaitable de bien informer
les patients et leur entourage sur la dépression et ses
modalités de traitement.
L’information au patient doit tenir compte des dispositions
de la loi du 4 mars 2002 sur le droit des malades concernant les
mineurs. Il peut être utile de proposer au patient et à son
entourage la lecture de l’information grand public disponible
sur le site de l’Afssaps (« Vous et votre traitement
par antidépresseur
»).
Annexes
Définition de l’épisode dépréssif
caractérisé selon le DSM-IV
A • Au moins 5 des symptômes suivants doivent être
présents pendant une même période d’une
durée de deux semaines et avoir représenté un
changement par rapport au fonctionnement antérieur ; au
moins un des symptômes est soit une humeur dépressive,
soit une perte d’intérêt ou de plaisir.
1 - Humeur dépressive présente pratiquement toute
la journée, presque tous les jours signalée par le
sujet (ex : se sent triste ou vide) ou observée par les
autres (ex : pleure).
NB : Eventuellement irritabilité chez l’enfant et
l’adolescent.
2 - Diminution marquée de l’intérêt
et du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités
pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée
par le sujet ou observée par les autres).
3 - Perte ou gain de poids significatif en
absence de régime
(ex : modification du poids corporel en 1 mois excédant
5%) ou diminution ou augmentation de l’appétit presque
tous les jours.
NB : Chez l’enfant, prendre en compte l’absence de
l’augmentation de poids attendue.
4 - Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
5 - Agitation ou ralentissement psychomoteur
presque tous les jours (constatés par les autres, non limités à un
sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement
intérieur).
6 - Fatigue ou perte d’énergie
presque tous les jours.
7 - Sentiments de dévalorisation ou de culpabilité excessive
ou inappropriée (qui peut être délirante) presque
tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable
d’être malade).
8 - Diminution de l’aptitude à penser ou à se
concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée
par le sujet ou observée par les autres).
9 - Pensées de mort récurrentes (pas seulement une
peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans
plan précis ou tentative de suicide ou plan précis
de se suicider.
B • Les symptômes ne répondent pas aux critères
d’Episode mixte.
C • Les symptômes traduisent une souffrance cliniquement
significative ou une altération du fonctionnement social,
professionnel, ou dans d’autres domaines importants.
D • Les symptômes ne sont pas imputables aux effets
physiologiques directs d’une substance (ex : substance donnant
lieu à abus, un médicament) ou une affection médicale
générale (ex : hypothyroïdie).
E • Les symptômes ne sont pas expliqués par un
deuil, c’est-à-dire qu’après la mort
d’un être cher, les symptômes persistent pendant
plus de 2 mois ou s’accompagnent d’une altération
marquée du fonctionnement, de préoccupations morbides,
de dévalorisation, d’idées suicidaires, de
symptômes psychotiques ou d’un ralentissement psychomoteur.
Modes d’expression de la dépression chez l’enfant
et l’adolescent en comparaison avec l’adulte
Traduction française du tableau extrait des recommandations établies
par l’American Psychiatric Association (APA) et l’American
Academy of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP) 2005
Modes d’expression de la dépression chez l’enfant
et l’adolescent
1 - Humeur dépressive pratiquement toute
la journée
Humeur irritable ou revendicante.
Préoccupations morbides envahissantes
– par exemple par des paroles
de chansons nihilistes
2 - Diminution de l’intérêt / plaisir dans ses
activités
Perte d’intérêt dans le sport, les jeux vidéo,
et les activités entre amis
3 - Perte ou gain de poids significatif Retard dans la courbe de
poids, anorexie ou boulimie, plaintes physiques fréquentes
(maux de tête, maux d’estomac…)
4 - Insomnie ou hypersomnie Regarde la TV excessivement tard dans
la nuit. Refus de se lever le matin pour aller à l’école
5 - Agitation ou ralentissement psychomoteur
Menaces ou tentatives de fugue
6 - Fatigue ou perte d’énergie Ennui persistant
7 - Sentiments de dévalorisation ou de culpabilité
Comportement d’opposition et/ou négatif
8 - Diminution de l’aptitude à penser ou à se
concentrer ou indécision
Mauvais résultats scolaires, absences fréquentes
9 - Idées ou comportement suicidaires récurrents
Idées ou comportement suicidaires récurrents
NB : Il est conseillé de tenir compte d’éventuelles
différences culturelles dans l’utilisation de cet
outil.
Références bibliographiques
1 - Expertise collective Inserm. Troubles mentaux-dépistage
et prévention chez l’enfant et l’adolescent.
Les éditions Inserm : Paris ; 2003.
2 - The use of medication in treating childhood and adolescent
depression : information for physicians. American Psychiatric Association
(APA) and America Academy of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP)
2005. PhysiciansMedGuide. Website : ParentsMedGuide.org.
3 - Maneeton et al. Tricyclic antidepressants for depressive disorders
in children and adolescents : a meta-analysis of randomized-controlled
trials ; J Med Asso Thai 2000 ; 83 : 1367-1374.
4 - Hazell et al. Efficacy of tricyclic drugs in treating child
and adolescent depression : a meta-analysis ; British Medical Journal
195 ; 310 : 897-901.
5 - Hazell et al. Tricyclic drugs for depression in children and
adolescents ; The Cochrane Database of systematic Reviews 2002
; Issue 2.
6 - Jick et al. Antidepressants and the risk of suicidal behaviors
; JAMA 2004 ; 292 : 338-43.
L’Afssaps a réalisé cette actualisation de
la mise au point de février 2006 en collaboration avec un
groupe d’experts composé de : E.Acquaviva (Paris),
D.Armengaud (Poissy), F.Brion (Paris), P.Bouchard (Paris), JC.Carel
(Paris), JR.Claude (Paris), P.Foucaud (Versailles), A.Fourrier
(Bordeaux), JM.Kunstmann (Paris), MF.Le Heuzey (Paris), J.Leger
(Paris), JP.Lépine (Paris), S.Mimoun (Paris), L.Multigner
(Rennes), D.Ouakil-Purper (Paris), C.Sultan (Montpellier).
Ont participé à l’élaboration de la
mise au point de Février 2006 : A.Braconnier (Paris), D.Botbol
(Neuilly s/Seine), Carlier (Vauhallan), E.Corruble (Paris), P.Cressard
(Saint-Denis en Val), N.Dumarcet (Afssaps), A.Fourrier (Bordeaux),
JP.Lépine (Paris), L.Laigle (Afssaps), MC.Mouren-Siméoni
(Paris), D.Ouakil-Purper (Paris), JP.Rénéric (Bordeaux),
S.Renou (Paris), P.Welniarz (Neuilly-sur-Marne), C.Zittoun (Paris).
La coordination scientifique et rédactionnelle a été réalisée
par : A. Castot (Afssaps), C.Ferard (Afssaps).
Ont participé à l’élaboration
du document : C.Deguines (Afssaps), N.Deleau (Afssaps), N.Ezzahir
(Afssaps), V.Gazin (Afssaps), F.Pons (Afssaps).
Ce document a été validé par la commission
d’AMM du 11 octobre 2007 présidée par le Pr
D.Vittecoq.
Cette mise au point est disponible sur le site internet : www.afssaps.sante.fr
Mise au point - Utilisation de la spécialité TYSABRI® 300
mg (natalizumab)
143/147, bd Anatole France - F-93285 Saint-Denis Cedex
tél. +33 (0) 1 55 87 30 00 - fax +33 (0) 1 55 87 30 12
www.afssaps.sante.fr
[1] Il s’agit de 13 antidépresseurs
dont 2 ne sont pas autorisés en France (atomoxétine
et reboxétine).
Les 11 autres sont : fluvoxamine, fluoxétine, citalopram,
paroxétine, venlafaxine, milnacipran, sertraline, mirtazapine,
escitalopram, miansérine, et duloxétine.
[2]. Symptômes d’un épisode dépressif
caractérisé selon le DSM-IV
* sertraline (Zoloft®) et fluvoxamine (Floxyfral®), deux
autres antidépresseurs ISRS, ont une indication chez l’enfant
et l’adolescent dans le traitement des troubles obsessionnels
compulsifs.
Précédentes recommandations émises par l'afssaps
"La mise en évidence d’un risque de comportement
suicidaire (idées suicidaires, tentatives de suicide) et/ou
hostile (agressivité, comportement d’opposition, colère)
associé à l’utilisation chez l’enfant
et l’adolescent des antidépresseurs inhibiteurs de
la recapture de la sérotonine (ISRS) et apparentés
a conduit l’Agence Européenne du médicament
(EMEA) à réévaluer le risque de ces médicaments
et en avril 2005, à les déconseiller dans le traitement
de la dépression chez l’enfant et l’adolescent.
Les données disponibles aujourd’hui pour les antidépresseurs
tricycliques justifient qu’ils soient également déconseillés
chez l’enfant et l’adolescent dans cette même
indication. Ainsi en France, les médicaments antidépresseurs
sont déconseillés dans le traitement de la dépression
chez l’enfant et l’adolescent."
(...)
"Il n’est pas recommandé de traiter par antidépresseur
:
• les épisodes dépressifs caractérisés mais
d’intensité légère, ou modérée ;
• les symptômes dépressifs ne correspondant pas aux épisodes
dépressifs caractérisés selon le DSM-IV ou la CIM-10 : symptômes
isolés ou en nombre insuffisant pour remplir les critères DSM IV
ou durée de l’épisode dépressif inférieure à 15
jours ;
• les symptômes d’intensité sévère mais
transitoires.
Dans ces trois situations, il est cependant
recommandé d’entreprendre
une prise en charge adaptée :
• être à l’écoute du patient et lui
apporter un soutien psychologique ;
• sensibiliser l’entourage et la famille et les associer
au suivi du patient ;
• revoir le patient pour suivre l’évolution des symptômes."
(...)
Le traitement pharmacologique par antidépresseurs
chez un enfant ou un adolescent :
• ne doit pas se substituer à la psychothérapie
"Les attentes des professionnels
de santé
L’opinion générale exprimée par les
experts est que le problème posé par l’utilisation
des antidépresseurs chez l’enfant et l’adolescent
relève essentiellement de la diffusion de recommandations
de bonne pratique et d’informations à destination
du grand public.
En effet, l’utilisation des antidépresseurs se faisant
majoritairement en dehors de schémas validés, les
prescripteurs demandent une grande souplesse de prescription et
un meilleur accès aux informations ;
notamment sur :
• les correspondants et les structures vers lesquels il est
possible d’orienter les jeunes patients nécessitant
une prise en charge ;
• les données consultables et qui pourraient être transmises
aux familles ;
• les moyens de suivi des patients et de prévention du risque de
suicide.
Quant à d’éventuelles mesures de restriction,
elles sont considérées comme plutôt dommageables,
aussi bien par ceux qui ne seraient pas à priori directement
touchés, comme les spécialistes hospitaliers, que
par les prescripteurs plus occasionnels, comme les médecins
généralistes. Ceci pour plusieurs raisons :
• des restrictions compliqueraient une pratique rendue déjà difficile
par le manque de structures et de temps disponibles ;
• il pourrait y avoir un risque de glissement de la prescription vers des
classes thérapeutiques qui ne sont pas forcément adaptées
(neuroleptiques, thymorégulateurs), voire potentiellement problématiques
(benzodiazépines) ;
• enfin, de façon plus marginale, ces mesures augmenteraient le climat
anxiogène perçu au niveau des familles, voire l’émergence
d’actions en justice."
"L'Agence Européenne du médicament (EMEA) vient
de finaliser l'évaluation des données disponibles
sur les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine (IRS) ainsi que d'autres antidépresseurs
apparentés, chez l'enfant et l'adolescent. Cette évaluation
fait suite à l'identification d'un risque de comportement
suicidaire lors d'études cliniques.
De plus, l'Afssaps rappelle que :
- le traitement de première intention de la dépression
de l'enfant et de l'adolescent est une prise en charge psychothérapeutique.
“Les premières attitudes recommandées sont
les suivantes : créer un climat d’empathie avec le
jeune qui va permettre son accompagnement vers les professionnels
de l’établissement (médecin, infirmière,
psychologue ou assistante scolaires), la famille et le médecin
traitant ; utiliser les réseaux spécialisés
existants.”
“Il ne faut pas hésiter à questionner le patient
sur ses idées de suicide. Cette attitude, loin de renforcer
le risque suicidaire, ne peut que favoriser l’expression
des troubles.”
“Quels modes d’intervention proposer ?
Ils répondent à quatre principes
de base :
1. Adaptation aux différents contextes
dans lesquels se situe le sujet en crise.
2. Prise en compte des interrelations de
l’individu avec
son entourage et avec l’ensemble du tissu social.
3. Prise en charge pluridisciplinaire de la crise suicidaire.
4. Place essentielle réservée aux liens dans la
prise en charge des personnes en crise suicidaire. Le sentiment
d’être compris, reconnu et accepté par l’intervenant,
la capacité d’établir un bon contact avec la
personne suicidaire, ne peuvent être remplacés par
aucune technique standardisée.”
En 2005, l'Agence Européenne du médicament
(EMEA) a finalisé l'évaluation des données
disponibles sur les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture
de la sérotonine (IRS) ainsi que d'autres antidépresseurs
apparentés, chez l'enfant et l'adolescent. Ses conclusions
déconseillaient leur utilisation chez l’enfant et
l’adolescent pour traiter des troubles dépressifs.
Toutefois, le traitement médicamenteux pouvait être
envisagé dans certaines situations cliniques.
Une demande d’extension d’indication du Prozac au
traitement de la dépression majeure chez l’enfant
et l’adolescent a conduit l’Afssaps a demander un arbitrage
européen pour réévaluer le m édicament
dans ce contexte.
A l’issue de ce processus, l'Agence Européenne du
médicament (EMEA) a donné un avis favorable à cette
extension d’indication en considérant que le bénéfice
de l’utilisation du Prozac® dans cette indication l’emporte
sur les risques potentiels.
L’Afssaps rappelle que le traitement de première
intention de la dépression chez l’enfant et l’adolescent
est la psychothérapie. Un traitement médicamenteux
ne peut être envisagé qu’en association avec
une psychothérapie et doit être accompagné d’une
surveillance étroite du patient.
Source : http://agmed.sante.gouv.fr/
"Peut-on prescrire un médicament antidépresseur
chez l'enfant et l'adolescent ?
Dans un premier temps, le traitement de la
dépression de l'enfant et de l'adolescent est une prise
en charge psychothérapeutique."
Source : http://afssaps.sante.fr/htm/10/antid/atdeqest.htm
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