Relaxation : Schultz - Jacobson - Erickson - Caycedo - Rossi...Se relaxer équivaut à modifier notre état de conscience. Tout comme notre organisme, notre état de conscience est semblable à une rivière. Bien que donnant l’apparence d’une entité immuable, il ne cesse de se modifier tout au long de son évolution. Ces modifications se répercutent sur tous les paramètres de la physiologie.
Généralement, face à un stress, l'individu cherche à contrôler la situation. Il l'analyse "objectivement" de façon cartésienne et rationnelle afin d'élaborer un ensemble de solutions. Cette démarche est liée au mode de fonctionnement de l'hémisphère gauche qui est notamment spécialisé dans le traitement de la parole d'un point de vue verbal et linguistique. (1) À l'inverse, l'hémisphère droit est impliqué dans les processus d'imagerie mentale. L'émotion y est prédominante au même titre que la créativité. Certains chercheurs estiment que l'état de conscience modifié met "en veilleuse" l'hémisphère rationnel au profit de l'hémisphère créatif. Des solutions nouvelles et inenvisagées peuvent alors apparaître. Un spécialiste américain estime que : "Les
patients réagissant bien aux placebos, tout comme les bons sujets
hypnotiques, inhibent le mode critique, analytique de traitement de l'information
caractéristique de l'hémisphère dominant et verbal
(hémisphère gauche)." (2); Et cela au profit de l'utilisation
de l'hémisphère droit. Un certain nombre de recherches expérimentales montrent que ces techniques de gestion du stress mettent en action le système parasympathique, dont l’activation est liée au bien-être de l’organisme. Celui-ci correspond à un état de vagotonie, de tranquilité intérieure, dont l'action bénéfique se ressent sur les systèmes immunitaire, endocrinien et, de façon générale, physiologiques. (3)À l'inverse, le stress active le fonctionnement du système sympathique, ce qui, dans le cas d'un stress chronique, peut avoir comme nous l'avons vu des conséquences dommageables sur la santé. (4)En fait, de la modification de l’état de conscience naissent aussi bien les symptômes que leur résolution. Une simple perception, voire une pensée consciente, suscite en nous un état d’esprit, une façon de regarder le monde et d’interagir avec lui. Notre état de conscience détermine notre relation vis-à-vis de nous-même, de l’autre et du monde. Il s’agit bien souvent d’un processus inconscient. Les symptômes semblent se créer par associations spontanées dont on n’a pas conscience. Avez-vous remarqué le fait qu’il suffit parfois de prononcer un mot pour provoquer chez l’autre un éternuement, une migraine, une allergie, etc. Comment fonctionne ce processus ? Un mot est symboliquement attaché à une représentation mentale, liée elle-même à une émotion particulière. Cette émotion va modifier notre état de conscience, entrer en résonance avec certaines de nos fragilités, de nos difficultés existentielles... Comme pour court-circuiter le mal-être psychique, le corps développe un symptôme donné. Ce symptôme est symboliquement relié à la problématique suscitée par le terme entendu. Nous avons rarement conscience de l’élaboration de nos difficultés ; et c'est bien par le jeu subtil des associations que s'élabore aussi le processus de changement, plus ou moins consciemment dans la cure psychanalytique, et plus inconsciemment à travers la relaxation ou l'hypnose. Parvenu à ce niveau de nos réflexions, on peut s’interroger : existe-t-il un ou plusieurs états de conscience modifiés ? Je serais tenter de penser qu'il en existe une infinité. Notre état de conscience semble prédéfini par une multitude de facteurs internes plus ou moins variables : nos héritages génétique, biologique, culturel, social, familial, etc., constituent notre personnalité. Il en découle la façon dont nous participons à créer la réalité qui nous environne. À partir de là, notre état de conscience est modifié en permanence par tout un ensemble de facteurs externes : par la façon dont on a passé la nuit, et notre relation au monde est également affectée par l'expression et la satisfaction de nos besoins fondamentaux, faim, soif, besoins affectifs ou sexuels... Notre état de conscience semble donc se modifier en permanence au grè de nos expériences de vie. Certains de ces états de conscience sont favorables à notre vitalité et il est bien sûr utile de les cultiver. Tout ce qui constitue l’optimisme, l’espoir, la joie, la curiosité, l’enthousiasme, le bonheur, etc., participe à nous mettre en contact avec la pulsion de vie et à en ressentir les bienfaits au niveau somatique.Il y a quelques années, j’ai réalisé que mes éternuements matinaux étaient liés à un sentiment de fragilité intérieure, de découragement et de peur d’avoir à affronter le monde après les doux rêves de la nuit. De nature frileuse, la fraîcheur de l’air sur ma peau m’évoquait le contact avec la dureté du monde. Le fait de concentrer mon attention sur la force que je pouvais ressentir en moi en contractant mes muscles m’a permis de me reprogrammer. Ressentir ma force tout en me répétant : “ mon énergie est force de santé ! ” m’a permis de voir progressivement les symptômes disparaître. Les symptômes comportent souvent des indications précieuses sur ses modes de fonctionnement. Une femme souffrant de migraines épouvantables depuis plus de 15 ans a réussi en pratiquant ces techniques à les voir disparaître du jour au lendemain. Juste après que sa fille lui eut téléphoné, elle sentit poindre la douleur familière. En analysant la situation, elle comprit que la relation souvent conflictuelle et pénible qu’elle avait avec sa fille était à l’origine d’une vive colère à son égard. Jusqu’alors, elle n’avait pas voulu reconnaître ces sentiments qui éveillaient en elle une culpabilité. Et quoi de mieux qu’une migraine pour arrêter de penser à ses difficultés. De nombreuses pages d’écriture lui permirent de comprendre le processus de “ fabrication ” de ses symptômes, toujours en relation avec un état de conscience colérique. Elle réussit alors progressivement à lui pardonner et à se pardonner à elle-même en réalisant des exercices de relaxation dans lesquels elle se répétait “ j’ai le droit de m’aimer, d’aimer et d’être aimée. ” Après quelques semaines d’une pratique intensive, ses migraines disparurent définitivement, au même titre que son irritabilité et sa tendance à l’insomnie. Pour les personnes souffrant de migraines, des études montrent que des exercices de relaxation associés à la visualisation donnent d’excellents résultats. Le fait de se représenter mentalement ses artères
cérébrales en train de se resserrer permet à 70 %
des malades d’améliorer leur bien-être et de se passer
de médicaments. (5) 1°) Au moment précis où vous sentez se déclencher un symptôme, il est indispensable de faire un arrêt sur vos images mentales. Notez sur votre carnet ce à quoi vous pensiez juste avant que le symptôme n’apparaisse ? Quelle émotion a été éveillée par cette pensée ? A quel état de conscience vous renvoie cette émotion particulière ? 2°) Entraînez-vous régulièrement à cette technique. Exercez-vous à comprendre vos processus inconscients. Mettez en lumière ce qui se passe en vous. Écrivez régulièrement tout ce qui vous passe par la tête.3°) Reprogrammez-vous. Réalisez
un bref exercice de relaxation en vous focalisant sur l’inverse
de l’état de conscience d’où sont nés
les symptômes. ________________________________________ (1) Rossi E. (1994). Psychobiologie de la guérison. Seuil. 447 p. (2) Wickramasekera I. (1985). A conditioned response model of the placebo effect : predictions from the model, in L. White, B. Tursky & G. Schwartz (Eds.), Placebo, theory, research, and mechanisms. 255-287 p. New York, Guilford. Cité par Rossi E. (1994). Psychobiologie de la guérison. Seuil. 447 p. (3) Goldberg B. (1985). Hypnosis and the immune response. Int. J. Psychosom., 32, 3, 34-36. Hilgard E. & Morgan A. (1975). Heart rate and blood pressure in the study of laboratory pain in man under normal conditions and as influenced by hypnosis. Acta Neurobiologiae Experimentalis. In : E. Hilgard & J. Hilgard, Hypnosis in the relief of pain. Los Altos, California : Kaufman. (4) Calabrese J. R., Kling M. A. & Gold P. W. (1987). Alterations in immunocompetence during stress, bearevement and depression : focus on neuroendocrine regulation. Am. J.Psychiat., 144, 1123-1134. Stein M., Keller S. E. & Schleifer S. J. (1985). Stress and immunomodulation: the role of depression and neuroendocrine function. J. Immunol., 135, 827s-833s. (5) E. Fehse. (11-5-2000). Arte. Théma. L’art de guérir. ZDF. (1999). (Extrait du livre Agir pour sa Santé : Chapitre 16 - L'état de conscience modifié.)
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