MÉDECINE ART OU SCIENCE ?
Chronique de Sylvie Simon
LA MÉDECINE EST-ELLE UN ART OU UNE SCIENCE
?
« Un médecin est un homme
qui verse des drogues qu’il connaît peu dans un corps
qu’il connaît moins », disait Voltaire dans
ses Epigrammes.
La situation n’a pas beaucoup évolué depuis
lors, car le plus crucial problème de la médecine
de notre époque ne réside pas tellement dans le domaine
de la connaissance scientifique mais plutôt dans celui de
l’écoute et de la compréhension du vivant.
Nous avons échangé les médecins humanistes
de la première moitié du XXe siècle contre
de simples techniciens.
Le « bon vieux médecin »,
de ville ou de campagne, qui « rendait visite » aux
familles savait écouter. Il était aussi l’ami,
le conseiller, le confesseur. Il connaissait les antécédents
et l’histoire des malades et de leurs proches, aussi bien
sur le plan de la santé que celui de la psychologie. Souvent,
sa seule parole guérissait et, non seulement il savait guérir,
mais aussi il savait prévenir la maladie.
Hélas, cette sorte de médecins,
comme on en connaissait tant autrefois, a presque entièrement
disparu du paysage médical pour laisser la place à de
simples vendeurs de médicaments, des prescripteurs comme
on les qualifie souvent. Pour eux, il n’y a pas d’individus
mais seulement des maladies répertoriées et pour
chacune d’elles il existe un traitement chimique approprié à cette
maladie plutôt qu’à celui qui la manifeste.
Ainsi, peu à peu, la commercialisation
des produits thérapeutiques chimiques a transformé le
malade en consommateur et le médecin en représentant
de commerce, conditionné par les laboratoires pharmaceutiques
et ignorant bien trop souvent les effets secondaires des médicaments
qu’il ordonne.
Que reste-t-il du patient dans tous cela ?
Il est vrai que le mot patient vient du latin patiens, qui veut dire :
endurant, qui supporte. Le patient a donc par essence une aptitude à supporter
les maux de l’existence avec résignation.
DES SCIENTIFIQUES ET NON DES HUMANISTES.
De nos jours, les étudiants sélectionnés
pour « faire médecine » sont recrutés
dans les sections scientifiques, souvent sur le seul critère
de posséder une bonne mémoire, et on leur demande
surtout d’apprendre par cœur sans jamais poser de questions,
ce qui ne risque pas d’améliorer la situation actuelle.
Quant à la médecine hospitalière,
nombre de patrons ont oublié leurs idéaux primitifs
et entretiennent un rapport de force avec leurs malades. Comme
le disait si bien le Pr Alexandre Minkowski, « le meilleur
moyen de devenir mandarin est d’être fils de mandarin,
ou bien de devenir le valet d’un mandarin ». Il
est évident que dans cette optique, il reste peu de choses
de la médecine d’Hippocrate et qu’il existe
une collusion entre le médecin, la recherche médicale,
les laboratoires et l’argent, tout cela au détriment
des malades.
Ainsi, le rapport privilégié entre
un malade et son médecin, qui repose essentiellement sur
les échanges, disparaît peu à peu. Le médecin
ignore souvent tout de son malade et celui-ci n’ose pas lui
confier ses états d’âme, ses angoisses, et encore
moins lui poser des questions, au risque de s’entendre dire
qu’il serait incapable de comprendre ce qu’il encourt
en étant malade et de quelle façon les médicaments
ordonnés peuvent agir ou ne pas agir sur lui.
Et de toute façon, même si le médecin
cache en lui des vertus humanistes, comment aurait-il le temps
d’écouter son malade lorsqu’il est envoyé d’urgence
chez un inconnu par SOS médecins, ou qu’il participe à la
tournée d’un « patron » à l’hôpital,
faite au pas de course auprès d’un malade dont on
ne connaît que le numéro de lit ou le nom de la pathologie.
Seul subsiste alors le pouvoir du médecin
sans aucune réciprocité. Et le malade reste dans
l’obscurantisme et l’ignorance. Cette ignorance le
cantonne dans un état d’infériorité par
rapport à celui qui « sait », ce dont
la médecine moderne profite largement.
Impressionné par ce « savoir »,
le patient finit par oublier son libre-arbitre, ses propres sensations,
ce que ressent son corps. Il se met de son plein gré sous
la coupe d’un médecin qui ne l’écoute
pas et le fait entrer péremptoirement dans le moule d’une
maladie cataloguée qui détermine le traitement préconisé.
Certains médecins hospitaliers, mandarins
autoritaires, ne cachent pas leurs changements de point de vue
lorsqu’ils sont eux-mêmes malades, et se retrouvent
de l’autre côté de la barrière du pouvoir.
Car, dans ce domaine, il s’agit du problème du pouvoir
médical et de cet abus de pouvoir.
En outre, notre médecine officielle persiste à ignorer
le sens de la maladie perçue comme un langage du corps,
une prise de conscience et une métamorphose qui mènera
ensuite à ce que l’on nomme guérison.
L’origine de la maladie ne réside
jamais dans le corps physique, mais bien dans une partie plus subtile
de l'être, sa « psyché », qui
renferme ses émotions, ses mémoires, enfouies ou
pas, et qui échappera toujours aux investigations « scientifiques » :
examens, dosages et autres. Elle ne peut être découverte
que par l’écoute du patient.
Pour guérir, il faut d’abord décrypter
les causes précises du mal, et définir ce que signifie
la « santé » pour le malade. La médecine
orthodoxe ne tient aucun compte des différences entre les
individus et prescrit un remède standard qui risque d’induire
une iatrogenèse qui peut être pire que le mal.
LE SAVOIR « SCIENTIFIQUE » DES
MÉDECINS
Pour en revenir à l’opinion de
Voltaire sur la médecine, on se demande, de nos jours encore,
si les médecins connaissent bien les drogues qu’ils
prescrivent. On peut en douter lorsqu’on apprend que la plupart
des médecins ne savent même pas ce que contiennent
les vaccins qu’ils recommandent expressément, ou qu’ils
n’ont jamais lu de publications sur les effets secondaires,
parfois effrayants, de certaines drogues qu’ils préconisent.
La plupart d’entre eux sont « informés » par
les laboratoires fabricants. Peut-on être juge et partie
en toute indépendance ? Sûrement pas !
Dès les premières années
de leurs études, avec la caution gouvernementale, les laboratoires
dépensent en moyenne 12 000 euros par an et par médecin
pour orienter sa prescription et assurer sa « formation
médicale continue ». On peut ainsi juger de « l’objectivité » médicale
de ces médecins. En février 2001, la revue médicale
Prescrire dénonçait les sommes vertigineuses dépensées
par les laboratoires pour la promotion des médicaments en
France, soit 16,5 milliards de francs pour la seule année
fiscale 1998, en souhaitant que « les professionnels
de santé réfléchissent sur ces chiffres exorbitants ».
Mais le système est bien installé.
Le poids grandissant de l’industrie pharmaceutique et la
soif intarissable de profits financiers porte atteinte à la
santé des citoyens, car la maladie ne fait plus partie de
la vie et doit être éliminée à grands
coups de chimie.
Par le truchement des médias, on instille puis on entretient la peur
de la maladie chez les citoyens, et cette peur assure la pérennité de
cette dictature médicale.
La France est le pays d’Europe dans lequel
l’état de santé des individus passe souvent
après les intérêts financiers, mais c’est
aussi celui où la contrainte est la plus forte : obligations
vaccinales, non reconnaissance des médecines alternatives,
interdiction pour les médecins de soigner selon « leur âme
et conscience », et interdiction absolue d’utiliser
des médicaments qui n’ont pas reçu leur AMM,
mais qui ont pourtant des milliers de guérisons à leur
actif. L’intérêt du malade et son droit fondamental à la
santé sont ainsi bafoués par le diktat des experts
payés par les lobbies pharmaceutiques et industriels.
On peut juger de l’indépendance
de notre politique de santé lorsqu’on consulte la
plupart des plaquettes « d’informations », émises
par des organismes d’état. Bien trop souvent, on peut
lire au dos de ces « publicités »,
en général en petits caractères, qu’un
laboratoire les a financées. Lorsque ces laboratoires n’hésitent
pas à publier d’énormes hérésies
telles que : « On peut contracter l’hépatite
B par la salive, le baiser, le partage d’objets familiers »,
les pouvoirs publics qui les diffusent deviennent alors les complices
de leurs crimes.
Ainsi, à l’intérieur d’une
plaquette d’information sur la polyarthrite rhumatoïde
publiée par l’Assistance publique a l’usage
des médecins, on peut lire : « Ce manuel
a été réalisé grâce au partenariat
et au soutien de Searle Division Santé de Monsanto ».
On se doute bien que Monsanto, grand pollueur de la planète,
n’a pas aidé financièrement l’Assistance
publique et les hôpitaux de Paris pour l’amour de son
prochain. En effet, on apprend, à la suite de cette annonce,
que le visiteur médical du groupe pourra informer les patients
atteints de cette maladie. Voilà sans aucun doute une information « libre
et éclairée ».
Pour en revenir à l’écoute
du malade, bien peu de médecins prennent le temps de la
pratiquer, soit par ignorance ou par manque d’empathie, soit
par manque de temps. Il est évident que les homéopathes,
les vrais, pas les simples vendeurs de produits homéopathiques,
sont ceux qui la mettent le plus en pratique. Mais, hélas,
de trop nombreux homéopathes ignorent ce qu’est véritablement
l’homéopathie dont le principal instrument de diagnostic
est l’écoute du patient. Il faut donc rester très
vigilant quant au choix du praticien et, dans ce domaine, le bouche à oreille
fonctionne admirablement. Si un homéopathe vous donne une
longue ordonnance et ne vous accorde que quelques minutes d’entretien,
fuyez-le. S’il vous laisse parler abondamment et vous pose
des questions qui vous semblent sans rapport avec votre souffrance,
répondez-lui et faites-lui confiance.
Ces constats nous montrent qu’en médecine
moderne nous sommes confrontés à un dogme qui ne
doit pas être remis en question. Aussi, cette médecine
que les médias et les pouvoirs publics ne cessent de louer
n’est ni un art, ni une science, mais une religion.
Sylvie Simon - Auteur,
journaliste.
Le Mandarin aux pieds nus – Pr Alexandre
Minkovski – Le Seuil
Revue médicale Prescrire - février
2001
Notre médecine
est-elle vraiment la meilleure du monde ?
La décadence
de notre médecine.
MÉDECINE ART OU SCIENCE ?
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